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Il en aura fallu du temps
pour te retrouver.
Assise en terrasse, accompagnée de cet homme dont je ne connais le nom.

Inséparables n'est-ce pas ?
Ça me fait vaguement penser à quelque chose.
A quelqu'un.
Quelques-uns.

Alors que tu portes ton verre à tes lèvres
- mon expérience me dit que c'est un Virgin mojito à la framboise -,
ton regard s'électrise.

J'avale ma salive difficilement.
Pourquoi le regardes-tu de cette façon ?
Qu'a-t-il que je n'ai pas ?

Première gorgée:
il apporte sa main à sa bouche et t'observe comme la divinité que tu es.

Seconde gorgée:
sa respiration s'emballe.
Je suis presque sûr qu'il t'imagine, nue, sur du satin.

Troisième gorgée:
il contracte sa mâchoire.
Son corps se prépare pour l'assaut.

Quatrième gorgée:
il n'ose même plus parler.

Cul sec !
L'homme se rassoit finalement dans le fond de son siège.
La tension s'est envolée,
tu contemples ton verre à présent vide,
il s'avance à nouveau.

Ses mains s'approchent de ton visage;
la première, dont les doigts caressent ta joue, se pose délicatement;
la seconde attrape une de tes mèches de cheveux pour la replacer derrière ton oreille.

Il s'approche encore.

L'écart est infime.

C'est désespéré.

Tu lèves les yeux,
humidifies tes lèvres.

Il s'avance toujours.

Puis d'un coup.
C'est le drame.

Vos lèvres se caressent d'abord,
puis se dévorent, impatientes et ennuyées d'uniquement s'effleurer.

Je ressers le livre contre ma poitrine.
Songe à la douceur, tu disais.

J'ai mal.
A l'intérieur ça s'effrite.
Je me transforme en une vieille bâtisse que le vent a trop longtemps maltraitée,
mes dernières fondations s'écroulent.

KO technique.

Chaos technique.

Chaos neurasthénique.

coup de soleil sous nos je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant