Lyly souffla au moment où le taxi se garait devant la grille de la maison 549. Pas de bonheur pour être enfin arrivée à destination, malgré le bruit incessant du capot qui claquait à chaque fois que l'habitacle loupait un nid de poule, mais de lassitude. Le voyage avait été si court qu'elle se demandait si elle avait eu le temps de se remémorer quelques bons vieux souvenirs, afin de se ménager l'esprit. Elle en était encore à se demander si elle avait emprunté le bon chemin, puisque le petit sentier de ses souvenirs avait laissé place à un bitume plus ou moins assez réussi. Pourtant, la route n'avait jamais été aussi rapide, pas même quand elle avait été excitée de revenir à Bellelieue après une année d'enfer loin de ses parents. Elle jeta un œil suspect aux fers forgés qui montaient le portail à travers la vitre, comme si il s'était agi d'une maison hantée.
Presque à contrecœur, elle remît les dernières pièces qui figuraient dans son porte-monnaie et descendît du véhicule. Le taxi s'éloigna de suite, et avec lui, l'enseigne lumineuse qui ne cessait de tourner en boucle « Joyeuse fête des mères ». C'était décidément un jour sang. Figée devant la demeure, elle hésita encore entre retourner chez elle - en ignorant complètement le message qu'elle avait pourtant lu deux jours plus tôt - et entrer pour affronter ses vieux démons. À bien y penser, elle n'avait sûrement pas le choix. Et puis, à ce rythme, elle finirait par en avoir pour quatre années d'absence. Mieux, elle préférait éviter des encartages du lendemain.Lyly pénétra silencieusement dans la maison, la brise fraîche du soir l'accueillant en ébouriffant ses cheveux couleur miel si bien disciplinés. Elle traversa la petite allée qui traçait un mince sillon dans le vaste jardin et reconnût immédiatement la balançoire qui avait si tant bordée son enfance. En jetant un coup d'œil, elle pouvait à la lueur des lampes, constater que le gazon avait été fraîchement tondu, répandant un parfum humide dans l'air. Dans le garage, un vieux petit cabriolet était sagement garé, effacé par l'imposante présence d'une Porsche noire à la brillante carrosserie. Il semblait sorti tout droit de chez le concessionnaire.
Lyly sourît. Elle savait sa mère secrètement amoureuse de luxueuses voitures, et cela ne l'entonnait nullement qu'elle décidât de s'en offrir une. Le nez en l'air, une delicieuse odeur de tartes aux fraises retourna les idées de la jeune femme, faisant remonter un flot de souvenirs dans son esprit. Finalement, ce n'était pas une si mauvaise idée de revenir chez soi.
Ce fût presque en sautillant qu'elle atterrit sur le perron, ses deux sacs sur le bras: l'un contenant quelques effets personnels et l'autre destiné à son matériel de tous les jours.Des éclats de rire lui parvinrent depuis l'intérieur, la faisant de nouveau hésiter. L'ambiance était peut-être à la fête, et peut être aussi qu'elle trouverait du réconfort ce soir.
Poussée par un doux espoir, elle appuya longuement sur la sonnerie, et attendit le cœur battant. Sa chemise carrelée à manches longues qu'elle avait saisi à la volée ne la protégeait presque plus du froid mordant de l'appréhension qui s'était emparée de son corps impatient.La porte s'ouvrît lentement.
- Lyly?
- Bonsoir, maman, répondit-elle, un faible sourire aux lèvres. Joyeuse fête des mères.
Un verre de vin à la main, une femme deux fois et demie plus âgée que Lyly, tenait la porte, un air figé sur le visage. L'hésitation se lisait dans ses yeux marron et l'indécision de sa main à ouvrir plus grandement la porte était plus que visible. Elle parût prendre quelques secondes à comprendre la situation. Lyly manqua de pouffer d'un rire jaune. Elle avait débarqué bien tard, elle savait, et cela lui rappelait les incartades de sa plus tendre jeunesse. Mais le faible sourire de sa mère qui peinait à relever ses pommettes d'habitude si joyeuses, lui témoignait à quel point elle avait cessé d'espérer, même après lui avoir envoyé moult messages. C'était pathétique de sa part.
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Beau-père et plus, si affinités...
RomanceAccepter Tom Delarue comme beau-père? Jamais! Pour Lyly, la réponse était assez évidente, alors qu'elle tombe nez à nez pour la première fois avec le nouveau petit ami de sa mère lors de son dîner d'anniversaire. Pour la jeune infirmière, le deuil d...