Noah
Tout le monde semble heureux, là devant moi, dans leur tenue hors de prix. Ils dansent sur une valse lente et ennuyeuse, les femmes hurlent de rire pour attirer le regard des hommes sur elles et il y a moi. Le pauvre con qui se retrouve le cul assis sur une chaise à attendre de pouvoir rentrer tranquillement chez moi et dormir. Mais même ça je ne peux pas le faire !
Putain de tradition à la con qui exige que les jeunes mariés se barrent en voyage de noce dans la soirée !
Merci papa pour ce plan foireux et pour ce mariage à la noix. J’aurais mieux fait de laisser ma peau en Alaska si j’avais su que les choses se passeraient comme ça à mon retour.
— Noah, tu pourrais au moins faire semblant d’être content de m’avoir épousé.
Sandy me chuchote ça, en se penchant exagérément vers moi et affichant un sourire aussi faux que toute cette comédie. Je ne sais pas qui est assez naïf pour croire un seul instant que cet union est d’amour, parce que ce n’est pas du tout le cas. Mais elle, elle veut que les caméras braquées sur nous montrent à quel point nous respirons le bonheur. Pas un seul instant elle ne ressent le moindre sentiment pour moi. Je ne suis qu’un foutu trophée comme depuis toujours.
Parce que je suis plutôt beau gosse, considéré comme le mec le plus convoité de la ville et plein au As, on se serre de moi comme faire valoir.
Putain de bonne femme !
— Maintenant, merci de faire un tonnerre d'applaudissements pour ce magnifique couple de jeunes mariés qui va nous offrir leur première danse.
Les gens se mettent à hurler et taper dans leurs mains, tandis que moi, je reste bien sagement assis sur ma chaise.
— Chéri ! me lance Sandy en me donnant un coup de coude et souriant toujours exagérément.
J’avais dit non à cette foutue danse. Quand l’organisatrice nous en avait parlé, j’avais refusé catégoriquement. Il était hors de question que je me donne en spectacle de la sorte et pourtant, une fois encore je me fais avoir comme un bleu. J’aurais dû le prévoir, savoir qu’elle me jouerait un coup foireux, mais je suis encore trop naïf. Alors, parce que c’est ce qu’on attend de moi, je me lève, saisis la main de « ma femme » et l’entraîne sur la piste de danse. Un sourire aux lèvres, le cerveau sur le point d'exploser, je tente de donner le change pour que tout le monde pense que je suis heureux.
Les mains sur ses hanches, je me laisse bercer par une mélodie douce et sous le regard de centaines de personnes. Ou plutôt de plusieurs centaines.
— Tu t’y feras, Noah. M’épouser ne peut pas être si terrible !
J’avale ma salive, mais elle reste coincée dans ma gorge. Ma famille et la sienne me tiennent par la gorge et je ne peux rien faire et de toute manière, je n’en ai plus rien à foutre de ce que me réserve le futur.
Il y a six mois, le plan était simple dans ma tête. Je rentrais à New York, quittait officiellement la femme que je tiens contre moi et vendait tout ce que je possédais. Après ça, je retournais en Alaska, là où m’attendait Winter. Tout roulait, jusqu’à ce que j’annonce à Sandy que je la quittais et que rien ne me ferait changer d’avis. Le lendemain, mon père et le sien se trouvaient dans mon salon avec des dizaines de contrats posés devant eux. Des clauses de confidentialités, d’arrangement à l’amiable et de ce putain de mariage.
On ne quitte pas la fille du sénateur du pays et encore moins quand celui-ci est en affaires avec mon père.
Je ne sais quel genre de magouilles se trament entre eux, mais rien de tout ça ne semble bien légal et j’ai compris que mon père avait lui aussi le couteau sous la gorge. Quand il s’est retrouvé dans la merde, il m’a vendu comme si je n’étais qu’une simple marchandise.
Si je n’épousais pas Sandy, je me retrouvais sans rien, sans argent, sans toit et je disais au revoir à ma famille. Cela ne m’aurait pas dérangé, en Alaska on a besoin de rien pour vivre et surtout pas des mauvaises personnes qui m’entourent.
Sauf que mon père à appuyé sur la corde sensible quand il m’a révélé qui était vraiment la fille dont j’étais tombé amoureux.
Winter James, de son nom de jeune fille, était juste une nana qui avait trompé son mari pendant qu’elle rendait visite à ses parents. Sous mes yeux, mon père avait étalé un tas de clichés la montrant, joyeuse et en train de rire au éclat, accrochée au bras d’un homme un peu plus âgé qu’elle. Sur certaines photos, il y avait une petite fille. La leur. Soraya. Mais, c’est quand je l’ai vu dans sa belle robe de mariée que j’ai compris qu’elle n’attendait pas mon retour. J'ai été un passe-temps, une occupation pendant les longues journées qu’à duré la tempête.
— Si c’est pour elle que tu veux tout plaquer, sache que tu n’as été que son amant.
Voilà la phrase qui a fini par m’achever. Elle avait une fille, un mari et moi, j’étais encore une fois l’idiot de service.
Alors, je suis resté à New York, dans une vie qui ne me convenait plus depuis elle. J’ai repris le chemin du travail, revu mon frère et ma cinglée de soeur et accepté d’épouser la vipère qui me servait de fiancée.
Six mois plus tard, j’ai toujours l’image de Winter dans la tête et des rêves de vivre au cœur de l’Alaska. Tout le monde connaît maintenant son existence et ma sœur n’hésite pas à me rappeler à quel point je suis minable. Même Sandy en joue et dès que j’ai le malheur de lui reprocher quelque chose, elle me parle de la fille de l’hiver.
J’ai aimé deux femme dans ma vie et les deux m’ont brisé le coeur comme ce n’est pas permis. Sauf qu’aujourd’hui, je suis forcée de me marier avec une d’elles et je ne crois pas que ce soit la pire. Sandy est mauvaise et elle ne s’en cache pas, tandis que l’autre est perfide.
Je les déteste comme personne.
— Souris, mon amour, souris !
Ces mots dit tout bas respire l’ironie. Jamais elle ne me donne de petits surnoms, où quand cela arrive c’est que nous sommes en public. A cet instant, si elle le fait, c’est pour que je comprenne bien que je n’ai aucun échappatoire.
En bas des marches de l’énorme manoir familial, nous saluons nos invités. Je suis presque heureux que tout ça soit enfin derrière nous, que dans quelques minutes je n’aurais plus à faire semblant de respirer le bonheur.
— Merci à tous , minaude Sandy en secouant la main.
Je me tourne face à l’énorme limousine réservée pour l’occasion et fait un signe à mon chauffeur pour qu’il ouvre la porte. La seconde suivante, Jasper saute du véhicule et me fonce dessus comme une fusée. C’est à cet instant que je retrouve mon véritable sourire.
Il me saute dessus, fout un quantité impressionnante de poils blancs sur mon costume et tente d’atteindre mon visage avec sa langue.
— Ne me dis pas que tu as ramené ton foutu cabot ! s’égosille Sandy.
S’il y a bien une chose qu’elle ne supporte pas, c’est bien ce chien. Jasper m’a rejoint quelques jours après mon retour d’Alaska et depuis, il est mon plus fidèle compagnon. Où que j’aille, il me suit. Au bureau, en ville où même quand je dois aller en lune de miel. D’ailleurs, le fait qu’il soit toujours avec moi est sans doute la raison pour laquelle ma « femme » ne l’a pas foutu dans un refuge. Ca et aussi qu’il fasse la une de tous les magazines peoples qui me demande des interviews.
Jasper est une véritable star ici, mais il reste mon chien et Sandy déteste ces grosses bêtes à poils.
— Si et il vient même avec nous en vacances !
Je le gratouille sous le cou et nous nous dirigeons vers la limousine sans saluer personne et laissant la vipère derrière nous.
— Les Maldives, mon gros ! je m’exclame bien fort. Je suis certain que tu vas aimer.
En réalité, je ne suis pas certain qu’il aime autant que ça, mais il sera une excuse pour ne pas aller lézarder des heures et des heures sur la plage.
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Wild Heart
RomanceAlors qu'elle est de retour dans son Alaska natale pour tenter de faire son deuil, Winter se terre dans un chalet en pleine forêt. La vie lui a prit ce qu'elle avait de plus cher, sa famille, son bonheur et son cœur. Tandis qu'elle se demande enco...