Chapitre 18-Marius a déjà 4 mois MIA

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Je ne cesse de penser à ce que Marius a fait à Shane. Ok, je sais mon fils n'a que quatre mois et que tout ce qu'il peut faire n'est pas intentionnel mais c'est fou, j'ai franchement eu l'impression qu'il avait fait exprès de régurgiter sa bouillie mauve sur la chemise immaculée de mon collègue. Je me triture les méninges et j'ai un mal fou à écouter Shane raconter le déroulé de son premier cours à Paris.

Je n'arrête pas de me dire que Doc est surement pour quelque chose dans ce sabotage de tenue bien organisé. Je l'ai toujours senti : il y a un truc entre lui et le bébé, une chose qui me dépasse totalement. Et je l'ai bien senti aussi, Doc n'a pas apprécié Shane et ce, à la minute où il l'a vu. De la salle de bain, j'entendais des bribes de leur conversation et le ton froid qu'utilisait mon baby-sitter pour répondre à ce que lui demandait mon collègue. Seulement, ce que je n'ai pas compris, c'est pourquoi Doc ne s'est pas annoncé comme tel à Shane. Dire qu'il s'est fait passer pour mon mec, c'est dingue...

— Tu souris ? s'interroge Shane en laissant en suspens son morceau de souris d'agneau piqué sur sa fourchette.

Je m'empourpre en réalisant ce que je faisais. J'étais bel et bien en train de sourire comme une imbécile en pensant...à mon employé ?

Il faut tout de suite que j'arrête mes bêtises !

Je me redresse sur ma chaise, avale une rasade de vin avant de répondre :

— Non, rien. Enfin, je repensais à ce que s'est passé avec Marius tout à l'heure. J'en suis encore sincèrement désolée, tu sais...

— Oh, ce n'est rien ! sourit-il. On est dans l'enseignement toi et moi. On sait comment peuvent être les enfants.

J'observe Shane mastiquer son morceau de viande. Mes sourcils se froncent involontairement. Si ses paroles n'ont rien de scandaleux, le ton moqueur qu'il a emprunté me fait tiquer. Je déguste à mon tour mon agneau, certes délicieux, mais qui n'a pas le pouvoir de m'empêcher de questionner celui qui me l'a offert.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Pourquoi je dis quoi ?

Je prends le temps de découper un autre morceau de viande avant de répondre de la façon qui me semble la plus juste.

— Tu as dit que nous autres enseignant, nous connaissions les enfants mais la façon dont tu as dit ça présageait que tu ne relevais chez eux que des inconvénients. Je me trompe ?

Shane mastique sa bouchée et l'avale avant de me répondre de son ton assuré :

— Toi qui es maman, tu reconnais que la vie n'est pas toujours facile avec un enfant, non ?

— Il est vrai que parfois, des choses qui étaient autrefois simples se compliquent à l'arrivée d'un enfant mais pourquoi dis-tu que la vie n'est pas facile avec eux ?

Shane soupire comme si ce que je venais de dire nécessitait des longues explications qu'il rechigne à me faire.

— Je ne t'ai jamais parlé de mon enfance, ni de mes origines, commence-t-il. En réalité, je suis né à Londres.

C'est de là d'où lui vient son accent si particulier ainsi que son élégance ? Je me réinstalle dans ma chaise, intriguée et charmée par l'image de prince anglais que je m'imagine tout de suite.

— Mes parents étaient des notables appartenant à la petite noblesse anglaise, poursuit Shane. La gérance de leurs terres faisait qu'ils devaient voyager très souvent vers l'Ecosse. Je suis fils unique et j'ai été élevé par une nurse ce qui a, je le pense, facilité la vie à mes parents.

Mes yeux s'ouvrent tout grand de surprise. Pour moi, des parents ne peuvent laisser derrière eux leur progéniture, aussi importantes que soient leurs affaires. Je pose ma main sur celle de Shane. Je ne peux que compatir. Ses parents ont dû terriblement lui manquer étant petit.

My sweet baby-sitter/ Sortie prévue sur Amazon en juillet 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant