Chapitre 25

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La nuit tombe tout juste quand Sarah regagne l'appartement. Malgré tout, elle a passé une super journée et Greg a tout fait pour lui changer les idées et tenter de lui faire oublier la confrontation du soir. Elle a beau le retourner dans tous les sens, elle reste persuadée que la conversation qu'elle s'apprête à avoir va être houleuse. Son enquête lui a permis de découvrir le lien qui les unit, expliquant beaucoup de choses. Elle est ravie de cette nouvelle, mais elle est surtout inquiète... Elle ne connait pas son histoire ni les détails du début de sa vie qui, à priori, n'a pas été simple donc même si elle se réjouit d'avoir un frère, elle appréhende de lui annoncer. Tout va sûrement changer.

En rentrant dans le salon, elle trouve Ben sur le canapé collé à son portable. En l'apercevant, il redresse la tête.

— Putain, tu étais où ? Une plombe que j'essaye de te joindre...

Sans prendre la peine de lui répondre, elle préfère se lancer sans réfléchir :

— Je dois connaître ton histoire Ben.

Son colocataire la regarde surpris et reste silencieux, ne comprenant pas le besoin urgent d'avoir cette conversation, mais le regard insistant de la jeune femme et son ton sec le font hésiter.

— Maintenant ? Pourquoi ?

Il se passe nerveusement les doigts dans les cheveux mal à l'aise.

— J'ai besoin de savoir... Je t'ai fait confiance. À toi de me faire confiance, tente-t-elle.

Le jeune homme s'avance à la limite de l'assise, appuyant ses avant-bras sur ses genoux. Il inspire un grand coup.

— Ok... murmure-t-il, peu sûr de lui.

Sarah vient s'installer face à lui et attend qu'il commence enfin son récit. Il semble hésiter, mais finit par se lancer :

— Tu sais... Je suis comme toi en fait.

Sarah ne réagit pas. Elle ne veut pas lui mentir, mais ne veut pas lui montrer qu'elle sait, elle reste donc impassible à le regarder fixement sans intervenir.

— Enfin pas vraiment comme toi... moi aussi j'ai été abandonné à la naissance, mais ça a été plus compliqué. Avec ma malformation cardiaque, je n'ai pas attiré de parents aimants. J'aurai dû, je pense, mais j'imagine que le couple prévu à annuler sa demande quand ils ont découvert mes soucis de santé dés la naissance.

Il se frotte les yeux, soufflant fortement et poursuit :

— Au début je suis restée dans une famille spécialisée dans l'accueil d'enfant malade. Je ne comprendrai jamais comment on peut arriver à faire ça, mais il en faut bien. C'est eux qui ont géré les rendez-vous médicaux et surtout les suivis d'opérations. D'après ce que je sais, j'y suis restée 1 an. Je n'ai aucune trace de cette famille. Ensuite, une fois mon état stabilisé et mes soins terminés, une famille m'a accueilli. Je crois que j'ai dû y être pendant quatre ou cinq ans. J'ai de brefs souvenirs de cette époque et je ne sais pas pourquoi j'ai changé de famille par la suite. Je me souviens ce jour affreux quand les services sociaux sont venus me chercher. J'aimais beaucoup cette famille et je me sentais bien chez eux...

Il fait une pause après ce long monologue. Sarah, sentant l'émotion dans sa voix, vient s'asseoir près de lui pour lui prendre la main. Elle lui caresse la joue tendrement et lui fait un signe de tête pour l'encourager à continuer.

— Une fois passé l'âge de 6 ans, j'ai enchaîné les familles tous les 6 mois, un an... ça dépendait. Je n'étais pourtant pas un cas particulier. Je respectais les règles et je ne poussais jamais les limites. Quand tu rentres dans ce cycle infernal, tu as du mal à en sortir. J'imaginais que peut-être un jour, quelqu'un me garderait... À partir de 16 ans, je suis allée en foyer.

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