NOTES DE COEUR [ERWIN]

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Musique d'ambiance : Levi's Pain [yt : omake-pfadlib (levi's pain) slowed + reverb]

LA NOBLESSE DES SENTIMENTS

V. NOTES DE CŒUR.

Erwin est en train de traverser le couloir en direction de son bureau lorsqu'une note s'élève dans les airs. Ce son, long et vibrant, brise le silence seulement rompu par la pluie qui frappe contre les carreaux. C'est un son si soudain et inattendu qu'Erwin ralentit l'allure et relève la tête de ses papiers, intrigué.

Une seconde note, suivit de plusieurs autres, se propagent ensuite dans tout le bâtiment.

Cette fois, le Major s'arrête complètement pour mieux écouter, médusé. Il reconnaît le son caractéristique des marteaux qui frappent les cordes. Il en connaît la nature parce qu'il a déjà écouté jouer de cet instrument, mais il est surpris de découvrir seulement maintenant que la forteresse en est doté d'un.

Les notes s'enchaînent désormais, entamant un morceau qui lui est par contre inconnu mais somptueux.

Le rythme est lent et doux.

C'est si beau... Et si triste à la fois.

Erwin ne saurait dire comment ou pourquoi, mais il y a quelque chose de tragique dans cet air, un quelque chose qui le bouleverse entièrement.

Comme si toute la peine et la souffrance de son auteur se déversait dans ces accords.

Une lamentation ?

Erwin cesse un instant de respirer. Il y a quelqu'un, quelque part en haut, en train de jouer d'une manière si exquise, si poignante, que cela le touche en plein cœur.

Et il ne saurait dire, parmi les explorateurs, lequel est capable de jouer une telle mélodie.

Le grand blond ne résiste pas longtemps. Il se dirige vers les escaliers, monte les marches deux par deux et presse le pas, guidé uniquement par cette petite voix qui semble appeler à l'aide.

Il arrive au troisième étage et se rend compte qu'il n'y a jamais mis les pieds avant. La forteresse comporte beaucoup de pièces inoccupées, mais le bataillon n'en a pas l'utilité. Cet espace a été laissé aux fantômes du passé. Mais, étrangement, aucune trace de poussière ne recouvre cette partie du bâtiment.

La moquette rouge sombre, usée par le temps mais propre, atténue le bruit de ses pas alors qu'il se rapproche de la source du bruit.

Là, au bout du couloir, se trouve une porte entrouverte, d'où s'échappe la mélodie.

Erwin peut entendre les battements de son cœur accélérer et sa gorge se nouer alors qu'il s'apprête à jeter un œil à l'intérieur.

Ces yeux clairs s'agrandissent et sa bouche s'entrouvre légèrement sous la surprise.

Au centre d'une grande pièce entièrement vide se dresse un somptueux piano à queue en bois verni.

Il paraît imposant, ou bien c'est l'immensité du vide l'entourant qui fait paraître le musicien si petit et si fragile.

Dans la pénombre, éclairé uniquement par les grandes fenêtres qui laissent passer la faible lumière émanant du ciel obscur, l'homme qui se livre à l'instrument semble être dans un état second.

La transe du musicien ?

Erwin l'observe avec attention en silence, n'osant pas interrompre ce moment si particulier.

Car Levi, penché au dessus du clavier, ne semble pas l'avoir aperçu, tout absorbé par son activité.

Ses longs doigts fins survolent les touches de façon gracile et fluide, dans une chorégraphie parfaitement maîtrisée.

La Noblesse des Sentiments [EruRi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant