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Quand le rêve est trop beau,
le réveil est brutal.
Et cette chambre à l'allure de paradis déguisé n'aide en rien.

D'après mes parents,
je déraille en ce moment.
Pourtant, je n'ai jamais été aussi bien.

Je ne ressens plus grand chose,
mes membres font leur vie, je fais la mienne.

Le temps s'égraine sur l'horloge d'en
face, parfois la télévision s'éteint toute seule.

Alizée, je t'ai vue descendre d'un
arc-en-ciel.

Si tu savais comme mes rêves sont géniaux.

Je voulais me tirer, mais j'ai changé d'avis.
Je ne me tire plus.

J'ai l'impression de vivre à l'envers,
le soleil se couche quand j'ouvre à peine les yeux et la journée attend patiemment que je sois inconscient pour se pointer.

La rue dans laquelle se trouve l'hôpital est bruyante, les voitures, klaxons, passants se font la guerre.
Mais je n'entends nul part ta voix.
Alors je ne l'aime pas, cette rue.

Il me semble qu'hier j'avais cent ans,
de l'arthrose plein les pattes et des cicatrices qui se réveillaient d'une longue sieste.

Mon corps est douloureux, comme trois ans en arrière.
J'étais dans ce même hôpital, il me semble.
Ou alors, toutes les chambres se ressemblent et je ne sais pas où j'étais.

Je ne me reconnais plus
cependant c'est toujours la même chose.
Toujours ces mêmes troubles, ces mêmes absences qui me pourrissent la vie.

Et quand le médecin me demande si j'ai retrouvé ce que je cherchais, toujours avec un humour dont la qualité ne dépasse pas le bout de ses moustaches,
je lui réponds que
je veux mettre des voiliers dans ma maison.
Pour la rendre un peu plus colorée.

Mais je ne lui dis pas que c'est parce que
je souhaite qu'elle soit
à ton image,
puisque, toi-même,
tu ne veux pas y habiter.

coup de soleil sous nos je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant