I - Chapitre 14

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          Nous approchons du chalet complètement trempé et frigorifié. Noah rigole dans mon dos alors que je marche le plus rapidement possible afin de retirer mes vêtements mouillés. Il était tellement obnubilé par le fait de me redonner le sourire qu'il a commencé à me lancer des boules de neige. Par presque moins dix degrés, il n'a rien trouvé de mieux que de nous rafraîchir un peu plus. Sauf qu'il apprend de ses erreurs et malgré son rire, lui aussi à froid.

— Aller, Winter ! Ne fais pas la gueule !

Pour toute réponse, et parce que je ne veux pas me ridiculiser, je dresse mon majeur par-dessus mon épaule et j'ai le plaisir de ne plus l'entendre rire. Sûrement choqué par mon geste obscène. D'ailleurs, je suis moi même surprise, mais parler avec les dents qui claquent aurait été une source de moquerie supplémentaire pour Noah.

— Mon dieu ! Mais qui êtes vous ?

Voilà, même quand je tente de ne pas me ridiculiser, il arrive à retourner ça contre moi. Si avant je détestais cette part de lui, aujourd'hui, je l'apprécie beaucoup. C'est ce qui fait qu'il y a de la vie dans ce chalet. Parce que j'ai appris à rire avec lui et non plus à prendre ça pour moi. Noah est comme ça, mais il n'y a pas un brin de méchanceté dans le fond.

— Et après tu ose passer pour une fille bien élevée, on aura tout vu !

Si je n'avais pas si froid et que j'étais autant pressée de rentrer au chaud, je lui montrerais à quel point je suis bien élevée. Je lui ferai manger la neige et il ne verrait rien arriver.

          Dès que je pénètre chez moi, je cours presque jusqu'à devant la cheminée et remet quelques bûches avant de me déshabiller à toute vitesse. J'enlève mon manteau, mes bottes, mon pull et mon pantalon de froid. Je reste en sous-vêtements thermiques, mais eux aussi sont humides. Alors que je m'apprête à aller me réfugier dans la petite pièce qui nous sert de salle de bain, Noah en sort une serviette à la main et le corps presque nu. Il porte juste un caleçon noir et je m'empresse de détourner les yeux. Nous vivons peut-être ensemble depuis des jours, mais jusqu'à ce soir, nous respections l'intimité de chacun et ne nous baladions pas à moitié nu devant l'autre. Sauf que le point le plus chaud du chalet est exactement là où je me trouve et il s'approche dangereusement de moi.

— Tiens, me dit-il en me donnant la serviette.

Je marmonne un remerciement entre mes lèvres et me presse à me frotter par-dessus mes vêtements thermiques.

— Va te changer dans la salle de bain. Je m'occupe du feu.

Et comme si j'attendais qu'il me dise quoi faire, je m'active. Sauf qu'une fois dans la salle, je me trouve ridicule. En culotte et soutien-gorge, pas ce qu'il y a de plus sexy, je cherche dans la pile de linge des habits de rechange pour dormir. Mais tout est sale. Il n'y a rien de propre. Prise de panique, je trouve le sac à dos de Noah et attrape le premier bout de tissu que j'y trouve. J'en sors un tee-shirt bien trop grand pour moi, mais qui semble propre. Je me sèche donc rapidement et le passe au moins pour ne pas me retrouver moi aussi nue devant lui.

          Quand je sors de la pièce, mon invité avec affinité est devant la cheminée, essayant de se réchauffer. Sur le coin du feu, une casserole de lait est en train de chauffer et je salive déjà en pensant au chocolat chaud que je vais bientôt pouvoir boire. En fond sonore, il a allumé la radio et je ferme les yeux en entendant les quelques notes de jazz qui s'échappent de la radio. Jusqu'à maintenant, j'évitais de m'en servir à tort et à travers, mais la tempête n'est plus qu'un mauvais souvenir et je pourrais dès demain recharger les batteries de tous mes appareils électroniques.

A moins que nous passions la journée suivante seulement à nous dire au revoir, sans penser à ce qu'il doit être fait. On pourrait juste vivre ces dernières heures en toute innocence, laisser notre passé derrière nous, l'espace de quelques instants. Est-ce que j'en suis capable ? Me laisser aller de la sorte est-il de mon ressort ?

Wild HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant