De feu, de glace et de plastique / Tome 2: Rouge glace

Le protecteur

         J'ai péniblement atteint Hyverpoule après une dizaine de journées. De terribles journées (et des nuits) à m'enfoncer dans le sol flasque de ces contrées désertes. Parfois, une âme charitable me prenait dans son chariot avant de réduire la fatigue qui s'accumulait dans chaque fibre de mes muscles. Je suis pourtant persuadé que l'un d'entre eux s'est joué de moi et m'a mené sur une fausse piste. Mais, l'avantage de cette mésaventure, c'est que j'ai réellement l'air d'un touriste égaré. Ma couverture n'en sera que plus simple à préserver.
        Des quelques conversations hasardeuses que j'ai pu avoir, la Cité des Horloges était dans la direction opposée à la mienne mais, aux dires des habitants, c'est une destination bien trop dangereuse pour un touriste de toute façon. Et, si jamais le goût de l'aventure me chatouillait les entrailles, une caravane passerait dans la semaine en direction de Victoria. Quelle aubaine pour un jeune homme de ma trempe qui désire tant voir la Grande Ulster et toutes ses coutumes.

                                                                                           * * * * *

         Nous entrons dans le mois du Bois, le treizième mois de Pourparlers avec le IVeme Reich et rien ne semble évoluer. On aurait pu l'espérer pourtant, ces scums attendent rarement plus de quelques semaines pour commencer à raser le camp adverse mais on arrive presque à la fin d'une année de négociation pour préserver une "paix fragile". Je pense que ce sont juste des mauviettes trop écoutées. Les habitants du Continent sont tellement lâches qu'ils cèdent le moindre lopin de territoire à ces erreurs de l'évolution.
       D'après ce que j'ai compris de leurs baragouinages, ils voudraient s'approprier Copperhenge et d'autres "Grands artefacts" soit disant ésotériques. S'ils savaient à quoi sert réellement Copperhenge et ce que ses habitants s'amusent à faire aux personnes qui s'en approchent de trop près. C'est l'une des raisons pour laquelle la reine m'a chargé d'inspecter les zones à risques susceptibles d'attirer leur attention. La prochaine étape de mon périple est Brats-Hords puis je rallierai Hyverpoule et Beauttingham avant de revenir auprès de Sa Majesté.
      Ce qu'ils ne se doutent pas, c'est que même en mon absence, le moindre pavé contenu à l'intérieur des remparts reste sous ma surveillance la plus attentive.

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         Je n'ai séjourné à l'hôtel que quatre nuits avant que la caravane ne s'arrête aux abords de la ville. Le tavernier qui travaillait en face était parvenu à m'ajouter sur la liste (non sans graisser quelques pattes) pour le prochain départ. Bien que les soldats chargés de contrôler les cargaisons acheminées beuglaient, mon allié a prétexté une denrée de valeur qui devait rester en mon unique protection pour les faire taire. Ce petit contretemps m'a valu d'être placé dans une diligence avec un seul autre passager : un homme qui dissimulait son identité sous un masque métallique et que les hommes armés semblaient craindre.

      "Ne me posez pas la moindre question. Ni sur mon nom, ni sur mon masque et encore moins sur la raison de ma présence. Ne regardez ni mon attirail, ni mon armement. Il s'arrête un instant. En fait, ignorez ma simple présence comme si votre vie en dépendait.
- C'est compris, je réponds en prenant soin de lui dissimuler mon regard. Mr le Protect-"

      Je n'ai pas le moindre souvenir après être entré, juste que le parfum de la Mort d'Iroise m'a réveillé peu avant d'arriver à Victoria.