My sweet baby-sitter/ Sortie prévue sur Amazon en juillet 2021

Chapitre 14-Marius a 3 mois MIA

Je descends les escaliers à la hâte en priant le ciel de ne pas me casser la figure. Ça me soûle que monsieur Dupois exige de ses professeurs qu'ils soient impeccables et soignés en toutes circonstances. J'aime être élégante, c'est vrai, mais je préfère avant tout être à l'aise. Être obligée de me saper à nouveau pour retourner travailler me déprime.

Je fais claquer mes escarpins contre le bois de la dernière marche de l'escalier et m'apprête à pousser la porte pour gagner le hall quand j'ai la surprise de constater qu'elle s'ouvre toute seule. En fait, il s'agit Juan dont j'aperçois un coin du borsalino.

— Coucou ! apparait-il en refermant la porte derrière moi. J'allais justement monter chez toi !

Je me retiens de soupirer surtout que j'aperçois déjà la Prius de mon UBER se garer en face de l'immeuble. Juan me drague. Juan veut quelque chose que je ne suis pas en mesure de lui accorder et il doit désormais le savoir. Seulement, comment lui dire tout ça sans le blesser ?

— Ah ? réponds-je. Mais tu sais, là je dois y aller, vraiment désolée...

— Tu rentres vers quelle heure ? enchaine-t-il sans me laisser le temps de poursuivre. Parce que si tu veux, on pourra se faire livrer quelque chose et manger ensemble. Je...bref, depuis Noël, je me sens un peu comme un fantôme dans l'immeuble. J'ai quelques potes sur le campus mais je trouve vraiment dommage que pour une brouille entre Doc et moi, plus personne ne veuille me parler.

Là, Juan me fait de la peine et pourtant, je ne peux pas passer par quatre chemins. Si je commence à lui ouvrir ma porte, il va se faire des idées et c'est tout ce que je ne veux pas. C'est pourquoi, je prends toutes les précautions du monde pour lui expliquer mon point de vue.

— On ne pourra pas manger ensemble, lui souris-je. Je dois aller travailler. J'ai un conseil de maitres qui va sans doute durer très longtemps.

— Mais je peux attendre, tu sais ! Une femme telle que toi mérite d'avoir quelqu'un qui l'attend quand elle rentre.

Je ne sais pas pourquoi mais ses propos me ramènent à Doc un court instant. Il est vrai que j'ai toujours la délicieuse sensation d'être attendue chez moi depuis qu'il est le baby-sitter de Marius. Quand j'arrive après ma journée de travail, je trouve l'appartement rangé, la cuisine faite, mon petit garçon heureux et en bonne santé. Mais il y a ce truc qui va au-delà de ses compétences de bon employé de maison. En fait, Doc a ce petit quelque chose qui fait que j'ai toujours hâte de retrouver mon foyer. D'abord, il y a ses blagues pourries qui me font toujours rigoler. Ensuite, je ne compte plus le nombre de ses taquineries charmantes, sa haute taille qui me surplombe comme me protéger. Cette liste serait incomplète si je ne mentionnais pas ses yeux vert anis qui me couvent par je ne sais quoi de tendre et de chaud. Tout cela n'est rien face à ce qui me touche le plus : ce qui se passe entre Marius et lui. Je suis bien incapable de définir ce qui leur appartient. Tout ce que je sais, c'est qu'il me suffit de les observer tous les deux pour me changer le cœur en grosse guimauve. J'admets maintenant que ma perception de Doc est quelque peu différente. Si au départ, je me montrais méfiante, j'ai désormais toute confiance en lui pour s'occuper de mon bébé.

Mais je tais tout cela surtout que je ne suis pas censée ignorer que Juan et Doc ne peuvent pas se voir. C'est pourquoi, je me concentre et reste sur ma position : je dois avouer à Juan ce que j'ai sur le cœur :

— Ecoute, je ne voulais pas te le dire comme cela mais je ne pourrais plus te regarder en face si je continuais à jouer les ingénues.

— Comment ça ? ricane-t-il nerveusement.

— Je suis ton amie, Juan, mais toi, je sais que tu veux obtenir de moi plus et je ne peux pas entretenir ce genre de relation avec toi.

Un silence de mort prend toute la place. Il n'est interrompu que par le klaxon furieux du chauffeur, fatigué de m'attendre et de m'appeler sur mon portable.