Chapitre 10 : Léonore - "anxiété"

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anxiété, Pomme

« Là sous ta poitrine, je cogne pour t'abimer

Quand tu me devines, j'essaie de résister

Tu apprends, tu apprendras je sens ton cœur

Tu comprends, tu comprendras comment t'y faire»

          J'ai poussé la porte de son immeuble aux alentours de minuit, lorsque Laura est arrivée prendre la relève. Naël dormait comme un bébé et son expression tranchait avec celle qu'il avait abordée toute la soirée. Rassurée, je l'ai laissé auprès de sa meilleure amie, qui en a pris bien plus soin que moi.

Mon sommeil a alors été de très courte durée. Mon réveil n'a sonné que quelques heures après que j'ai posé ma tête sur mon oreiller douillet. Avec cette faible recharge d'énergie, je me suis rendue à mon rendez-vous hebdomadaire.

Mes paupières sont lourdes lorsque je pénètre dans son bureau. La tête de ma psychologue m'indique qu'elle n'a pas dû beaucoup dormi non plus.

          - Tu n'as pas fermé l'œil de la nuit, n'est-ce pas ?

Notre vie privée n'est pas censée être le centre des discussions qui se tiennent dans l'enceinte de ce cabinet, mais je sais que Laura me le pardonnera. Son meilleur ami compte énormément pour elle. Ce ne doit pas être facile de le voir souffrir. Et, d'après ce que j'ai vu, sa profonde inquiétude est justifiée.

De plus, si la discussion tourne autour des problèmes d'autrui plutôt que des miens... Ça me va.

          - Pas beaucoup... Je déteste le voir comme ça.

Son expression pincée et sa moue chagrinée me pincent le cœur.

J'ai détesté le voir comme ça aussi.

- Il a recommencé après que je suis partie ? demandé-je,  autant par préoccupation que par simple curiosité.

- Je crois qu'une crise a pointé le bout de son nez en plein milieu de la nuit. Mais je n'en sais pas plus parce que cher jeune homme que j'ai retrouvé dans la cuisine, trempé, à 3h30 n'a rien voulu me dire.

Elle soupire, exaspérée par ses cachoteries.

- Comment sait-il qu'il fait une crise et qu'il n'est pas malade ? Elles semblent quand même particulièrement violentes.

J'ai été surprise de voir son état empirer au fur et à mesure. Lorsque Laura m'a contactée pour que je surveille s'il se sentait mal sur le trajet jusqu'à chez lui, je ne m'étais pas imaginée le surveiller toute la soirée combattre ses propres démons. 

- Il a l'habitude. Il reconnaît les symptômes. Il sait pourquoi il ressent ça. Il sait que son corps lutte pour qu'il ne souffre pas trop au quotidien. Finalement, le mois d'avril est la seule période lors de laquelle il peut purger ses sentiments. Comme ça, ils ne viennent pas le perturber le reste de l'année. Je pense que c'est son moyen de lutter.

Un peu comme moi...

Je me garde mes mardis pour moi. Tous les autres jours, je dois empêcher mon inconscient de m'envoyer des messages alarmants hors contexte. Je ne panique pas. Je ne pleure pas. Je garde le sourire. Je reste la Léonore Abril clairvoyante que tout le monde connaît.

Laura aborde à présent un sourire bienveillant, comme si elle parvenait à lire dans mes pensées.

          - Il était perturbé que tu l'aies vu dans cet état.

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