La peine de mort, un abus de pouvoir ?
-Par pitiééé ! sanglota le jeune prisonnier en étant tiré dans le couloir de la mort.
Le gardien ne réagit pas et le lança dans une petite pièce, voisine de centaines de cellules remplies.
-Je suis innocent ! continua de supplier le nouvel arrivant avant de s'asseoir dans un coin et pleurer en silence.
Edene, reportrice pour le Concours de l'hiver, soupira, avant de poursuivre son reportage, téléphone à la main.
-Nous sommes dans le couloir de la mort, soit le lieu de détention des condamnés à mort. Ce jeune homme, accusé d'avoir monté un coup d'Etat contre le gouvernement actuel, vient d'être condamné. Est-il coupable ? Selon la Justice oui, selon l'opinion public non.
Elle inspira un bon coup, puis reprit.
-Dans ce pays, la peine de mort punit les meurtres, les sabotages, les tentatives de coups d'Etat, ou encore "Mise en danger du pays", le contenu étant alors rendu secret. On peut se demander si cela ne serait pas un abus du pouvoir pour pouvoir mettre à mort quiconque ...
-Bien sûr que c'est un abus de pouvoir ! râla un homme quelques mètres plus loin.
Edene fronça les sourcils, puis curieuse, avança jusqu'à la cellule d'où provenait la voix.
Un grand homme baraqué assis la vit, et s'expliqua.
-La peine de mort permet au gouvernement de faire disparaitre tous les opposants politiques, si ce n'est pas un abus de pouvoir ...
-Oui, comme les anglais ont fait disparaître William Wallace, éclata en sanglot plus loin un prisonnier.
-Excusez le, il est fan de Braveheart. Mais c'est vrai que c'est un bon exemple historique d'abus de pouvoir : l'Angleterre occupe l'Ecosse. William Wallace et ses écossais se battent pour leur indépendance. Pour que le navire ne coule pas, que fait le gouvernement anglais ? Il capture William Wallace, l'accuse de trahison, et le tue. Abus de pouvoir.
-Comme durant la Première Guerre mondiale, frissonna un autre. Il y a eu plein de fusillades.
-Bien sûr, il fallait bien quelqu'un pour combattre dans les tranchées. Alors comme les soldats refusaient de combattre, l'Etat français en condamne certains en les fusillant pour étouffer la mutinerie. Abus de pouvoir.
-On ne devrait pas pouvoir être tué parce qu'on refuse de suivre l'idéologie de l'Etat, ou qu'on est d'une religion autre que l'officielle ! affirma un autre.
-Prenez l'affaire Calas, au XVII siècle en France. Un protestant voit son fils se suicider. Parce que monsieur est protestant et que la justice est catholique, comme par hasard, il est accusé d'avoir tué son fils, et est mis à mort. Ce n'est que grâce à Voltaire que sa mémoire a été réhabilité. Mais le mal était fait. Lorsqu'on prend la vie de quelqu'un, on ne peut plus la redonner !
-ABUS ! crièrent tous les prisonniers en même temps.
-Parlerons-nous de toutes les erreurs judiciaires ? s'énerva le grand prisonnier, galvanisé par la foule. Combien des nôtres se sont vus exécutés alors qu'ils étaient innocents, parce que la justice s'était trompée ?
-ABUS !
-Qui pensent-ils être pour décider si l'on doit mourir ou non ?! Ils se prennent pour Dieu ?!
-ABUS!
-La peine de mort, c'est l'Hôpital qui se fout de la charité ! On nous punit pour avoir tué, en nous tuant. Ceux qui nous tuent doivent donc être tués !
-ABUS!
-VOS GUEULES ! crièrent les gardiens en tapant de leurs battes sur les barreaux pour les faire taire, les trouvant trop agités.
-Madame, nous allons vous demander de les laisser, sourit poliment une gardienne.
La journaliste acquiesça en se pinçant les lèvres, et les suivit dans leurs bureaux.
Certains surveillaient les prisonniers via caméras de surveillance, tandis que d'autres tentaient d'oublier les cris hystériques des condamnés à mort.
-Cette peine sert à contrôler la population, expliqua alors une gardienne. Les gens en ont peur.
-Sérieusement, tout le monde sait qu'ici il y a encore la peine de mort ! Tu crois que Gérard, qui a tué sa femme et ses enfants, s'en ait privé ? grommela un autre. Je suis contre cette peine barbare.
-Pourquoi laisser une personne qui est dangereuse pour la société, qui tue quand ça lui chante, en vie ? s'offusqua une autre gardienne. Gabriel Fernandez ? Ça vous dit quelque chose ? Ce bambin a été tué par ses parents après avoir été torturé ! Ou Chahinez B qui a été brûlée vivante par son ex ?! Et tous les autres cas d'assassins libérés qui ont récidivé ! Comment peut-on laisser ces personnes en vie ?!
-On peut juste les enfermer à perpétuité, proposa un stagiaire.
-Oh, c'est vrai que c'est bien pratique ça ! rit jaune la gardienne. Et d'où sort l'argent qu'on dépense pour les alimenter, les surveiller ? Des impôts ! Pourquoi des meurtriers devraient être logés gratuitement sans travailler, grâce à l'argent de nos citoyens ? Comment se fait-il que l'on dépense de l'argent pour loger et nourrir des meurtriers, et non pour nourrir et loger les SDF ou migrants qui n'ont rien fait de mal ? Et quand bien même, qui ne tenterait pas de s'enfuir en sachant qu'il est condamné à rester dans une cellule microscopique pour le restant de ses jours ?! La perpétuité rend les prisonniers encore plus violents !
-Alors il faut leur promettre de les relâcher plus tôt s'ils se comportent bien.
-C'est ça, on les relâche, et oh, ils ont encore tué! Quelle tristesse !
-C'est vrai que face à des tueurs d'enfants, d'êtres aimés, ou des serials killer, on se demande pourquoi certains pays ne les mettent pas hors d'état de nuire, continua une autre gardienne.
-Hors d'état de nuire ! s'offusqua un gardien. Mais vous vous entendez ? On parle d'une mise à mort !
-D'une mise à mort de quelqu'un qui est un danger pour la société. Pas pour le gouvernement ! Ca c'est un abus de pouvoir ! Mais lorsque quelqu'un menace l'être humain, oui, je ne vois pas pourquoi on prend le risque de le laisser en vie.
-Maintenant, bien évidemment qu'il faut que la peine de mort soit utilisée seulement lorsqu'on est sûr que la personne est coupable, et parce qu'elle a tuée ou torturée, et non juste parce qu'elle a vendu de l'herbe, conclut l'autre gardienne.
-Conclusion, la peine de mort est un abus de pouvoir lorsque la religion ou l'opinion politique joue, mais lorsqu'il y a un danger pour la société, pas pour le gouvernement mais pour les habitants, ça peut être un mal pour un bien ? demanda la journaliste d'une petite voix.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
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Recueil de petites nouvelles
Historia CortaVous trouverez ici des petites nouvelles ou petits textes que j'écris pour des concours ou pour moi. Chaque chapitre sera une nouvelle individuelle. J'espère que votre lecture vous plaira ! : )