Chapitre 2

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Toujours recroquevillée sur le lit de ses parents, Sarah fixe la fenêtre, observant l'horizon, regardant les premiers rayons de soleil perçant quelques nuages récalcitrant après cette nuit orageuse. Elle a finalement peu dormi et enchaîné les cigarettes en se débattant avec un tourbillon d'interrogations. Elle préfère attendre avant de partir même si elle sait qu'il est préférable que ses parents ne la trouvent pas ici à leur arrivée. Les heures défilent pourtant et elle ne bouge pas. Inconsciemment, elle sait qu'elle aimerait se confronter à eux pour avoir des réponses.

Au bout de ce qui lui paraît une éternité, elle entend la lourde porte d'entrée claquer. Des voix lui proviennent du salon. Ils semblent être intrigués par sa voiture stationnée devant chez eux, mais également par le bazar qu'ils découvrent au rez-de-chaussée. Leurs pas se font entendre dans les escaliers. Toujours dans la même position, elle continue à fixer le paysage et attend.

— Mais c'est pas possible... Elle a fumé à l'étage, ronchonne sa mère en traversant le couloir. Ah tu es là ! C'est quoi tout ce...

Sa mère s'arrête net en apercevant le tiroir renversé et l'état léthargique de sa fille tant aimée. Sarah décide qu'il est temps pour elle de se redresser. Elle n'arrive pas à parler. Assise au bord du lit, elle lance un regard noir à sa mère qui, les yeux écarquillés, place ses doigts sur ses lèvres pour étouffer un hoquet de surprise. Son père lui fait suite et arbore le même visage horrifié.

La jeune femme se lève, récupérant son portable et ses cigarettes restés sur la table de chevet. Sans les quitter des yeux, elle quitte la pièce, sans dire un mot. Elle ne peut pas les affronter maintenant. La colère domine sur le reste et elle pourrait dire des choses blessantes, qu'elle ne penserait pas, mais qui auraient du mal à être pardonnées. Enfermée dans son mutisme, elle rejoint le rez-de-chaussée et rassemble ses affaires. En se dirigeant, vers la porte d'entrée quelques secondes plus tard, elle entend sa mère :

— Sarah, attends ! lui crie-t-elle.

Sarah s'arrête, mais ne se retourne pas. Le livret de famille à la main, elle passe finalement le pas de la porte.

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La route semble durer une dizaine d'heures. Il ne lui faudra pourtant pas plus de 2 h 30 pour rejoindre son appartement. Comme elle s'en doutait, elle le trouve vide. Ju travaille tard le soir et ne rentrera pas avant plusieurs heures encore. Elle va directement à la salle de bain pour tenter d'oublier tout ça ou du moins d'atténuer son chagrin avec une douche bien chaude.

Les cheveux dégoulinants, elle s'observe longuement dans le miroir. On lui a toujours dit qu'elle ressemblait beaucoup à sa mère. Quelle ironie ! La jeune femme s'épie pour chercher les différentes flagrantes qui existent avec ses parents. Ses cheveux sont châtain comme ses parents. Il n'y avait donc aucun doute à avoir à ce niveau. Appuyant, les mains sur le rebord du lavabo, elle se fixe au travers du miroir. Ses yeux sont gris avec des reflets verts. Elle a toujours adoré ses yeux dont la couleur change en fonction du temps ou des saisons. Elle a un regard perçant tellement différent des yeux noisette de ses deux parents. Elle n'y a jamais prêté attention, mais ce soir, ce détail lui saute aux yeux. Ses traits sont aussi beaucoup plus fins. Elle pensait tenir ça de sa grand-mère, mais maintenant elle sait que c'est faux. Elle sent les larmes monter et ne peut s'empêcher de les laisser couler.

Assise sur son tapis devant son canapé, elle a fini par couper son téléphone qui ne cessait de sonner depuis son départ précipité de chez ses parents. Elle a sorti la bouteille de vodka du congélateur et se sert un shot accompagné d'une dose de caramel. L'alcool lui brûle la gorge mais est adouci par le sucre du sirop. Après 3 ou 4 shots, sa tête appuyée sur le canapé, son regard se perd dans le vide.

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