Dahlia.
J'étais seule, à contempler mon reflet dans le miroir de ma chambre. Une jeune femme élancée, élégante, vêtue d'une robe de soie rouge d'une beauté sans pareil : le bustier mettait en avant ma féminité et ma douceur. Avec les cheveux attachés en un somptueux chignon et un diadème en cristal sur la tête, je n'avais rien à envier aux autres femmes. Mon collier d'émeraudes brillait de milles feux, mes lèvres étaient maquillées d'un rouge pourpre qui les rendaient plus pulpeuses.
Je me regardais, attentivement : j'avais l'apparence d'une véritable duchesse. Je m'observais, et pourtant je ne me reconnaissais pas. Je n'étais rien d'autre qu'un portrait harmonieux, qui aspire à la perfection. J'avais l'air d'être une femme heureuse, une femme enviable.
Cependant, ce que je voyais dans ce reflet maudit était le portrait d'une femme perdue, dont le cœur était en milles morceaux. Une femme qui porte un masque sans cesse, qui ne peut se montrer telle qu'elle est véritablement.
J'observe le ciel dégagé, la nuit est tombée mais la voie est libre : en voyant le croissant de lune illuminer ma fenêtre, je poussais un soupir de soulagement ; je ne me transformerais pas ce soir.
Je pensais à toutes ces choses qui me rendaient la vie difficile : mon mariage avec Lord Ambarssan qui approchait plus vite que je ne le voulais, et ma véritable nature : mon côté monstrueux que je ne pourrais jamais révéler.Je suis ce loup qui arpente la nuit, qui se noie dans sa solitude profonde. Je suis un loup, un loup garou ou encore un lycanthrope, oui. J'ai toujours été comme cela, et je ne sais pas pourquoi.
Parfois je me demande si je ne suis pas imaginaire, je me demande si j'existe réellement.
Et puis, il y a autre chose qui me tourmentais sans cesse, encore et encore malgré moi : mes sentiments naissants pour Moana.
C'est indéniable, je ne peux pas le nier : j'ai l'impression que son âme me colle à la peau.
Pourquoi l'amour prend le poids d'un supplice ?
Je contemple le miroir, ce miroir qui ne me montre qu'une moi illusoire. J'essuie la larme qui coule sur ma joue, et je camoufle mes yeux bouffis en y ajoutant un peu de noir et de poudre sur mes joues.
Puis, je dresse un grand sourire.
La porte de ma chambre s'ouvre d'un geste brusque, si bien que je compris de suite qu'il ne s'agissait pas de Saoirse à ma plus grande déception, mais de ma mère. Elle entrait, me regardait ravie des efforts que j'avais fait pour paraître convenable pour les autres.
- Tu es ravissante, Dahlia. Tâche de ne pas tout gâcher ce soir, c'est une soirée importante.
Je me retournais et regardais ma mère : ses cheveux boucles d'or étaient tressés, ses yeux gris me scrutaient attentivement : j'étais son exacte opposé.
- C'est un bal, rien de plus. Saoirse sera avec moi, alors ça ne sera pas si horrible.
- Saoirse est la palefrenière du château. Elle n'est pas conviée au bal.
Je sentais mon cœur s'emballer, la colère qui montait petit à petit. Je serrais les poings, il fallait que je me maîtrise.
- Saoirse est ma seule amie, mère. Elle viendra au bal avec moi.
Ma mère s'avançait près de moi et m'attrapa le bras pour me murmurer au creux de mon oreille la phrase de trop :
- Cet événement est en l'honneur de ta futur union avec Lord Ambarssan. En vous voyant ensemble ce soir au bal devant les invités, les choses seront officielles. Il t'attends en bas, ne le fait pas attendre.
VOUS LISEZ
L'océan qui nous sépare
RomanceDahlia, la jeune duchesse du château de MoonWall est promise à un destin déjà tracé : elle épousera un noble et honorera sa famille. Cependant, la jeune femme dissimule un lourd secret : elle devient un loup, les soirs de pleines lunes. Son destin...