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Les vibrations incessantes du téléphone de Lyly la tirèrent d'un profond sommeil. Encore enveloppée dans les bras de Morphée, ce fût avec difficulté qu'elle fît émerger un bras du dessous de sa couette si douillette. Ses doigts tâtonnèrent longtemps à l'aveugle avant de se saisir du gadget qui manqua d'atterrir sur le sol carrelé recouvert d'une moquette veloutée, poussé par les ondes qu'il transmettait sans interruption à la commode de nuit. Lyly hésita longtemps dans la suite des événements.
Elle peina particulièrement à faire un choix entre décrocher les appels incessants de sa mère et jeter le téléphone à la poubelle. Car, elle le devinait bien qu'il s'agissait de sa mère. Depuis la veille, elle n'avait cessé de l'enivrer d'appels incessants. Et évidemment, elle n'avait pas daigné répondre. Qu'allait-elle lui dire? Sinon, que pouvait-elle insinuer pour justifier son nouveau statut de femme cougar?

             Lyly avait envie de changer son numéro, mais elle n'avait pas l'énergie de remplir les formalités qui allaient suivre. Et puis... même si Daisy l'avait blessée d'une manière ou d'une autre, elle demeurait sa mère. Celle qui lui avait donné la vie. Et c'était bien ce qui la rendait encore plus hostile envers elle. De chaudes larmes émergèrent des recoins de ses yeux, au moment où de douloureux souvenirs affublèrent son esprit.

Elle se rabroua mentalement et se motiva intérieurement pour reprendre du service. Il devrait d'ailleurs faire jour, et les malades n'attendaient pas son humeur maussade. Sa vie avait changé et son passé était derrière elle.
Finalement, elle émergea du dessous des draps fleuris, et consulta son outil de travail. Les messages l'attendaient comme à son habitude, et elle savait pertinemment qu'il n'y avait pas de temps à perdre. La vie était trop courte pour qu'elle s'apitoyât sur son sort.
Cependant, les yeux manquèrent de lui sortir des orbites, lorsque la pulpe de son pouce tapota une énième fois sur l'écran du smartphone, faisant ouvrir un message. Elle prit la peine de lire une première fois, puis à plusieurs reprises le contenu et manqua de jurer cette fois-ci.

Cherchant des yeux un défouloir imaginaire, elle se décida à se lever, et, aussi nue qu'un ver, elle écarta les rideaux, laissant une vive lumière matinale se précipiter dans la pièce. Éblouie par la trop forte lumière, elle n'avait cure que l'on la regardait en tenue d'Eve. Elle était beaucoup trop énervée pour. Même la douce mélodie que diffusaient de petites baffles programmées dans la pièce ne suffirent pas à la calmer. Elle n'y accorda pas plus d'attention et se précipita vers sa garde robe, déterminée à s'habiller pour se rendre sur son lieu de travail. Une seule image s'imposait à son esprit et elle n'avait qu'une envie: rendre la monnaie de sa pièce à celui qui venait de ruiner sa journée. À peine eut-elle touchée deux vêtements que la sonnerie retentît. Poussant un long soupir, elle abandonna le dernier cintre qu'elle tenait et se précipita pour ouvrir. Elle attacha maladroitement la ceinture d'un peignoir saisi à la volée autour de sa taille et se présenta à la porte, les yeux lançant des éclairs. Immédiatement, une sensation de satisfaction mêlée à un profond mépris s'emprît d'elle. L'objet de son malheur se tenait sous ses yeux: Gaston!

- Qu'est-ce que tu veux?, attaqua-t-elle la première.

- T'expliquer, Lyly.

La jeune femme le toisa de toute sa hauteur et poussa un petit ricanement en guise de rire. Il n'avait nullement une allure de clown évidemment, pour qu'elle lui offrît pareil accueil. Gaston avait toujours été le genre d'homme beau et sportif, possédant son propre charme et sa propre aura, dont toute femme sensée se serait entichée volontiers. Si elle n'avait pas été si remontée contre lui, elle aurait volontiers accepté un rencard avec lui, exactement comme son regard brûlant l'avait toujours suggéré. Implicitement. Mais... Gaston n'était pas son genre. C'était assez net ... non? Lyly ajouta:

- Il n'y a rien à dire, « patron ».

- Lyly, attends, contra-t-il en empêchant la jeune femme de lui claquer la porte au nez. Je sais que c'est un peu bizarre...

Beau-père et plus, si affinités...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant