Un cri effrayant fusa de la cuisine de l'appartement sens dessus, dessous. Loin d'être concentrée, Lyly venait de manquer de près de gagner un arrêt de travail pendant quelques jours. Ce ne serait pas de refus pour elle, vu la tension qui s'était accumulée ces derniers jours. Cependant, trainer dans son appartement vide de toute présence humaine et animale avec un doigt en moins était loin d'être préférable. Le couteau qui venait de manquer sa cible de suite fût posé délicatement sur la planche à couper. Lyly le gratifia d'un regard fatigué, avant de se tourner pour activer le robinet. L'eau froide coula sur l'entaille qui martyrisait le doigt de la propriétaire et elle grimaça de douleur. Elle remercia intérieurement la force invisible qui venait de sauver son index d'un important saignement, si l'ustensile avait, ne serait-ce que traversé son derme pour atteindre les vaisseaux en dessous.Refermant le robinet, elle s'éssuya vivement les mains, le regard tourné vers l'extérieur. Le soir était vite arrivé et sa journée chaotique s'achevait sur une note positive. La douleur de son index rouge lui rappela combien elle avait la tête à l'air. Et la salade qu'elle avait prévue de se faire venait d'être considérablement ralentie. Quelle tête de linotte!, pensa-t-elle. Se rendant dans la salle de bain, elle se saisît de sa trousse d'urgence et se fît un bandage de fortune pour calmer sa douleur. Revenant en cuisine, elle se remît au travail, coupant la première rondelle de carotte, que la sonnerie ébranla les murs de son appartement. Furieuse d'être dérangée dans son intimitée, ce fût avec déception qu'elle abandonna de nouveau le couteau pour aller ouvrir:
- Maman?
La même surprise qui s'était fait lire sur le visage de la matriarche quelaues jours plutôt lorsque ce fût la plus jeune qui s'était retrouvée sur le perron de la maison se peignît sur son visage. Lyly était bien plus que surprise. Pour avoir longtemps ignoré les appels de sa mère, cette dernière ne devait-elle pas s'être rendue compte que sa présence lui aurait pu être des plus nocives? Elle soupira de dégoût en regardant Daisy essayer d'esquisser un sourire sur se lèvres peu charnues.
- Bonsoir, Lyly.
La jeune femme ferma momentanément les paupières espérant faire un pénible cauchemar duquel elle essayerait de s'échapper. Mais quand elle eût rouvert les paupières, Daisy était toujours là, dans son ensemble tailleur jaune canari mettant en valeur sa carnation et le blond si brillant de ses cheveux. Vu comment elle était habillée, Lyly se doutait qu'elle fût venue pour une visite de courtoisie. Cependant, elle venait de subir les railleries de Tom Delarue. Elle n'était pas non plus prête à l'entendre défendre son amant arrogant.
- Qu'est-ce qui ne va pas?
La plus vielle haussa un sourcil d'étonnement ne se départissant nullement de son sourire enjoliveur qui coloriait ses joues d'un rose adorable. Elle rétorqua:
- Quel accueil, jeune fille!
Daisy considéra un instant sa fille vêtue d'un simple pyjama et souffla. Elle n'ignorait pas la tension qui existait entre sa pogéniture et elle. Mais elle n'allait pas pour autant laisser la jeune femme que sa fille était devenue grâce à elle prendre ses aises aussi facilement.
- Il faut qu'on parle, ajouta-t-elle d'une voix épuisée néanmoins sérieuse.
- De quoi veux-tu discuter?
- Tu vas me laisser sur le pas de ta porte?
Lyly roula des yeux. Elle devinait aisément comment Tom aurait pu contacter son amante, pour lui raconter à quelle point son éducation était des plus dégradées. Puis, à contrecoeur, la jeune femme disparût du seuil pour laisser entrer sa génitrice qui ne se gêna pas non plus, pour refermer derrière elle. Daisy s'avanca dans le séjour, posant son sac sur l'accoudoir d'un canapé. Debout, les bras croisés, elle mît du temps à réaliser les progrès de sa fille. Elle devait néanmoins s'avouer qu'elle en était à sa deuxième visite depuis que sa fille avait enménagé loin de son chez-elle. Mais elle remarquait avec peu de surprise que sa fille était toujours aussi peu férue de mode et de goût. Mis à part le pot de fleurs et les rideaux qui avaient été troqués depuis sa dernière venue, rien n'avait changé. La pièce était demeurée toujours aussi vide et aucun tableau de renommée ne s'était fait une place sur ces grands murs fades. Avec regret, Daisy se résolût à accepter la vie de none que menait sa fille, tout en soulignant pour sa propre gouverne qu'elle aurait pu lui offrir le « Nu couché » d'Amedeo MODIGLIANI qui figurait dans son propre salon, afin de lui éviter d'éventuels ennuis au cas où des hommes passionnés d'art aurait pu trouver grâce à ses yeux.
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Beau-père et plus, si affinités...
RomanceAccepter Tom Delarue comme beau-père? Jamais! Pour Lyly, la réponse était assez évidente, alors qu'elle tombe nez à nez pour la première fois avec le nouveau petit ami de sa mère lors de son dîner d'anniversaire. Pour la jeune infirmière, le deuil d...