Chapitre 17-Baby-sitter jour n°97

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Quand la sonnerie de l'interphone annonce l'arrivée du fameux rancard, je ne me gêne pas pour tendre l'oreille. Malgré les efforts déployés par Mia pour ne pas que j'entende ce qu'elle raconte à son « Shane », ses paroles n'échappent pas à mon ouïe infaillible, la faute à des années de gratte.

— Shane ? Oui...mais...euh...tu peux monter s'il te plait ? Je ne suis pas encore prête...encore désolée...je t'ouvre...

Je tourne la tête tout de suite dans l'autre sens quand elle revient au salon pour filer aussitôt s'enfermer dans sa chambre. Le baby-phone affiche quelques signes d'impatience m'indiquant le réveil imminant de Mister M. qui émerge sans doute de sa micro-sieste.

— Shane arrive dans un instant. Quand il frappera, tu lui ouvres et tu lui dis que j'arrive tout de suite, m'explique Mia en ressortant de sa chambre vêtue uniquement de sa serviette de bain et tenant du bout des doigts une tenue que je ne vois pas.

Et pour cause...

Mon regard s'affole et suit désespérément Mia quand elle part s'enfermer dans la salle de bain. Durant un instant, les images de ses longues jambes nues et de sa poitrine resserrée dans sa serviette anesthésient le fonctionnement normal de ma cervelle. Sans compter qu'à nouveau, ce sont les images en répété de ses seins, dont j'ai déjà aperçu la splendeur, qui me paralyse. C'est chiant quand je me comporte comme un puceau de douze piges. Ça m'empêche de réagir de manière normale face à cette nana qui me prend toujours de haut et qui m'imagine en voyou des quartiers, le couteau entre les dents. Et j'avoue, je suis nerveux. Nerveux de rencontrer ce type et de devoir lui coller mon poing dans la gueule si je ne le sens pas fiable. Nerveux à l'idée de me sentir moi-même jugé par un gars qui sait un tas de trucs dont j'ignore tout, qui a un salaire mensuel que je ne cumulerai jamais dans l'année et qui forcément, évolue dans un monde qui plait à Mia.

Mon pied martèle désormais le parquet. Et les images du corps de ma patronne continuent de me parasiter. Elle va être jolie quand elle sortira, j'en suis certain. Elle portera l'une de ces tenues qui rendent n'importe quel homme marteau. Elle portera ce parfum de fruits frais qui me rend dingue moi-même si je l'inspire un peu trop fort. Je suis certain que Mia saura jouer de son corps et de ses charmes. Je m'attends même à ce qu'elle ne rentre pas de la nuit et qu'elle profite avec son gugus de ce que son corps de femme peut faire au plumard.

Non, les fantasmes dont elle est la star s'accumule dans ma tête. Fait chier le monde...

— Tu attends quoi pour aller ouvrir ? me questionne-t-elle en passant la tête dans l'embrasure de la porte de la salle de bain.

— Hein ? me ranimé-je. Pourquoi ?

— Tu veux que je te fasse un dessin ? On a frappé, je te signale ! C'est toi qui voulais le voir, non ?

Je me sens une nouvelle fois très con. Je n'ai même pas entendu les coups discrets contre la porte qui se répètent avec une politesse exagérée. Enervé contre moi-même autant que contre Mia qui me prend pour un demeuré, je me relève pour aller ouvrir. Je me retrouve nez-à-nez avec un grand type brun en costard-cravate-impert. Non, je devrais dire que je me retrouve face à un mec qui cumule les bons points qui feront que Mia a toutes les chances de finir dans son lit.

Faisons le compte. Disons qu'il faut 400 points pour que cette probabilité se réalise et que chaque détail donne 10 points s'il est passable, 25 s'il est bon et 100 s'il est extra. Je scanne donc le gars en tachant de faire le calcul dans le petit bloc-notes qu'est devenu ma tête.

· Impert long sur costume à 3000 dollars =100 points

· Dents blanches. Non. Dents blanchies = 100 points

My sweet baby-sitter/ Sortie prévue sur Amazon en juillet 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant