II - Chapitre 2

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           Si on m'avait dit que je serais autant stressée rien qu'à l'idée de remettre les pieds à New York, je me serais évité le déplacement. L'avion n'a même pas atterri que mes mains tremblent déjà depuis un bon quart d'heure. Je ne parle même pas de mon cœur qui bat à tout rompre dans ma poitrine.

— Vous allez bien jeune fille ?

Je tourne le visage vers la vieille dame assise à côté de moi et je me contente de hocher la tête pour lui répondre. Si j'ouvre la bouche, je suis persuadée que le contenu de mon estomac fera le chemin inverse. Mon état n'a rien à voir avec le fait que je sois à des dizaines de kilomètres au-dessus de la surface de la terre et que je sois enfermée dans cet appareil depuis six heures et demie. Non, je suis dans cet état à l'idée de le revoir. Je ne devrais pas m'infliger ce stress, parce que je ne suis pas certaine que Noah mérite que je m'angoisse à ce point pour lui et surtout, ce n'est pas bon pour le bébé. Seulement, je n'arrive pas à me contrôler.

Dans quelques minutes, mes pieds fouleront le sol de la ville dans laquelle j'ai vécu les plus belles choses de ma vie, mais aussi les plus déchirantes. Tout ça pour partir à la recherche d'un homme qui en a sans doute rien à faire de moi et de ce que je vais lui annoncer.

Je ne le hais pas, c'est vrai. Je crois juste que je préfère n'avoir aucun espoir le concernant.

Je ne peux pas avoir trop d'espoir le concernant. S'il avait le dixième de sentiments que j'ai pour lui, il serait déjà revenu depuis longtemps me retrouver. Ce voyage, je l'aurais tout de même fait parce qu'il m'est nécessaire pour clore ce chapitre de ma vie.

          Quand l'appareil se pose enfin, j'inspire une grande goulée d'air et tente de me détendre.

Voilà, j'y suis !

Et je ne sais plus vraiment ce que je dois faire dans l'immédiat. Prendre un taxi et rejoindre les bureaux de Noah ? Ou me contenter de rentrer dans ce qui fut autrefois mon appartement ?

Au moment de récupérer mon sac de voyage, contenant presque rien, je rallume mon téléphone. S'il ne fonctionnait pas en Alaska à cause du manque de réseau, ce n'est pas le cas ici. Je suis contrainte de le mettre en silencieux à cause du regard des autres passagers. Ma boite mails m'informe que plus de neuf cent messages sont en attente d'être lus et mon portable semble être en difficulté quant à la quantité de SMS et de vocaux. Je décide de déconnecter immédiatement mes comptes de réseaux sociaux, pour ne pas donner plus de mal à mon appareil. Je sais comment occuper ma première soirée à New York. Faire le tri dans tout ça.

Une fois ma valise en main, je me dirige vers la sortie, les yeux rivés sur mon smartphone. Je fais défiler le peu de photos que j'ai de Noah et j'ai l'impression que notre petite aventure a eu lieu voilà déjà des années. L'image de lui, se tenant debout au bord du lac glacé avec un ciel magnifique en arrière plan semble si loin dans mes souvenirs. Il a été comme un mirage et j'ai besoin de le revoir pour me convaincre qu'il a bien existé un jour.

En passant le dernier portique de sécurité, je sais que le plus dur reste à venir. Trouver un taxi dans cette jungle. Mon appartement est à une bonne heure de l'aéroport et je compte bien m'offrir le luxe d'un chauffeur pour moi toute seule. Hors de question de prendre le bus.

— WINTER !

Il faut que mes amies hurlent une seconde fois mon prénom pour que je réalise que c'est bien moi qu'on appelle. Dès que je lève les yeux, elles sont bien là. June tenant dans ses mains une pancarte avec mon prénom inscrit en gros et Kiara, un énorme bouquet de ballon gonflés à l'hélium avec lesquels elle se bat. Si j'avais attiré l'attention avec mon téléphone qui sonnait sans s'arrêter quelques minutes plus tôt, maintenant ce sont elles qui deviennent le centre de l'attention.

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