Chapitre 13-Baby-sitter jour n°64 DOC

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Ma vie est dorénavant réglée comme du papier à musique. Ce qui est cool, c'est que je n'ai besoin d'aller distribuer des journaux que trois fois par semaines pour avoir un salaire tout à fait correct. Tout est désormais sous contrôle. Moi qui avais du mal, il a peu, à me souvenir de la date, je me prends à chronométrer les minutes qui rythment mes journées. Telle une leçon que je n'ai jamais apprise, j'ouvre les yeux à 6h du matin et énumère heure après heure ce qui va se dérouler jusqu'au soir :

· 6 heures : je me lève (enfin, je prends toujours les cinq petites minutes qui me font dire que j'ai tout mon temps)

· 6 heures...euh...6h15 (je traine toujours) Je file à la douche après avoir tiré rapidement la couette de mon lit.

· 6 h 30 : Bol de corn flakes avec une double dose de sucre, mug de café noir

· 6 h 45 : J'enfile mes rangers, prends mon tel, de quoi écrire, ma doudoune, parfois ma gratte et je file sur mon lieu de travail.

· 6 h47 : arrivée chez Mia avec un Mister M. qui dort parfois encore mais qui me sourit désormais de son propre chef dès qu'il ouvre les yeux, blablatage avec sa mère, blagounettes et taquineries, câlin à Mewoo (le chaton d'égouts tigré trouvé par Mia dans la rue au fond d'un carton et engagé illico comme gestionnaire en chef de la population des rongeurs de l'appartement)

· 7 h 05 : Départ de Mia au taf, nouvelle et dernière blague pourrie sur son allure, ses bouderies, sur sa coupe de cheveux et même parfois sur son parfum. Bref, tout ce que je peux trouver qui la ferait se tourner vers moi pour me lancer un « Bon sang, Doc ! Ce que tu peux être gamin* parfois ! » (ouais, je ne comprends pas le français mais j'avoue que j'adore l'entendre prononcer le mot « gamin* » comme elle le fait toujours). Mia est prof dans une école où ils parlent tous cette langue et j'apprécie qu'elle m'en octroie un petit échantillon. Ces quelques mots particuliers bourdonnent à mon oreille toute la journée. Je ne lui avoue pas mais, j'aime vraiment l'entendre parler cette langue. Autant que ses petits jeans moulants. Autant que son mauvais caractère.

PS : J'admets être probablement gagné par le syndrome du « Je veux me faire ma prof », phénomène courant chez la plupart des mecs, résurgence de l'adolescence, sans doute.

· 7 h 06 : Réclamation de Mister M. dès que la porte se claque sur Mia. Je le console, je fais lui des grimaces et quelques gratouilles mais il n'y a que lorsque je dégaine ma voix et quand j'y pense, ma guitare, qu'il se calme et s'endort dans mes bras pour effectuer sa première sieste de la journée. Je suis donc passé maitre en comptines nullardes mais bien efficaces, pour le coup.

· 7 h 35 : Je me transforme en fée du logis, le plumeau à la main et le torchon sur l'épaule. Je nettoie tout, du sol au plafond, gagné par un besoin de tout aseptiser, de tout récurer pour que l'univers de Mister M. soit le plus propre possible. J'admets aussi que le fait de voir Mia arriver, balayer ses grands yeux bleus partout comme si elle rentrait dans un palais inconnu me rend toujours rudement fier, aussi fier qu'un gamin que la maitresse félicite en lui disant que son dessin est joli.

P.S : Nouvelle poussée de mon syndrome de « je veux me faire ma prof ». Putain, je me giflerais si j'en avais le pouvoir...

· 8 h 35 : Préparation au réveil de Mister M. Réchauffer le biberon de lait maternel, disposer au sol le tapis d'éveil en évitant, si possible, d'actionner cette putain de comptine qui vous donne des envies de meurtre sur le boitier. Préparer la table à langer, la température du bain, les couches, les lingettes, le body et les vêtements propres. Si pendant un moment, Mia me demandait de mettre à Mister M. telle ou telle tenue bien précise, aujourd'hui, elle me laisse carte blanche. Je ne sais pas si je prends goût à jouer à la poupée mais j'adore mettre au bébé des trucs bien cool : des baskets, des chaussettes rigolotes, des petits baggys, des casquettes. (Celle des Giant's, c'est sa préférée, sûr !)

My sweet baby-sitter/ Sortie prévue sur Amazon en juillet 2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant