Chapitre 17

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Le lendemain de l'arrivée de Greg à l'appartement, Sarah trouve les deux acolytes endormis sur le canapé après une nuit bien agitée.

Les laissant récupérer leur manque de sommeil, elle regagne sa chambre un café à la main. Il est très tôt, mais elle décide d'appeler Ju comme à son habitude.

— Salut !

— Coucou toi, bien dormi ?

Elle lui raconte l'arrivée soudaine de Greg au milieu de la nuit, mais préfère garder sous silence son installation provisoire au sein de la coloc. Elle ne lui ment pas vraiment... C'est avec lui que Ju a été le plus froid la dernière fois, elle imagine très bien qu'il ne sera pas ravi d'apprendre la nouvelle. Pour seulement une ou deux semaines, ça ne sert à rien de mettre de l'huile sur le feu. Ils discutent un moment. Elle lui fait part de ses idées pour poursuivre ses recherches, mais sans surprise, il ne s'implique pas vraiment dans tout ça. Elle tente ensuite de le questionner sur ces projets en cours. Encore une fois, il est froid et distant. Ils sont coupés toujours et encore par un appel pro de Ju. Sarah ne cache pas son mécontentement.

— Franchement Sarah tu me saoules là, tout le monde ne peut pas se permettre de ne pas travailler pendant trois mois, j'y peux rien, lui lance-t-il sèchement ignorant son autre appel.

— Pardon ?

— Non, mais pfff.... désolé, mais tu sais que je bosse beaucoup. C'est mon job...

— Pourquoi tu veux que je rentre alors ? Pour t'attendre toute la journée enfermée dans l'appart ? lui crache-t-elle sans remords, blessée par ce qu'il vient de lui lancer en pleine figure. Après tout, elle a travaillé sans relâche et économisé  pour s'octroyer ses trois mois. Ce n'est pas comme si elle profitait de l'argent de quelqu'un d'autre.

Il ne répond pas à sa dernière remarque et aucun des deux ne semble décidé à prendre la parole. Un bip insistant indique un double appel à Ju qui s'excuse encore une fois de devoir raccrocher. Sarah ne prend pas la peine de lui dire au revoir et coupe son téléphone.

Cette conversation l'a mise dans une colère noire. Décidément, tout ne tourne pas rond entre eux en ce moment. Tout allait si bien avant son départ. Quoique, avec du recul, il est vrai qu'elle réalise, de plus en plus, que Ju travaille tellement qu'elle passe énormément de temps seule. Elle a toujours trouvé la situation normale, mais depuis son arrivée ici, elle a un doute de s'épanouir vraiment cloitrée dans son appartement ou au travail, car finalement depuis quelques années sa vie ne se limite qu'à ça.

Au bout d'une heure, elle finit par sortir de sa chambre. Elle aperçoit les deux marmottes sur le canapé et le sourire aux lèvres, décide de leur préparer le petit déjeuner. En apercevant les bouteilles éparpillées dans le salon, elle imagine que le réveil va être difficile. Au bout de trente minutes, elle revient de la cuisine avec un plateau surchargé qu'elle dépose sur le peu de place restant sur la table basse. L'odeur alléchante de café a très vite l'effet souhaité. Ils se redressent, enfin ouvrant les yeux difficilement.

— Dure nuit ? rigole-t-elle en les observant émerger.

— Mouais, souffle Ben en souriant. C'est pour nous ? demande-t-il surpris en montrant le plateau.

— Oui, je me suis dit qu'il fallait vous nourrir. Vous n'avez pas été discret cette nuit, ajoute-t-elle.

Les deux amis se lancent un regard complice et se jettent sur le petit déjeuner qui leur fait face.

— Comment as-tu pu imaginer que j'avais envie que tu partes ? rigole Ben en avalant son café d'une traite.

— Bon, on va être trois maintenant si je comprends bien, lance Sarah avec un clin d'œil en direction de Greg.

— Oui, mais c'est provisoire promis ! Juste le temps que... bref... pas longtemps quoi...

— Eh beh on est beau les trois trentenaires... s'amuse Sarah. Vous, vous vous bourrez la gueule en pleine semaine et moi... je crois que j'en aurai besoin... s'amuse-t-elle.

— Eh ! Je te signale qu'on est encore dans la vingtaine donc on peut se le permettre ! On s'encroutera dans deux ans promis ! ajoute Ben.

Sarah est surprise de l'entendre dire ça. Honnêtement, elle était persuadée que tous les deux étaient plus âgés qu'elle, mais peut-être pas finalement. Le plateau, tout juste préparé, est très vite vidé sous le regard amusé de Sarah. Une idée passe par la tête de la jeune femme :

— Je vous emmène à la plage ?

— Quoi? maintenant ? s'étonne Greg.

— Oui, j'ai envie de bouger là et je pense que je peux mettre mes recherches de côtés aujourd'hui.

— Carrément ! disent-ils en chœur.

Les trois colocs partent donc dans l'heure pour la côte. Située à seulement une trentaine de minutes de chez eux, ils auront largement le temps d'en profiter et de revenir pour préparer le repas du mercredi. Une fois sur place, ils profitent de cette magnifique journée qui s'offre à eux. Ils passent un long moment allongé sur leur serviette sous les premiers rayons de soleil de la saison. La plage n'est que peu fréquentée à cette époque de l'année. Les vacances d'été ne débuteront que dans quelques semaines, seuls les habitants de la région se promènent, pour le moment, sur les plages désertes.

— Je crois que je sais comment trouver des infos sur ma mère... intervient Sarah, réveillant les garçons de leur semi-sommeil.

— Tu ne lâches jamais, hein ? lui lance Greg amusé.

Sarah confirme d'un hochement de tête. Il rigole et la questionne enfin :

— Et donc ?

— Je pense que je vais commencer par chercher si quelqu'un ne connaissait pas Christelle en ville. Une rouquine c'est rare, ça marque... Et puis, je me dis que j'ai peut-être une chance de trouver des réponses au lycée du coin. Il n'y a qu'un lycée, j'imagine qu'ils ont dû y passer. Je ne sais pas encore comment, mais faut que je trouve les photos de classe de cette année là..

— Pas mal... Finalement, t'as peut-être raison de ne pas lâcher, dit Ben. Ce sont de bons points de départ à mon avis. On t'aidera si t'as besoin, tu sais.

Après avoir déjeuné sur le bord de mer, les trois complices reviennent enfin à l'appartement pour préparer le repas du mercredi soir. Ben se jette dans la salle de bain en arrivant, pour être sûr d'avoir le maximum d'eau chaude. Sarah récupère son téléphone qu'elle avait abandonné sur la table basse et voit que Ju a essayé de la joindre à plusieurs reprises. Le portable en main, elle reçoit un dernier message :

« Je ne voulais pas être désagréable ce matin, je t'aime Ju ».

Sans prendre la peine de répondre, elle souffle bruyamment et jette son téléphone sur le canapé sans trop de précautions. Greg qui a assisté à la scène la questionne du regard, relevant un sourcil en attendant sa réponse.

— Rien, prise de tête avec Ju.

— Tu devrais l'appeler... non ? lui conseille-t-il.

— Non c'est bon... Il m'a énervé là. Et puis il doit bosser comme d'hab... Bon on le fait ce repas ?

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