Chapitre 22 : Naël - "Perfect"

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Perfect, Ed Sheeran

« I have faith in what I see

Now I know I have met an angel in person

And she looks perfect

I don't deserve this

You look perfect tonight »

Je fixe impassiblement ma tablette graphique, depuis de longues minutes déjà. Je ne sais pas quoi faire. J'ai déjà recommencé ce dessin des dizaines de fois, mais le résultat ne correspond jamais à mes attentes. Je relis les demandes de l'entreprise concernée à plusieurs reprises pour m'imprégner de leurs exigences :

Un slogan imposant. Une police fine en italique. Des couleurs estivales.  Des ornements discrets.

Ce ne devrait pas être si compliqué.

Nous sommes jeudi et le week-end est encore loin. Je ne peux pas me permettre d'être aussi déconcentré.

Je jette un œil à mon téléphone : il est déjà dix-huit heures. Bientôt, je vais pourrai rentrer chez moi. Au moment où je le repos, il se met à sonner. Le prénom de ma meilleure amie s'affiche sur l'écran. Je fronce les sourcils. Elle ne m'appelle jamais aussi tôt en pleine semaine. Etonné, je l'attrape et décroche.

          - Salut chéri !

Sa voix enjouée m'intrigue.

          - Salut, tout va bien ?

Au ton qu'elle emploie, je serais prêt à parier que tout va bien, mais je préfère vérifier.

          - Oui, très bien. J'ai pris mon après-midi pour faire du shopping.

Dans sa langue, cela signifie que ses derniers patients de la journée ont annulé.

          - Ah, c'est cool !

Je n'ai pas l'air enthousiaste. En effet, je ne comprends pas pourquoi elle m'appelle pour m'annoncer cette nouvelle. Peut-être est-elle déjà bourrée ? Je me chasse rapidement cette idée de la tête : pas à dix-huit heures, tout de même.

          - Naël, ne me dis pas que tu ne sais pas ?

          - Que je ne sais pas quoi ?

Je liste les dates importantes que j'aurais pu omettre, mais rien ne me vient en tête.

          - C'est bientôt ton anniversaire ? j'ironise.

Evidemment, je sais qu'il a eu lieu quelques semaines plus tôt.

Elle prend un air sérieux et son ton devient dur, comme si j'avais commis une grossière erreur :

          - Ah oui, quand même... Chéri, ça ne va pas du tout.

          - Je peux savoir ce qui se passe ? Je dois bosser, là.

Mon projet – vide – me fait les gros yeux.

Laura pousse un profond soupire, désemparée.

          - Allez, crache le morceau. Tu me stresses.

          - Léonore ! Purée, c'est grave.

Mon cœur manque un battement à l'évocation de son prénom et des picotements remontent le long de mon échine. Ma nuque se couvre de chair de poule. Instinctivement, je la recouvre de mes doigts.

Hold My HandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant