Saoirse

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Moana

Je n'étais pas retourné dans l'océan parmi les miens depuis que j'avais été couronné prince du lac de Lockwood. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai besoin de savourer chaque instant de liberté que la vie m'offrait avant d'y retourner, conscient que ces moments seront de plus en plus rares.

Alors, je vis ma vie comme bon me semble : le matin je me réveille dans ma petite cabane en pierres ; elle est modeste mais cela me suffit. Ensuite, je sors prendre l'air ; il n'y a rien de meilleur que de se réveiller avec le vent qui s'accroche à votre peau, et qui vous fait sentir vivant. Ensuite, je marche quelques mètres jusqu'au phare de Noss Head, d'où je contemple les Highlands.

Je suis naît dans l'océan qui borde les terres des Highlands. Avant que ma famille ne s'installe définitivement dans les profondeurs de la mer, j'ai passé toute mon enfance à respirer l'air frais de cette magnifique région montagneuse, où la nature est reine.

Je suis un Highlander dans l'âme, et ce pour toujours.

J'avais décidé depuis tout petit que ce phare allait être mon endroit préféré, car de là je peux contempler le lac de Lockwood qui frappe la terre ferme de l'Ecosse. Ce lieu m'offre également une vue surplombante de l'époustouflant château de Moonwall.

Ce château aspirait ma curiosité depuis toujours.

C'est une grande bâtisse grise, sinistre. Cependant, bien que ce château semble être pourvu d'une morosité sans nom, cela en fait aussi sa beauté ; cette mélancolie que Moonwall émane de l'extérieur le rend digne des plus grands mythes. Composé de quatre tours, il est en pierres grises avec des fenêtres typiquement écossaises. Moonwall est entouré d'une grande forêt qui mène ensuite au lac de Lockwood.

J'ai ouïe dire que la famille Blane vit à Moonwall, c'est une famille de puissants lords. Je me demande quel genre de vie ils ont. Peuvent-il, eux aussi contempler ces vagues en pleine nuit ? Possèdent-ils cette fougue, cette envie de vivre et de ressentir chaque émotion, et de les apprécier ?

Peuvent-ils aimer ?

                       ***

Le gargouillement que produit mon estomac trahit ma faim ; il est l'heure d'aller chasser un bon gibier. Armé de mon arme de chasse, j'arpente l'immense forêt qui entoure le château de Moonwall – bon Dieu, quil fait froid ! Avec un peu de chance je pourrai tomber sur un lièvre et en faire mon repas.

Ou je n'aurai cas retourner dans l'océan et manger un bon repas en compagnie de ma famille.
Non, si j'y retourne maintenant je devrai y rester deux ou trois semaines... ma vie ici me manquerai.

Pssst...pssst...

Je me retourne avec prudence ; ça y est, le lièvre est dans le buisson. Je vais enfin pouvoir manger et satisfaire mon estomac une bonne fois pour toute. Je m'avance tout doucement, délicatement afin de ne pas l'effrayer. Je pointe mon arme en direction du buisson, près à bondir sur mon repas.

-Haaaaalte !!! sécria une vois féroce et...féminine.

Je suis soudain propulsé en arrière, par une force qui jaillit de nul part. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, et je sens un bras faire pression autour de mon coup. Je me débat comme je peux mais bon sang, elle a de la force !

Elle m'étrangle, je ne peux plus respirer. Alors, je vois ma vie défiler et je panique ; il ne me reste qu'une solution.

Je prend mon arme et la glisse tant bien que mal sur la tempe de mon agresseur. Je déteste ça, être violent mais je n'ai pas le choix, cest une question de vie ou de mort.

-Bon sang, ne m'oblige pas à tirer ! murmurai-je dans un souffle, ne pouvant presque plus respirer.

Cest alors qu'une masse de cheveux bouclés et roux tombèrent sur mon visage. Je reconnaitrai cette chevelure parmi celles de toutes les femmes. Confus et intrigué, je m'exclamais ahuri :

-Saoirse, cest bien toi ?

Mon agresseur se redressa, et poussa un long soupir.

Je la reconnu immédiatement.

Saoirse est ma meilleure amie d'enfance. Elle est celle qui ma toujours soutenu dans les meilleurs comme dans les pires moments de ma vie. Elle est mon alliée, la seule.

Seulement, la vie nous avait séparé durant sept longues années, puis semblait nous avoir à nouveau réunis.

-Bon sang, Moana t'es toujours aussi débile à ce que je vois ! disait mon amie d'un ton un poil provocateur. Qu'est ce que tu attends pour me serrer dans tes bras ?

Je l'attrapais et la câlinais tendrement. J'avais les larmes aux yeux ; il fallait qu'on rattrape le temps perdu.

-Saoirse, laisse moi te regarder. Après tout ce temps tu as du drôlement chang...

Elle me regarda. J'en eu le souffle coupé : elle était splendide. Son visage ovale et audacieux était toujours le même que lorsque nous étions enfants. Elle avait toujours ce petit air farouche, ces éclairs jaunes dans ces yeux d'émeraudes. Saoirse possède un regard perçant, qui vous transperce lâme : elle peut lire en vous. Sa peau est claire, et les taches de rousseurs qui perlent son nez adoucissent son visage harmonieux.

Sa tenue est digne de celle d'une guerrière ; avec son arbalète et son kilt rouge, elle porte de grandes bottes marrons. Et bien sûr, sa chevelure aussi longue et rousse que dans mes souvenirs.

Saoirse est devenue une magnifique jeune femme.

-Qu'est ce qui ta pris de me jaillir dessus comme ça ?

Mais cela ne m'étonnais pas en réalité ; elle avait toujours eu ce petit côté sauvage, qui n'avait peur de rien. Elle était toujours fidèle à elle-même.

-Tu n'as pas changé Moana. Tes yeux sont toujours aussi bleu que le bleu de l'océan. Et tes boucles rousses me rappellent l'enfant pénible que tu étais, disait-elle en rigolant.

Nous marchâmes. Jétais tellement heureux de retrouver mon amie. Alors, elle me racontais tout de sa vie, et je lui racontais tout de la mienne. Saoirse était devenue une amazone ; elle passait ses journées à galoper et à vivre sa vie tel un oiseau libre de tout mouvement. Elle chassait avec son arbalète et voyageait à cheval. Cependant, elle était revenu dans les Highlands car elle avait besoin d'argent pour continuer ses périples, elle était à court de munitions. Alors, elle avait trouvé un travail au château de Moonwall ; elle s'occuperait des écuries, de dresser les chevaux et d'en prendre soin.

Saoirse avait toujours été douée pour ces bêtes là – pour n'importe lesquelles dailleurs. Elle avait un véritable dont pour parler aux animaux. Quand nous étions jeunes, les animaux me fuyaient alors qu'il suffisait à mon amie de murmurer un espèce de bruit et ils se ruaient tous autour d'elle.

Puis, vint le moment où je lui racontait ma vie, mon couronnement au royaume maritime de Lockwood. Je voyais dans ses yeux qu'elle me comprenais sans que je n'eu besoin de lui expliquer mes angoisses.

Elle lisait en moi tel un livre ouvert ; alors je parlais, moi qui d'ordinaire ne laissai rien paraître à mes sentiments. Avec elle, c'était différent. Mon amie me comprenais mieux que quiconque.

-Je vais devoir y retourner, Saoirse. Ce n'est pas ça le problème, j'aime y aller, j'aime ma famille et j'adore l'océan. Tu le sais, je suis un garçon des mers. Mais, cest juste que...

-Tu ne veux pas abandonner cette vie qui t'es si chère. Je te comprend Moana. Ici dans les Highland tu peux faire ce que tu veux. Tu as peur que l'océan t'appelle et que tu ne doives y rester pour toujours.

-J'ai peur de ne pas pouvoir choisir.

Nous nous allongeâmes à la belle étoile. Nous contemplâmes le ciel et les merveilleuses étoiles que la nature nous offrait. Alors, elle pris ma main et la serra, et me disait ce que javais besoin d'entendre en un murmure :

-La vie est une question de choix Moana. Tu peux te tromper, tu peux décevoir les autres. Mais s'il te plait, ne te déçoit pas toi-même ; fait ce quil te plait, ta vie t'appartient. Tu as toujours fait ce qui était juste pour les autres, alors maintenant fait ce qui est juste pour toi.

L'océan qui nous sépareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant