Vient ensuite l'heure des interrogatoires. Je ne suis en aucun cas qualifié pour les mener, mais mon rôle d'enquêteur veut que ce soit moi qui m'acquitte de cette tâche. Je dois l'assumer. Jusqu'au bout.
Je me suis installé dans le couloir à l'étage pour pouvoir à la fois interroger chacun des suspects et surveiller ce qui se passe en bas. C'est plus fort que moi, même dans les situations délicates comme celle-là, je ne peux pas m'en empêcher : il faut que je contrôle tout, ou au moins que j'ai l'impression de tout contrôler. Tout le temps.
Je commence par Virgile. C'est lui qui me paraît le plus fragile dans tout le groupe, et je me dis que commencer par lui poser des questions à lui, qui ne m'a pas l'air particulièrement menaçant, voire pas du tout, va me permettre de rôder ma méthode, de la perfectionner.
Après quelques questions générales auxquelles il répond à chaque fois qu'il ne sait pas, je remarque une tension grandissante dans son regard, d'infimes changements d'expressions du visage, comme si ses traits se crispaient. Je saute sur l'occasion et lui fait part de ce constat, lui demandant de me fournir une explication.
Silence. Pendant plusieurs secondes – j'ai réussi à le déstabiliser, il est sur le point de craquer. Jusqu'à ce qu'il se lance :
— C'est moi qui l'ai tuée, avoue-t-il dans un sanglot.
Surprise. Je ne m'attendais absolument pas à ça. Ni à ce que ce soit-lui le coupable, ni à ce qu'il passe de lui même aux aveux. Je n'avais aucune preuve, presque aucun indice, et quasiment aucune certitude. Pourquoi est-ce qu'il s'est trahi lui-même ? Ça n'a pas de sens...
— Tu peux répéter, s'il te plaît ?
Je n'ai rien trouvé de mieux à dire. Pas terrible, quand on a une personne en larmes, au bord de la crise d'hystérie face à soi. Ni pour la réconforter, ni pour la faire avouer. Je sais, mais je n'arrive pas à faire mieux. Moi aussi je perds presque tous mes moyens.
Je mets donc fin à la conversation sans lui en demander plus et lui propose de redescendre dans le salon. Il se lève et part la tête basse.
Je n'arrive toujours pas à y croire. Ce ne peut pas être lui, c'est impossible. Dans le doute, je décide d'interroger quand même le reste des suspects.
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Black Dahlia
Misterio / SuspensoHiver. Dans un chalet perdu au milieu des montagnes, accessible seulement en hélicoptère. L'endroit rêvé pour organiser une murder party. Je ne me suis pas gêné. Pour ce week-end d'inauguration de la firme "Black Dahlia", spécialisée dans les murder...