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A peine descendus du véhicule, les invités se sont presque tous précipités à l'intérieur, où règne une température largement supérieure à celle de l'extérieur. Je les comprend parfaitement : il faudrait être inconscient pour rester dehors par un froid pareil.

Elizabeth et moi sommes debout dans l'entrée, déjà dans la peau de nos personnages, prêt à les accueillir. Eux aussi ont l'air prêts, motivés. En entrant, n'osant pas avancer plus loin, ils se sont postés dans le même mouvement de chaque côté de la porte pour laisser de la place aux retardataires. Un homme d'une quarantaine d'années, que je reconnais comme étant Bertrand, tape du pied en signe d'impatience. Face à lui, les jumeaux, Romain et Alex, regardent droit devant eux, le regard vide, et hochent tour à tour la tête, comme s'ils étaient en train de communiquer par télépathie et d'acquiescer en entendant ce que l'autre vient de dire. Je tente de trouver un détail qui les différencie. Cela pourrait m'être utile pour la suite, même si je ne sais pour l'instant pas qui est Romain et qui est Alex. En tout cas, bien que je ne les connaisse pas encore, ils me font déjà bien marrer tous les deux, Tic et Tac, avec leurs belles gueules de pigeons – ils ont l'air si naïfs... Tant mieux, ce sera d'autant plus facile de les induire en erreur. Maëlle entre enfin, chargée de deux lourdes valises qu'elle traîne avec peine derrière elle. Je peux enfin refermer la porte et nous couper du froid glacial qui s'engouffrait depuis quelques instants à travers.

J'invite les nouveaux arrivants à se mettre à l'aise, et les guide dans le salon où il s'installent dans trois confortables canapés, dont deux sont disposés de part et d'autre de la cheminée, et le troisième juste en face, avant de passer aux présentations.

— Pour commencer, bienvenue à tous, c'est un plaisir de vous accueillir.

Quelques murmures, « mercis » et sourires assez discrets, à la limite de la timidité pour certains. OK, il va falloir les déstresser un peu. Les mettre à l'aise. J'essaye de prendre une intonation plus chaleureuse, et continue :

— Maintenant que vous êtes rentrés dans ce chalet, oubliez tout de votre vie extérieure, de ce que vous étiez avant. Glissez vous dans la peau de votre nouveau personnage. Vous êtes maintenant tous de célèbres acteurs invités pour quelques jours dans la somptueuse maison de vacances de l'une des plus célèbres actrices au monde : Elizabeth Short.

Je me tourne vers Elizabeth. Elle adresse à nos invités un petit signe de la main et un sourire faussement timide ; et les salue :

— Bonjour à tous ! Et bienvenue...

De nouveau, des murmures, même si cette fois ils ont l'air un peu plus à l'aise. On va bien finir par y arriver. Ce doit être moi qui leur fais peur, ou quelque chose comme ça. Sinon je ne vois pas pourquoi ils auraient répondu à Elizabeth et pas à moi...

Je ne sais pas. On verra bien. Je poursuis comme si de rien n'était :

— Avant de vraiment rentrer dans le vif du sujet, poursuis-je, je crois que des présentations s'imposent. Je vous propose qu'on commence par la droite, et après on tournera dans le sens des aiguilles d'une montre. Ne vous inquiétez pas, pas besoin de parler très longtemps ; juste quelques mots histoire de faire connaissance un peu plus facilement. Je te laisse commencer, dis-je en me tournant vers le garçon à ma droite – Virgile, il me semble.

Chacun se présente à tour de rôle, et tout le monde écoute plus ou moins attentivement – certains n'en n'ont manifestement rien à faire. Elizabeth conclut en nous présentant tous les deux – c'est dingue cette aura qu'elle dégage –, et me laisse continuer :

— OK, parfait ! Maintenant on va pouvoir passer aux choses sérieuses : le déroulement de l'enquête. Je vous l'annonce directement : demain nous ne serons plus que sept personnes vivantes dans ce chalet – toujours dans l'histoire évidemment, personne ne va mourir pour de vrai...

Black DahliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant