Hold My Hand

Chapitre 24 : Naël - "Love"

Love, Nathan Wagner

«So I wrote this song 'cause I'm not good with words

But I know we could make this work

You have my heart, you have my heart

I promise I won't let you feel alone

Though all the world can be so cold

I'll keep you warm, I'll keep you warm

Just let me in »

Pas un jour n'est passé sans que je parle à Léonore. Pas un seul. Oui, je me suis moi-même étonné : ma nature réservée aurait dû engendrer des exceptions. Mais non. Mon téléphone contient une ribambelle de messages échangés avec elle.

Je ne sais pas comment tout cela s'est produit, mais le résultat est bien là : je l'aime bien.

Vraiment bien.

Du genre : j'ai envie de lui raconter le moindre détail de ma journée, débattre avec elle sur n'importe quel sujet d'actualité, aborder des questions philosophiques toute la nuit...

Nous avons même établi un rituel sans le vouloir. Tous les jours, elle m'envoie une photo de son assiette en début de repas. Cela lui permet de se motiver à cuisiner et surtout, à se nourrir correctement. Elle accompagne son message d'un emoji vert si elle l'a terminé sans encombres ou d'un emoji rouge si il y a eu des complications. Elle me dit que mes réactions l'aident à garder son calme et l'ancre dans la réalité. Apparemment, je l'empêche de « trop réfléchir ». C'est, depuis ce jour, le plus beau compliment qu'on ne m'ait jamais fait.

De mon côté, je l'appelle le soir avant d'aller dormir.

Je suis devenu fou.

Je n'aurais jamais imaginé, il y a quelques semaines à peine, passer mes soirées au téléphone. Je ne supportais pas que le combiné soit proche de mon oreille plus d'une minute. Pourtant, aujourd'hui, il n'y a rien de plus apaisant que d'entendre sa voix, le soir, allongé au fond de mon lit.

Une sorte de routine s'est installée naturellement, pour mon plus grand plaisir.

Aucun de nous ne nous met la pression et nous n'avons pas officialisé une quelconque relation. En fait, je ne sais même pas ce qu'elle veut, de son côté. Pour l'instant, la situation me convient et je ne veux pas précipiter les choses en lui mettant la pression.

D'ailleurs, elle me parle souvent de Félix, et je grimace derrière mon écran.

Peut-être n'a-t-elle pas encore tourné la page ?

Peu importe, elle fait une amie formidable.

En parlant du loup, Léonore vient de m'envoyer un message. Assis derrière mon ordinateur, occupé à trier mes mails, je souris.

Voilà l'effet qu'elle me fait.

Il m'arrive souvent de sourire comme un con en fixant mon téléphone. Il y a quelqu'un que cette sensibilité fait rire. Ely passe de plus en plus de temps dans mon bureau, juste pour se foutre de ma gueule. Il y a quelques jours, j'ai été obligé de lui expliquer que Léonore avait adoré le collier, et il m'a tiré les vers du nez jusqu'à apprendre que nous nous parlions sans cesse depuis. Il est presque plus investi dans notre relation que nous deux réunis.

- Bah alors, ton âme-sœur a fait le premier pas cette fois ? Qu'est-ce que c'est ? Un sexto ?

Je souffle sans lâcher des yeux son message.