•Chapitre 1•

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Ses pieds ne cessaient de brutaliser les feuilles mortes, ses doigts de pieds accrochant des brindilles qui se collaient par la suite sur ses talons, il titubait, boitait, il avait mal. Tout son corps lui criait de s'arrêter, ses muscles le suppliant de se reposer, il était déraisonnable, seul et frigorifié, même ses mains qui encerclaient ses coudes pour tenter de maintenir une certaine chaleur dans le creux de son ventre ne l'aidait plus. Seules la pluie et sa mâchoire tremblante perturbaient un potentiel silence de mort à travers ces arbres qui l'entouraient, le dominaient. Il sanglotait parfois en traînant sa patte folle qui le lançait chaque fois que son poids pesait dessus, il se sentait si lourd, il ne savait même pas où il allait, où il avait été emporté et où le chercher, il avait peur de comment il allait le retrouver, où il le retrouverait mais il partait tout de même à sa recherche, déterminé à rester tous les deux quoi qu'il arrive. Il slalommait aveuglément entre les troncs ruisselant de petites gouttelettes, ses épaules venant parfois s'égratigner contre des écorces qui ne cédaient pas sous son poids en perdant l'équilibre, lui rappelant que ce n'était pas un rêve, que son corps meurtri n'était pas le fruit de son imagination, que son dos brûlant et picotant chaque fois que la pluie le touchait était bel et bien un cauchemar éveillé dont il ne se réveillerait pas. Il n'était même pas là pour le rassurer, lui promettre qu'ils s'en sortiraient, qu'il n'avait pas à s'en faire. Parce qu'ils avaient été séparés.
Cette fatalité eût raison de sa force et ses genoux lâchèrent, ses mains heurtant presque aussitôt le sol glacé, des brindilles lui piquant involontairement la peau qu'il avait l'impression d'à peine sentir à côté de son dos. Incapable de reprendre son souffle, sa tête tournait, ses coudes lâchaient, son nez tapait la terre collante par la pluie, et un nouveau sanglot lui bloquait l'arrivée de l'air présent autour de lui, il suffoquait et ça lui faisait tout drôle, il n'avait jamais expérimenté une telle chose et il aurait aimé ne jamais avoir eut à le faire. Il l'avait perdu, il se retrouvait seul dans un endroit totalement inconnu, il avait mal, il se sentait impuissant et incomplet. C'était le mot, il était incomplet. Il avait bien tout perdu à ce moment là. Son corps s'effondrait lourdement sur les feuilles fraîches, ses muscles tressaillant de manière incessante, ses poumons en constante recherche d'air. Il n'entendit même pas des pas s'approcher et des voix s'élever ça et là tandis que ses paupières se fermaient d'elles-mêmes. Il savait que les voix étaient plus fortes, qu'on le touchait, le retournait sur le dos, mais il était maintenant incapable de bouger, il se sentait si loin, comme s'il était spectateur aveugle de ce qu'il se passait, de ce qu'ils faisaient de lui.

"- Il est viv...

- Appel.. vit...

- On doit... depe... du nerf... un deux... douce..."

Impossible d'entendre distinctement ce qu'ils disaient, impossible de déterminer à qui appartenait ces voix, il n'en connaissait aucune. C'était étrange, il se sentait bizarre mais pas en danger, pourtant son instinct lui hurlait que c'était n'était pas normal. Mais qu'est-ce qui n'était pas normal ? Puis il n'eut plus si froid, ses oreilles ne bourdonnaient plus, c'était si reposant et pourtant il était incapable de se détendre, ses muscles restaient contractés, certains tremblant douloureusement. Enfin, sa tête cessa de tourner, sa gorge le brûlait affreusement tandis qu'il sentait quelque chose d'inconnu passer à travers, indolore et non solide. De nombreux bruits se faisaient entendre, des plus forts que d'autres, des voix parlaient de choses qu'il ne comprenait pas, comme si la langue lui était inconnue, il sentait la chaleur revenir dans son corps petit à petit, était-il là ? Était-ce lui qui le réchauffait ? L'avait-il retrouver ? Il aurait tant voulu ouvrir les yeux pour constater qu'il était bien présent mais son enveloppe corporelle ne répondait pas plus que précédemment. Il sentait son corps être secoué par moment, quelque chose lui touchait la gorge parfois ou se posait sur son front, c'était tiède et rassurant mais c'était de loin désagréable, sec et collant, intérieurement il grimaçait. Cela dura un moment, et peu à peu il s'était senti denouveau présent dans son corps, son écoute était plus attentive, ses sens fonctionnels mais bouger la moindre partie de son corps était un defi bien trop élevé pour le moment.

Déchu   -- HeewonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant