Chapitre 23 : Léonore - "Apocalypse"

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Apocalypse, Cigarettes After Sex

« Got the music in you, baby, tell me why

You've been locked in here forever and you just can't say goodbye

Kisses on the foreheads of the lovers wrapped in your arms

You've been hiding them in hollowed out pianos left in the dark »

Pour la première fois depuis plus d'un an, l'image que me renvoie le miroir en ce mardi matin ne me répugne pas. Mes joues ont pris des couleurs et les poches sous mes yeux scintillants ont disparu. Je claque la porte sans regretter de ne pas m'être maquillée. Mon pas est léger, mon cœur moins lourd à porter.

Bref, je suis heureuse.

Enfin, je crois ?

Je ne mange pas encore comme une personne lambda et je pense souvent à Félix, mais la vie me paraît moins fade.

C'est le principal.

Laura m'accueille dans son cabinet, la mine radieuse. Après que nous nous sommes installées, elle demande :

          - Est-ce que ça te va si on parle de Naël aujourd'hui ?

L'information prend quelques secondes à parvenir à mon cerveau. Les jambes et les bras croisés, je réfléchis, dubitative.

- Pourquoi parler de Naël ? Je n'ai aucun problème avec lui.

A vrai dire, c'est tout l'inverse.

Ma psychologue s'enfonce dans son siège et penche la tête, m'observant attentivement. Son attitude est louche.

Qu'essaie-t-elle de tirer de cette discussion ?

- Je pense que, si tu creuses ce sujet, tu peux en tirer du positif.

Je me détends et hoche la tête.

          - Qui est Naël pour toi ?

Ma réponse me vient naturellement :

- Une personne avec qui je passe des bons moments et qui m'a épaulée lors de moments plus difficiles.

- Donc c'est une bonne fréquentation ? en déduit-elle.

- Oui. Il ne m'a jamais fait de mal. Il a plein de défaut mais la méchanceté n'en fait pas partie.

- Je vois.

Mais elle le sait déjà. Laura est bien plus proche de lui que je ne le suis. Je l'interroge du regard, sceptique.

- Souvent, quelqu'un qui s'est habitué à des comportements toxiques ne cherche pas à les éviter, parce qu'elle n'arrive plus à les reconnaître, m'explique-t-elle.

Je me renfrogne et fronce les sourcils.

          - Je me suis réveillée. Je ne laisserai plus personne me traiter de la sorte.

- J'ai confiance en toi Léonore. Mais c'est de mon devoir de vérifier si tu en es bel et bien consciente pour t'éviter de replonger. J'ai pris l'exemple de Naël car c'est la seule personne de ton entourage dont tu m'as parlé.

- Je vois. Naël n'est pas à craindre alors.

          -  Tant mieux, réagit-elle. Tu préfères que l'on parle de Félix ? 

Je joue avec la bague enroulée autour de mon index.

          - Je n'ai rien de plus à dire sur lui.

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