•Chapitre 9•

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Il était venu le lendemain à la bibliothèque, le livre terminé en main, pénétrant dans la pièce timidement après avoir vérifié qu'elle était en effet ouverte, découvrant l'endroit pratiquement désert au vue de la pause déjeuner qui avait débuté depuis une bonne demi-heure déjà. Il avait attendu Riki dès que la sonnerie avait retentit mais il ne semblait au premier abord jamais sortir de sa classe et en voyant le professeur fermé la porte à clé, il lui avait demandé où pouvait-il être, il n'avait eu qu'un "il est allé à l'infirmerie". N'ayant aucune idée d'où elle se trouvait, il avait préféré attendre en bas des escaliers comme les dernières fois où le plus jeune l'avait attendu mais il n'était jamais apparu, il avait donc supposé qu'il était parti pour de bonnes raisons. S'il le croiserait il lui demanderait. Puis étrangement il n'avait pas vraiment faim aujourd'hui, il se trouvait donc avec pas mal de temps devant lui, autant le rentabilisé. Il aperçut rapidement la bibliothécaire assise à son bureau à lire un livre d'une couverture complètement différente de celui qu'il tenait contre sa poitrine, les couleurs flashys et le titre marqué en énormes lettres roses sautaient aux yeux du jeune homme qui se demandait ce que pouvait contenir les pages. Une fourchette en main, elle tâtonnait sa salade sur sa gauche, devant son ordinateur et son clavier, sans décrocher ses yeux de sa lecture qui paraissait plus que passionné au vu de son ratage de bouche, la sortant que peu de temps de sa concentration pour regarder sa nourriture, perplexe. Il s'était raclé la bouche pour attirer son attention, ne l'ayant pas remarqué malgré le fait qu'il était pratiquement collé au bureau, elle avait a peine levé le regard sur lui, récupérer le bouquin avec un pauvre "c'est bon tu peux y aller". Encore vingt-cinq minutes à tuer, et il n'avait plus de but pour les combler. C'était donc pour cela qu'il se retrouvait entre deux nouvelles bibliothèques où les étagères pleines à craquer l'impressionneraient toujours, passant ses doigts distraitement sur les dos de matières différentes, encore peu inspirées pour un prendre un et le feuilleter. Peut-être devrait-il s'y intéresser, Roméo et Juliette l'avait pas mal intrigué, ayant trouvé l'histoire touchante et émouvante, quand il n'avait pas réussi à dormir c'était à ça qu'il pensait. Il s'était longuement dit que la décision de Juliette était un peu extrême, peu certain que ce soit effectivement la bonne solution pour se libérer de sa famille, et en effet ce n'était pas ce qui l'avait réuni à Roméo. Son esprit avait ainsi de suite vagabonder jusqu'à se trouver à la même question qui le tourmentait : est-ce que quelqu'un l'attendait quelque part ? Le nom Jake était encore apparu dans son esprit, il avait tenté de le murmurer, seul dans le noir pour voir ce que ça faisait, c'était un sentiment bizarre, c'était tellement familier et pourtant c'était comme s'il le prononçait souvent. Sûrement devait-il rencontrer de nouvelles personnes régulièrement, et son de famille alors ? Kim Jake ? Non ça ne lui disait rien. Park Jake ? Définitivement pas. C'était comme si le prénom venait isolé, qu'il se suffisait à lui seul. Il avait aussi regardé le plafond, imaginant une forme humaine, en tentant d'utiliser différents tons, celui qui lui faisait grincer des dents était le colérique, ça sonnait un peu faux sans sa bouche. En bref, il n'était même pas plus avancé qu'avant, ça devait juste de plus en plus familier.
        Son regard s'arrêtait sur un titre dont le début était "Jack", son index cachant le reste. "Jack et le haricot magique". Il soupirait, ça allait tourner à l'obsession si dès qu'il apercevait un "ja" il restait planté comme si son système riboutait.

"- Tu trouves ton bonheur ?"

      Sursautant, il s'éloignait de l'étagère comme si elle l'avait brûlé, tournant son attention sur la provenance de la voix. C'était lui, dans son uniforme, la cravate parfaitement repassée et bloqué sous son petit veston brun, caché d'une veste d'un bleu similaire à la couleur de son pantalon, même ses petites lunettes rondes sur le haut de son nez laissaient voir des verres plus que propres, comme si elles étaient neuves. Il fit automatiquement paniqué le jeune homme qui laissait ses mains s'essuyer de nervosité sur sa chemise, détournant le regard de panique, les joues légèrement chaude d'un début de honte d'avoir eu si peur pour rien.

Déchu   -- HeewonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant