Derrière la forêt de l'atelier, la lumière hivernale frôle la neige. Mon père se redresse.
<< comment ça c'est passé au lycée ? >>
Me demande t-il.Je lui réponds : << Bien. >>
Il pose la ponceuse et attrape son manteau suspendu à une patère. Je laisse courir ma main sur la table. Le bois est saupoudrer de poussière, mais, en dessous satiné.<< tu es prête ? Me lance t'il.
__ oui. >>
Mon père et moi sortons dans le froid sec et immobile. L'air me brûle les narines dès que j'inspire. Nous attachons nos raquettes et nous marchons en 'es abattant violemment sur la neige durcie. L' ecorce des arbres est couleur touille. Et le soleil desskne des ombres pourpres derrière les troncs. De temps en temps, la lumière envoie vers le ciel un éclat de verre grêlé.
Nous avançons vite, nous faufilons sous les branches des pins, recevons parfois une averse sur la nuque. Mon père me dit << j'ai l'impression d'être un chien qu'on laisse s'ebattre dehors à la fin de la journée. >>
Le calme de la forêt surprend toujours. On dirais un public qui s'était avant un spectacle. Sous le silence, j'entends le bruissement des feuilles mortes, le craquement d'une brindille, la course d'un ruisseau dissimulé par une mince couche de glace. Derrière la forêt, un camion lâche son gémissement caverneux sur la route 89, un avion vrombit en se dirigeant vers Lebanon. Nous suivo s un chemin familier qui se terminera au sommet de la colline, devant un muret de pierre. Il forme trois côtés d'un carré qui entourait jadis la propriété d'un fermier. La maison et la grange ont disparu, il n'en reste que les fondations. Parfois, quand nous arrivons au muret, mon père s'y assied pour fumer une cigarette.
Et cet après midi de mi-décembre, j'ai douze ans. ( j'en ai trente à présent.) j'ignore encore que la puberté est très proche à toute adolescente, allere promener dans les bois avec mon père sera bientôt la dernière chose que j'aurai envie de faire en rentrant de l'école. Mon père et moi avons pris l'habitude de nous balader tous les deux. Il passe trop de temps courbé sur son travail, et je sais qu'il a besoin de sortir. Une fois la table terminée, mon père l'a mettra dans le salon avec les autres meubles qu'il a fabriquer. 14 en deux ans, ce n'est pas très productif, mais il l'a delà de à un certain Sweetser, qui tient la quincaillerie du village. Le mobilier que fabrique mon père est simple, rudimentaire, ce quiui convient tout à fait. La ligne n'est pas vilaine, la finition assez soignée, mais la n'est pas le plus important. L'essentiel, c'est que cette tâche l'occupe et ne ressemble à rien de ce qu'il faisait avant.
Une branche se casse, et me griffe la joue. Le soleil se couche, il nous reste peut être vingt minutes de clarté. Le chemin du retour posé moins de problèmes: il suffit de redescendre, on peut le parcourir en moins de dix minutes. Nous avons donc le temos d'arriver au muret. Quand j'entends le premier cri, je le prend pour un miaulement de chat. Je m'immobilise sous une coûte de pins et tends l'oreille. Il se manifeste de nouveau, vegissement rythmé.
<< Papa ! >>
J'avance d'un pas vers le bruit, mais il cesse aussi soudainement qu'il n'avait commencé. Derrière moi, la neige tombe, martelement étouffé sur la couche durcie.
<< un chat. >>, dit mon père.
Nous abordons la montée, mes pieds se font lourds au bout de mes jambes. Lorsque nous arriverons au sommet, mon père scruter à la lumièreet, s'il estime que nous en avons encore le temps, il s'assiera sur le muret et cherchera des yeux notre maison, minuscule point j'aune derrière 'es arbres, << là, dira-t-il en désignant le bas de la colline. Tu la vois maintenant ? >>
Min père à perdu les kilos accumuléws pendant sa vie sédentaire. Son jean est elimé sur les cuisses et incrusté de sciure rouillée et duveteuse. Il ne se rase que tous les deux jours, et encore. Sa parka est beige tachée d'huile et de graisse et de résine de pin. Il se coupe lui même les cheveux, et ces yeux bleus surprennent toujours. J'avance sur ses traces, toute fière de ne plus avoir de difficultés à le suivre. Par dessus son épaule, il me lance un bonbon werther's que j'attrape au vol. Je retire mes moufles, les coincé sous mon bras et commence à dérouler la cellophane. J'entends alors une portière claquer au loin.
Nous tendons l'oreille, et un moteur s'emballe. Le bruit semble venir du Nord-est de la colline, la où se trouve un motel. Son entrée se situe okus à l'écart du village que la rouge qui mène chez nous. Et nous avons rarement l'occasion de passer de à t. Je sais néanmoins qu'il est la, je l'apprecois parfois à travers les arbres quand nous nous promenons: un bâtiment bas à bardeau rouges, dont les affaires sont plutôt bonnes pendant la saison de ski. Pour la troisième fois, j'entends le cri déchirant, implorant, qui faiblit bientôt, simple frémissement.
<< Ohé ! >> s'écrie mon père.
Chaussé de ces raquettes, il s'élance de son mieux dans sa direction tous les dix pas. Il s'arrête pour s'orienter à l'oreille, je le suis, et le ciel s'assombrit pendant que nous avançons. Mon père sort de sa proche, une lampe électrique et l'allume. << papa ! >> l'affolement monte dans ma poitrine.
Le pinceau de lumière saute sur la neige, au rythme des pas précipités de mon père, qui se met bientôt à le promener d'avant en arrière, de droite à gauche. La lune décolle de l'horizon, compagne de nos recherches.
<< Y a quelqu'un ?! >> lance mon père.
Nous contournins le bas de la pente. La torche vacille, s'éteint. Mon père la secoue pour rétablir le contact des piles. Elle glice de son gant, s'enfonce dans de la neige molle. A côté d'un arbre, et son cône de lumière enseveli produit un effet sinistre. Mon père se penche pour la ramasser, lorsqu'il se redresse, la lueur éclairé du tissu écossais bleu, derrière des arbres.Fin de l'épisode 1.