Fille de l'été

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Participation à un concours ( Lauwern )

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Thème : été

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La brise caressait son visage tendu en offrande au vent, soulevant ses mèches dorées. Les yeux fermés, le sourire aux lèvres, elle appréciait la fraicheur du soir chasser la chaleur de la journée.

Elle était magnifique dans sa robe blanche, cintrant une taille et découvrant des épaules sculptés par la natation. Ses mèches -cachant habituellement ses yeux bleus- étaient tressées, dévoilant son visage caramel au soleil couchant.

Une certaine émotion le prit en s'apercevant que lui seul était spectateur de ce tableau bucolique.

Lui seul voyait le soleil se jeter dans la mer, nimbant d'un aura chaleureuse ce visage parfait.

Lui seul sentait la brise soulever le sable et ces cheveux couleur blé.

Lui seul se souviendrait de ce soir d'été, un soir banal et pourtant si parfait.

Il n'y avait pas le moindre embarras quant à ce silence, un moment apaisant après avoir sauté dans les vagues tout l'après-midi. Ils partageaient simplement cet instant, tous les deux, l'un contre l'autre.

« On reconnait l'amour véritable à ce que le silence de l'autre n'est plus un vide à remplir, mais une complicité à respecter »

Était-ce cela ? Connaissait-il l'amour véritable ?

Il ne pouvait s'en faire une raison. Il était le fils de l'hiver, imperturbable comme la glace et glacial comme la neige. Il était le blizzard qu'on redoutait, les plaines figées qu'on admirait mais l'avalanche qu'on fuyait. Son cœur n'était qu'un bloc dur, censé être plus impénétrable qu'une forteresse.

Pourtant, il suffisait qu'elle lui sourit pour qu'il sente ce bloc fondre comme la glace au soleil. Il suffisait d'une taquinerie pour faire battre ce cœur figé. Il suffisait d'une simple caresse pour le retourner.

Elle paraissait si fragile au premier abord, si docile et innocente. Pourtant elle était la fille de l'été, certes joyeuse et pleine d'énergie, mais dangereuse par son intensité. Combien de personnes fondaient au soleil d'été, incapable de se lever de leur transat et victimes de fatigue insoupçonnée ? Elle était comme le soleil, le baignant d'énergie avant de le priver de toutes ses forces et le faire tomber à ses pieds. Il n'était plus qu'un simple bloc de glace fondu, que l'on récupérait à la petite cuillère pour s'abreuver. Lui qui disait non, il suffisait d'une petite moue pour qu'il accepte n'importe quelle activité. Lui qui était toujours calme, il était impatient de la revoir dès qu'il la quittait. Elle l'avait rendu totalement dépendant, ne pouvant plus se passer de sa présence et de sa gaieté.

-A quoi penses-tu ?

Elle le regardait avec tendresse, la tête sur les genoux, son visage tourné vers lui. Ses yeux ne quittaient pas les siens, attendant sa réponse avec un sourire en coin.

-A qui d'autre veux-tu que je pense ? répondit-t-il en s'approchant.

Elle rit quand il la prit dans ses bras, posant son front contre le sien. Ce n'était pas un rire glacial comme les nuits hivernales, mais un rire doux comme ces nuits d'été passées à observer les étoiles. Il n'avait pas besoin de lever les yeux au ciel pour les admirer car elles se trouvaient déjà dans son regard étincelant. .

-Et que pensais-tu de moi ? demanda-t-elle un sourire taquin en coin.

Les yeux plongés dans les siens, il regarda l'âme de cette fille de l'été, promettant des moments chaleureux comme d'autres de tendresse. Il y voyait les journées de plage et les soirées dans une tente à la belle étoile. Il y voyait les promesses de souvenirs heureux qu'avec elle seule il voulait partager.

-Pas grand-chose, juste que tu me plaisais.

Son sourire s'épanouit avant de capturer ses lèvres et arrêter toute cette valse de pensées.

Qu'importe ce qui suivrait, qu'importe si ce n'était que trois mois dans un cycle de douze voué à recommencer, il profiterait de cette fille de l'été qui avait conquis son cœur d'un simple baiser.

Recueil de petites nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant