Déchu -- Heewon

•Chapitre 2•

Il restait bloqué devant la fenêtre à regarder les oiseaux ici et là voler, se poser, manger, vivre en liberté tandis que lui était toujours retenu ici parce que personne ne voulait le voir à la rue, toujours amnésique, c'était le mot que le médecin Kim avait employé pour décrire son état de néant concernant sa mémoire, ce qu'il n'expliquait pas en revanche c'était les pertes comme qu'est-ce qu'était un téléphone, le truc qui reflète la lumière sur la table à côté du lit, ce qu'est un parachute, ils n'avaient pas mis le doigt sur ce qu'il se passait chez lui, pourquoi aucune trace de matériel de parachustiste n'avait été trouvé, et pourquoi après plusieurs jours il n'appréciait toujours pas l'infirmière Park qui avait été pourtant gentille avec lui, il refusait toujours qu'elle s'approche de lui depuis que ses doigts avaient frôlé son pied sous la couverture, il était constamment sur ses gardes quand elle était là. Ils n'avaient pas réactivé le 'bip bip' mais son état restait impeccable, il se rétablissait à la vitesse d'un éclair, certes monsieur Kim lui avait fait part de son miraculeux rétablissement mais il n'expliquait pas non plus les traces de brûlures dans son dos qui ne semblaient même pas se cicatriser complètement. Heesung n'avait pas essayé de regarder ce qu'il se trouvait sur son propre corps, d'une drôle de manière il n'en était pas plus curieux que cela, son instinct l'incitait à ne pas le faire et comme il lui faisait confiance il l'écoutait facilement. Mais il se sentait seul, la solitude se faisait sentir, il se demandait si des gens le cherchait, si on s'inquiétait pour lui, si on avait remarqué son absence, s'il avait des parents, des amis, quelqu'un de précieux dans sa vie, sur qui tomberait-il, comment réagiraient-ils, que pourraient-ils dire. Il ne savait pas trop quoi penser, si eux l'aimait il se sentirait très coupable de ne pas le leur rendre juste parce qu'il ne se rappelait absolument pas d'eux, de leurs noms, de leurs souvenirs. Que faisait-il dans la vie ? Il ne se souvenait pas non plus de son âge mais le docteur Kim avait estimé qu'il devait avoir dans les dix huit/dix neuf ans, qu'il avait fini ou avait dû finir le lycée ou sinon, qu'il devrait y retourner. Le problème étant qu'il ne savait déjà pas quel était son nom de famille, alors retrouvé son établissement scolaire c'était quasi impossible, surtout que personne n'avait reporté la disparition d'un jeune homme lui ressemblant de près ou de loin. Comment était-il avant ? Avait-il des gens sur qui compter ? Savait-il se faire des amis ? Comment étaient-ils ? Ses journées se rythmaient sur des questions qui resteraient sans réponses et dont les échos retentissaient et retentiraient dans sa tête vide. C'était pas fou comme vie.
Jusqu'à aujourd'hui c'était d'un ennui total, il avait presque l'impression d'être un animal en cage, on le surveillait constamment, ne le faisait pas sortir par peur qu'il ne pète les plombs pour x ou y raison, il ne rencontrait personne en dehors des deux gens qui l'avaient accueilli à son réveil, et pourtant lui ne voulait qu'une chose : sortir. Observant une nouvelle ambulance, qu'il appelait cheval de métal bruyant, arrivée en bas du bâtiment, il se disait que sortir sans que personne ne le remarque ne serait pas si catastrophique. Il se leva de la chaise pour se diriger vers la porte qui menait au dehors de sa chambre, celle qu'il n'avait pas franchi et cela ne lui fit trop rien quand il sorti dans le couloir aux odeurs sèches et peu agréables. Il fronçait le nez avant de taper un gauche droite et de partir en direction de la lumière, sur sa droite, là où il y avait des bancs vides, que le silence régnait et qui la fraîcheur lui hérissait subtilement le poil. Agrippant ses coudes, il observait les portes fermées, les chambres vides et sombres, est-ce qu'il y avait la moindre personne dans les environs ? Il avait pourtant entendu le cheval de métal arrivé, il devrait voir des personnes, non ? C'était calme, dans un certain sens c'était agréable. Sauf qu'en continuant sa course il entendit un petit 'ding' aiguë qui le fit sursauter, il cherchait partout d'où cela pouvait provenir jusqu'à tomber sur deux formes a l'autre bout du couloir qui sortaient du mur. Choqué et subjugué d'une telle chose, il avait oublié de respirer entre temps, attentif à tous les sons qu'il pouvait entendre. Ils voyaient les deux formes s'éloigner encore de lui pour passer une porte contre l'un des murs, y observant de la lumière s'en émaner. Une chambre ? La curiosité prenant le dessus, il s'approcha à pas de loup de l'endroit où ils étaient allé. Il n'était plus si loin, assez proche pour entendre deux voix, mais il détournait son attention jusqu'à une cage d'escalier dont la porte était ouverte, menant vers le bas. Retissant il hésitait quelques secondes avant de voir passer une personne en tenue blanche et bleue qui ne l'avait pas remarqué et qui dévalait les marches à une vitesse folle. Intrigué, il s'aventura dans la cage pour en descendre lentement et prudemment les marches, sentant chaque fois le froid sous ses pieds, un courant d'air provenant d'un endroit inconnu. Le vêtement bleu avait disparu mais il aperçusse rapidement une nouvelle porte, fermée cette fois, au pas de l'escalier. Appuyant sur la poignée il la poussa doucement, entendant déjà des voix s'élever, des ordres être donnés à travers pleins de bruits qui lui étaient inconnus. Passant la tête par l'ouverture il put y voir un lit passer à toute vitesse, accompagné de nombreux vêtements blancs et bleus courir à côté, des personnes portant d'autres couleurs se coller aux murs. C'était ça qu'amenait les cheveux bruyants ?
      En sortant enfin de sa cachette quand toute course fût fini de son côté, il tomba sur un couloir plus éclairée qu'en haut, avec plus de vitre, une sorte de comptoir jaune qu'il trouvait très moche et du passage de personnes qui parfois le regardait sans plus s'attarder. Il se sentait compressé soudainement, il avait du mal à respirer avec toutes ces visages qui le regardaient, passaient ça et là, ça faisait beaucoup, la lumière lui tournait la tête et il se sentait nauséeux. Il repérait rapidement une énorme porte coulissante qui menait vers de la lumière naturelle. Aussitôt il s'y dirigeait, bousculant parfois des personnes, ne se souvenant plus s'il s'excusait ou non jusqu'aux portes qui s'ouvrirent devant lui. Il trouvait curieux mais ne prit pas le temps d'observer une telle chose et se rua dehors. La bourrasque de vent qui lui souleva les cheveux lui fit un quelque peu perdre l'équilibre, il resta debout simplement parce que quelqu'un l'avait retenu par les épaules.