Déchu -- Heewon

-Chapitre 22-

"- Oui, je reviens bientôt, ne t'inquiète pas."

             Heeseung était parti quelques instants, le temps de laisser Jungwon passer un appel. Il avait presque supplié le garçon de le laisser parler à sa tante. Ce n'était pas grâce à son téléphone, complètement explosé de ses derniers jours, mais par celui rouge de la petite maisonnée qui fonctionnait miraculeusement encore. Il ne lui avait accordé qu'un appel, et de toutes façon il n'avait pas besoin de plus. Il s'était empressé de composer le numéro de tante Mi, qu'il connaissait par cœur, priant de toutes ses forces pour qu'elle réponde à un numéro inconnu. Le son de sa voix avait d'abord fait beuguer l'humain qui ne s'était pas rendu compte qu'il avait s'était arrêté de respirer. En fait, elle semblait épuisée et un peu boulversé. Ses premiers mots n'avaient pas été "allô" ou "c'est moi", comme il aurait dit d'habitude. Non, ça avait été "je vais bien" dans l'expiration qu'il avait eût avant qu'elle ne raccroche. L'entendre lui avait fait remarquer à quel point elle lui manquait et combien il aimerait la revoir comme s'il n'était pas parti sans nouvelles du jour au lendemain. Évidemment qu'elle s'était affolé en lui demandant si c'était bien lui, s'il allait bien, où est-ce qu'il était et s'il avait besoin d'aide. L'énergie avec laquelle elle parlait le fit sourire, c'était bien sa tatie ça. Il n'avait pas fait un long monologue, il avait juste dit "Heeseung est de retour, j'avais besoin de temps un peu seul avec lui", ce qui n'était pas entièrement faux. Elle lui avait demandé s'il était allé quand même à son examin et s'il l'avait réussi. Ça lui avait fait pincer les lèvres. Elle venait du lui confirmer qu'il l'avait bien loupé et qu'il ne pourrait pas avoir son diplôme. Il s'était excusé une centaine de fois pour cela, il savait à quel point l'obtention de cet examin et son avenir était important et combien elle voulait qu'il réussisse pour qu'il puisse avoir une vie confortable derrière. Il avait eût peur qu'elle ne lui dise qu'elle était déçu de lui, qu'elle ne comprenait pas ce qui lui passait par la tête alors qu'il savait que c'était si important. Mais ce fût tout l'inverse qu'elle lui dit. En fait, elle lui avouait sincèrement qu'elle se fichait pas mal de cet examin et des universités, que de toutes façons il n'en avait pas besoin, mais que sa priorité à elle était de savoir s'il allait bien et s'il rentrerait à la maison un jour. C'était dans ses plans de rentrer. Dieu savait à quel point il voulait lui parler de ses parents, que les voir lui avait un bien fou et qu'il avait donné leurs accords pour une union entre l'ange et lui. Mais comment justifier qu'il les avaient vu ? Comment lui dire qu'il avait frôler la mort, deux fois, mais qu'apparemment son heure n'était pas tout à fait arrivé ? Que la trace dans sa chambre n'était pas une bougie qui avait versé ses cendres sur le tapis mais que ce n'était qu'un traqueur qu'Heeseung avait tué parce qu'il voulait lui faire la peau ? Si Jungwon avait une santé mentale plus ou moins d'enfer face à ça, ça ne serait sûrement pas le cas de sa tante. Et l'affolé ne servirait à rien.
         Elle lui avait demandé s'il mangeait bien, s'il dormait bien. Son dernier repas avait été une sorte de pizza en conserve immonde mais encore comestible qu'il avait partagé avec l'immortel avant qu'il ne sorte de la maison pour que Jungwon passe son coup de fil. Et ils dormaient à moitié, trop sur leurs gardes pour complètement fermé l'œil de la nuit. Mais il mentait, il ne voulait pas l'inquiéter plus que ça. Il avait prétexté qu'ils étaient dans la maison secondaire des parents du garçon à l'autre bout du pays et, même si elle avait essayé de savoir où, il n'avait pas précisé la ville. Au bout de dix minutes de discussion, Jungwon lui avait promis de revenir un jour, assez tôt il espérait. Et il raccrochait au moment où Heeseung pénétrait dans la maisonnée. Il laissait sa main se balader lentement sur le téléphone comme si en enlevant ses doigts, sa tante serait a jamais hors de portée. Elle lui manquait.

"- Ma tante t'aime bien, tu sais ?, dit-il en souriant tristement sans lui faire face, elle ne s'est pas inquiété que je sois avec toi et que j'ai loupé mon examin."