Chapitre 9

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Après un peu plus de trente minutes de route, Greg gare enfin la voiture devant une petite maison de ville près du centre. C'est une demeure de type années cinquantes comprenant deux étages, avec une minuscule cour devant, séparée de la rue par un portillon. Sarah tente de réveiller Ben qui ne semble pas décidé à l'accompagner. Elle capitule et descend.

— Je t'accompagne si tu veux, lui propose son chauffeur.

D'un hochement de tête, elle accepte avec plaisir pour ne pas pénétrer dans la maison d'un inconnu, seule. Devant la sonnette, elle a un temps d'hésitation, mais Greg prend les devants en appuyant sur le bouton. Elle le fusille du regard.

— Quoi ? Je te rappelle que je voudrais aller me coucher moi !

Une vieille femme ouvre la porte d'entrée de la demeure et s'approche du portillon avec une démarche lente comme si chaque mouvement lui coûtait. Elle est magnifique, le profil même de la grand-mère que tout le monde aimerait avoir. Les cheveux blancs comme neige, bouclés et brushés, avec un sourire rayonnant.

— Bonjour jeunes gens. Que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour, mon bijoutier a du vous contacter au sujet d'un collier... commence à expliquer Sarah. 

— Ah oui ! Entrez vite ! Mon mari s'attendait bien à vous voir rapidement. 

La vieille dame les fait rentrer et les invite à s'installer dans le salon. Sarah et Greg se regardent, se retenant de rire face à la décoration qui avait surement sa place aux premières pages d'un catalogue de déco à une autre époque. Tout est sombre, les tapisseries sont de véritables tapisseries en tissus, chargées de fleurs mélangées les unes aux autres. Le rouge et le marron sont les couleurs dominantes et assombrissent encore plus la pièce mal éclairée. Sarah trouve cet endroit tout de même chaleureux et s'y sent bien. Leur hôtesse s'absente pour aller prévenir son mari, les laissant seuls un instant.

— Je crois que je vais m'inspirer de leur déco pour refaire mon intérieur, chuchote Greg au creux de l'oreille de la jeune femme.

Elle ne peut s'empêcher de pouffer de rire, mais tente de retenir son amusement à l'arrivée de l'ancien bijoutier. Celui-ci, observe sans retenue la jeune femme, en fronçant les sourcils, comme perdu dans ses pensées. Sarah est gênée par son regard insistant.

— Gregory, souffle son ami en tendant sa main pour se présenter.

Il lui lance un clin d'œil au passage. Sarah comprend qu'il a préféré couper court à cette observation intrusive et le remercie du regard.

— Bonjour ! commence l'ancien bijoutier redevenu plus accueillant. Je suis ravie de vous voir. Quand j'ai été contacté par mon cher ami hier soir tard, j'ai été très touché d'entendre votre histoire. Je vais essayer de vous aider.

— Bonjour, comme vous le savez je cherche à identifier la personne qui a acheté mon collier, il y un peu plus de vingt-huit ans, commence Sarah.

Elle sort la pochette en velours ou le bijoutier a rangé son trésor quelques heures plus tôt. Le vieil homme qui lui fait face pose sa main sur celle de la jeune femme et lui sourit tendrement.

— Je me souviens, dit-il tout bas.

Sarah relève la tête brusquement, étonnée par cette révélation. L'ancien bijoutier la regarde fixement et poursuit :

— Vous lui ressemblez tellement... C'est pour ça que je vous ai dévisagée en entrant, j'en suis désolé. Je vais chercher quelque chose, je reviens.

Il quitte la pièce rapidement laissant Sarah toute émue après sa révélation. Se retrouvant seule avec Greg, elle perd toute contenance et laisse glisser les larmes qui menaçaient de couler.

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