A LA FIN... [LEVI]

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LA NOBLESSE DES SENTIMENTS

X. A LA FIN...

Cette saloperie de monde est d'une cruauté sans pareille.

Ne vivons-nous que pour souffrir ? A quoi bon continuer à se battre quand il n'y a plus personne à protéger ?

Tous ces efforts me paraissent vains, si c'est pour que je sois le seul à voir ce futur -en admettant que la victoire soit nôtre. Je trime pas comme un fou pour mon propre compte. Si j'ai rejoins les explorateurs, c'est pour que tu gagnes cette liberté, toi et les autres...

Je ne me suis jamais senti aussi seul qu'aujourd'hui.

Et tout ça, c'est d'ta faute, Erwin...

Ouais, je devrais t'en vouloir, si je t'avais tué comme je m'étais juré de le faire à l'époque, ma vie aurait peut-être pas été si compliquée...

j'serai pas là à me morfondre, devant cette stèle.

Cette putain de stèle.

J'aimerai pouvoir te dire tout ce que j'ai sur le cœur... Mais j'peux pas. J'ai pas les mots. J'ai jamais été doué pour ça. Toi, ils te venaient si facilement... J'sais pas où t'allais les chercher franchement. Mais intérieurement, ça me faisait sourire, parfois.

M'en veux pas... C'est juste que... Tu me manques.

Ton sourire me manque.

Ton rire, aussi.

Il résonne encore dans ma tête.

Mais ça aussi, ça finira par s'estomper, tôt ou tard, que je le veuille ou non.

Tes yeux par contre...

J'aimerai que ton regard cesse de me hanter. La douleur est toujours là, au fond de mon être, lancinante et sournoise. J'ai beau essayer de l'enfouir profondément, elle ne cesse de remonter à la surface pour torturer mon âme, de jour comme de nuit.

Si je pouvais oublier...

Le goût métallique du sang. L'odeur de la mort, répugnante, insupportable. Et la vue de ton corps sans vie. Ça me retourne les trippes à chaque fois que j'y repense.

Oui, j'aimerai oublier, et tourner la page une bonne fois pour toute...

Mais ça aussi je le refuse, car ça voudrait dire faire une croix sur les souvenirs heureux qu'on a partagé. Il sont peu nombreux mais si précieux...

Je ne peux pas effacer aussi simplement mon passé à tes côtés, c'est toi qui a en partie forgé la personne que je suis désormais. Renier ton existence, se serait renier tout ce que je suis. Sans toi... J'serai sans doute pas monté à la surface, j'aurai jamais intégrer le bataillon et me serai pas autant mis à contribution pour une cause aussi grande et aussi folle.

Cette cause à laquelle tu as cru, et qui est aussi devenue la mienne.

Je te promets de faire mon possible pour qu'un jour, ces Murs n'aient plus de raison d'exister.

Pour toi, pour eux.

Je veux, le jour où je rendrai mon dernier souffle et viendrai te rejoindre, que tu sois fier de ce que j'ai accompli.

J'ai pas les épaules bien larges, alors tout ce poids est lourd à porter. Mais je tiens bon, comme je l'ai toujours fait. Même si je suis fatigué.

Je t'en fais la promesse.

Alors que je contemple sans le voir ta stèle, un autre poids vient s'ajouter sur mon épaule gauche, me faisant légèrement vaciller. Mais ce poids-là est bien réel et me fait revenir sur terre. La main qui me tient et me presse doucement me rappelle à l'ordre. Il faut pas que j'me laisse aller. Je suis pas tout seul. Si j'abandonne maintenant, ta mort aura été vaine. Et ça, c'est inconcevable.

Je sens mes forces et ma volonté redevenir dur comme fer alors que mon regard se tourne vers Erwin qui m'observe avec ses grands yeux bleus emplis de compassion et de bienveillance.

Avec cette grande perche pour me montrer la voix à suivre, je me sens capable de tout.

Sa présence à mes côtés me suffit pour que je reprenne courage. J'ai l'impression de puiser ma force dans la sienne, inébranlable. S'il peut garder la tête haute et avancer, alors moi aussi.

Il incline légèrement la tête et j'acquiesce avant de m'avancer vers la stèle, d'un pas assuré. Sa main glisse de mon épaule pour retomber le long de son corps. Je sens son regard sur moi tandis que je pose un genou à terre.

Ma main vient frôler les gravures dans la pierre tandis que je dépose le bouquet de chrysanthèmes au pied de la stèle.

J'espère que, où que tu te trouves, tu reposes en paix maintenant.

Puisses-tu voler aussi librement qu'un oiseau dans le ciel.

~*o*Chrysanthème*o*~

Deuil, immortalité.

et la stèle appartient à... à découvrir au chapitre XI.

 à découvrir au chapitre XI

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La Noblesse des Sentiments [EruRi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant