I - Chapitre 4

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          D'habitude, je passe des nuits très difficiles à cause de mon malheur et ma douleur, elle est toujours là, mais je n'ai pas dormi à cause du boucan que l'inconnu fait. Dans mon chalet, c'est le silence qui est maître nuit et jour. D'habitude, c'est le crépitement du bois qui berce ma vie, pas le ronflement de ce gars dont je ne connais même pas le prénom. Il a même réussi à être plus bruyant que la tempête dehors. Tempête qui ne semble pas vouloir se calmer.

Sans un bruit, je sors de mon lit et me dirige vers la porte d'entrée afin de sortir Bob. Je passe rapidement des vêtements pour pouvoir sortir avec lui, parce qu'hier, il n'a pas voulu sortir faire ses besoins seul. En plus ne pas être très téméraire, il avait surtout peur pour moi de me laisser avec l'inconnu.

— Allez viens, Bob !

Je chuchote, mais mon chien m'entends parfaitement et accourt à mes pieds.

Dehors, je reste devant la porte d'entrée et j'observe les arbres être secoués dans tous les sens. Il ne fait pas encore jour, mais le soleil se lève et j'ai un peu de lumière à cette heure-ci. Pas de quoi de voir au loin, juste des formes sombres et dans celle-ci, celle de Bob qui n'ose pas s'éloigner. Il reste à quelques mètres du chalet et dès que sa petite affaire est faite, il revient vers moi en s'ébrouant.

Le froid me pique la peau, même à travers mes vêtements alors je me presse de rentrer. Je ne sais pas dans quel état sera notre squatteur aujourd'hui, peut être un peu moins bavard que la veille au soir, cela serait bien. Et moins vulgaire surtout !

           Dans le chalet, il y fait bon et je remets du bois dans la cheminée pour garder cette chaleur. J'en profite pour faire chauffer de l'eau afin de nous faire un bon café. D'habitude je ne mange pas le matin, afin de faire durer mes provisions, mais l'homme doit manger pour reprendre des forces. Quand le temps sera plus clément, je descendrai au village me réapprovisionner. Il y a une petite supérette, qui fait aussi office de poste, de café, de centre de renseignements, de tour de contrôle et d'à peu près tout. C'est le lieux où aller si on a besoin de quoi que ce soit. Donc, si je veux un peu de nourriture en attendant ma commande, qui doit arriver par avion, je dois me rendre là-bas.

— Tu fais du bruit, grogne le malotru dans mon dos.

— Bonjour à vous aussi ! je lâche.

Je ne prends même pas la peine de me retourner et continue de préparer de quoi manger. S'il n'est pas content du bruit que je fais, il n'a qu'à prendre sa jambe folle et foutre le camp.

— Winter ! Ici ton père, tu es debout ?

Je m'empresse de récupérer mon talkie-walkie et réponds que je suis là.

— Ça va là-haut ? me demande-t-il.

— Oui, pas de dégât, mais le vent souffle toujours autant.

— Pareil au village.

Il se passe quelques secondes avant qu'il ne reprenne.

— Chérie, écoute il y un groupe de touristes qui est arrivé ce matin à Hughes et j'aimerais ton aide. Personne ne veut sortir par un temps pareil et il reste un gars perdu dans la forêt.

— Oui, il...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'une grande main chaude se pose sur ma bouche. Bob se met à grogner après l'inconnu et moi, je n'ose même pas me débattre. Il retire mes doigts du bouton de l'appareil que j'ai en main et me libère aussitôt.

— Ne leur dîtes pas que je suis ici, s'il vous plaît.

— Vous avez perdu la tête ? je demande en ouvrant de grands yeux. Le reste de votre groupe doit être mort de d'inquiétude et je ne parle même pas des habitants de mon village qui vont partir à votre recherche dès qu'ils le pourront.

Wild HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant