Rompre, Yann Moix

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Ça n'a pas l'air d'aller. 

Je souffre. Je souffre de l'absence de la femme que j'aime, que je crois aimer. Je me trouve dans cette phrase que Guitry résumait ainsi : « Je ne cesse de penser que je ne pense plus à toi. » L'absence de celle qu'on aime constitue une présence. Ce qui fait du mal, dans une rupture, ce n'est pas l'absence d'une présence, mais la présence d'une absence. Je ne peux plus toucher Emmanuelle. Son corps est parti. Elle fait des choses auxquelles je n'ai plus accès. Je n'aperçois plus ces gestes. Tout ce qu'elle vit, il me faut désormais l'imaginer. Ma souffrance oscille entre deux pôles contradictoires. Tantôt je souffre parce qu'Emmanuelle n'existe pas suffisamment, tantôt je souffre parce qu'elle existe trop. Tout m'abîme, qu'elle le fasse ou ne le fasse pas. Elle est beaucoup trop là depuis qu'elle n'y est plus. 

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