Brisée

CHAPITRE 12

Je décide d'enfin quitter ma chambre, après une semaine. Il n'y a vraiment personne qui est venu, même pas mon père adoptif. Je commence à croire que personne ne m'aime, peu importe tout ce qu'ils m'ont dit à mon retour. C'est toujours le flou total dans ma tête. J'ai l'impression qu'une porte bloque mes souvenirs et que je n'ai pas la clé. J'ai tenté de la chercher mentalement, mais rien n'y fait. Elle est introuvable.

J'entre dans la salle à manger. Toutes les têtes se tournent vers moi. Bonjour l'accueil. J'aurai dû regarder l'heure avant de sortir. Il fait nuit mais ça doit être l'heure du diner. Je me sers une assiette et vais m'assoir à ma place habituelle. Aucune conversation n'a repris.

Louanne – Dites le tout de suite si je dérange. Je peux partir.

Steve – Ne dit pas n'importe quoi, on est là pour toi.

Je lui lance un regard noire.

Louanne – Personne n'était là cette semaine. Ou peut être que je l'ai oublié. Comme le reste de ma vie.

Je repousse ma chaise et me dirige sur le toit en emportant mon assiette. Au moins ici je ne croise jamais personne. Je m'assois à même le sol et mange en regardant au loin. Je frissonne un peu. J'aurai dû prendre quelque chose pour me couvrir, les nuits se font de plus en plus froide à l'approche de l'automne. Je fini mon assiette et la dépose au sol. Je m'allonge et regarde les étoiles. Finalement ce n'est pas si ennuyeux que ça. Je ferme les yeux, sans pour autant dormir. Je ne dors plus tellement depuis les révélations de Bucky et Steve. Je ne sais toujours pas quoi en penser et ça me rend malade.

La porte du toit s'ouvre, je garde les yeux fermé, espérant que la personne s'en aille mais elle s'approche de moi. Quelqu'un me recouvre d'une couverture et s'assois à mes côtés. J'ouvre les yeux et voit Bucky, son regard rivé sur un point au loin. Je me redresse et son regard rencontre le mien. Je détourne les yeux, en resserrant la couverture autour de moi.

Louanne – Merci.

Bucky – Il n'y a pas de quoi. Stark m'aurai tuer si je t'avais laissé mourir de froid.

Je me tourne vers lui d'un seul coup, un petit sourire aux lèvres.

Louanne – Pourquoi Tony te déteste autant ?

Il me fait un petit sourire en coin.

Bucky – Tu te souviens ?

Louanne – Je crois que c'était notre première vrai conversation.

Je m'approche de lui et pose ma tête sur son épaule, comme durant cette fameuse conversation.

Bucky – Je suis désolé, pour cette semaine. Personne ne savait comment s'y prendre. On pensait juste que tu voulais être seule.

Je ne répond pas. Mes larmes commencent à pointer le bout de leur nez.

Bucky – On devrait rentrer, il commence à faire vraiment froid.

Je ne répond toujours pas. Je n'ai pas l'intension de bouger. Bucky doit le comprendre étant donné qu'il ne bouge pas non plus. Il passe tout de même son bras autour de mes épaules pour me rapprocher de lui.

Bucky –Je peux me décaler si ça te dérange.

Louanne – C'est bon, je suis bien là.

Je l'entend sourire. C'est exactement ce que je lui ai répondu après qu'il m'est dit ça sur un des balcons de la villa. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'y étais mais ça ne doit pas être très important.

Louanne – Je peux dormir avec toi cette nuit ? Je sais que tu ne dors pas quand je ne suis pas là et je ne veux pas dormir seule à cause de mes cauchemars.

Bucky – Je n'osais pas te le demander.

Je me relève et je vais me changer avant de le rejoindre dans sa chambre. Je détails la pièce. Il y plein de petit creux un peu partout sur les murs. C'était vrai. Il frappait dans ses murs quand je n'étais plus là. Je me glisse dans ses draps et attend qu'il sorte de la salle de bain. Je m'endors avant qu'il n'arrive.

Je me réveil en sentant du mouvement à mes côtés. J'ouvre les yeux et voit Bucky se débattre. Je tente de le réveiller en lui parlant doucement.

Louanne - Bucky. Réveil-toi. C'est juste un cauchemar.

Il se redresse d'un seul coup.

Louannne - Tout va bien. Je suis là.

Il ne réagis absolument à ce que je lui dit. Des souvenirs de la première fois qu'on a dormi ensemble me revienne. Je me place à califourchou sur lui et le prend dans mes bras. Il m'enlace, met sa tête sur mon épaule et pleur. Je l'attire un peu plus contre moi le temps qu'il se calme.

Après une dizaine de minutes il me relâche et s'allonge. Il place ses mains sur mes hanches et me tire pour que je me retrouve sur lui.

Louanne - Ça me rappelle vaguement quelque chose.

Il rit et se rendors. J'écoute les battements de son cœur en attendant de trouver le sommeil mais rien y fait. Je n'ai plus envie de dormir. Je me dégage de son emprise et quitte sa chambre. Il doit être encore tôt. Je me dirige vers la cuisine et tombe sur Steve en train de faire du café.

Louanne - Je peux en avoir une tasse ?

Steve - Bien sur. Tiens.

J'attrape la tasse qu'il me tend et m'installe sur le plan de travail. Il n'y a pas de chaise dans la cuisine et je n'ai pas envie de marcher.

Steve - Je suis désolé pour hier soir. Personne ne sait comment agir avec toi. Tu ne te souviens pas de nous, c'est frustrant.

Je lui fait un petit sourire. Je n'ai pensé qu'à moi, à ma perte de mémoire. Je n'ai pas pensé à ce que ressentait les autres, ils m'ont cherché pendant des jours et à mon retour je ne sais même pas comment je m'appelle. Ils essaient tous de m'aider et moi je m'enferme dans ma chambre pour ne pas avoir à subir leur regard rempli de pitié.

Louanne - Je suis désolée. Je sais que ça ne dois pas être facile pour vous tous de me voir comme ça. Mais je ne supporte pas la façon dont vous me regardez. Je ne veux pas de votre pitié.