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Il sonnait désormais vingt heures. Le réveil à affichage numérique, posé sur la table de nuit de la chambre à coucher, clignotait sans cesse en émettant les lueurs rougeâtres dans la pièce que d'épais rideaux sombres plongeaient dans le noir. Dehors, la pluie avait très vite cessé et les nuages noirs chassés, laissèrent place à une fraîcheur mordillante. Lyly s'extirpa de la salle de bain, une serviette nouée à la poitrine. Son corps fumant encore de l'eau chaude qu'elle avait laissé ruisseler sur son corps, elle s'avança et s'essuya les pieds sur son tapis.
Elle jeta un regard vide au ciel vide et sans étoile, et se félicita d'avoir pu dégoter un appartement aussi bien situé. De sa chambre, elle pouvait admirer la ville toute entière, et de loin, Mercy Hospital. Elle pouvait contempler les lumières blanche et jaune de l'enseigne qui brillaient au loin parmi la multitude de lumières qui donnait un effet sacré à la ville. Les gyrophares hurlaient au loin, tandis que les routes illuminées des phares des véhicules formaient une sorte d'étoile qui tournait autour d'un seul centre: le square Hills.

La vue était époustouflante, elle le savait. Et bon nombre des quelques amants passagers à qui elle avait eu la bonté d'ouvrir les portes de sa couche s'en étaient extasiés. Mais maintenant qu'elle vivait seule, elle en mesurait l'entière beauté. Lyly alla se poster près de la porte vitrée, un muguet de café chaud entre les mains, écartant un pan du rideau. Elle craignait d'accéder au vaste balcon, de peur que le vent ne l'emporte dans les méandres de la mort. Elle préférait rester dans son petit nid de chaleur, à peine couverte d'une chemise blanche qu'elle n'avait pu boutonner. La lumière était éteinte, laissant l'appartement aux mains de la ville qui se chargea d'y créer un véritable spectacle. Les néons lumineux plongeaient la petite pièce dans un doux halo tamisé et la chaleur qui l'enveloppait l'empêchait de mouvoir le moindre orteil, de peur de gâcher son moment d'intimité.

Lyly s'était installé il y avait bientôt deux ans et elle avait dû lutter pour obternir cet appartement qui, -elle l'avait su dès qu'elle l'avait visité-, correspondait à sa vie de solitaire. Très tôt, elle avait été séparée de ses parents pour continuer ses études dans un internat où les visites n'étaient autorisées qu'une fois le semestre. Elle ne prenait le chemin de son chez-elle qu'à la fin de l'année, et parfois, las de passer des vacances dramatiques en compagnie de sa mère, elle s'abstenait de faire ses valises. Dans de telles conditions, elle avait vite appris à devenir autonome, tandis que les liens avec ses parents se dégradaient de jour en jour. Elle n'avait que su maintenir des liens fermés avec son père, qui n'avait jamais eu de cesse de lui envoyer de nombreuses lettres. Sa mère était simplement restée en reste. La situation n'avait pas pu évoluer. Et quand elle avait décidé d'embrasser l'infirmerie, elle avait d'autant plus été choquée que Daisy ne s'y oppose nullement. Son père n'y avait trouvé aucune objection, se contentant de l'y encourager. Mais elle avait été loin de se douter que le pire se tramait sous ses yeux. Ses parents avaient divorcés bien avant qu'elle n'eut décroché son diplôme.

Sa grand mère lui avait expliqué bien avant d'entrer dans le repos éternel, que sa mère m'avait été que l'investigatrice de tout un scénario. Plus rien ne pouvait être sauvé. Après l'inhumation de la matriarche, Lyly s'était empressée de faire ses valises. Josh ne vivait plus avec eux, c'était officiel. Elle n'avait pu supporter une telle situation qu'elle avait appelé un affront, et s'était définitivement éloignée de sa mère. Quoi de mieux? Pis, elle ne regretttait rien, sinon que son père ait autant souffert.

Le revoir quelques heures plus tôt l'avait soulagé quelque peu. Mais elle voyait bien dans ses yeux combien il aimait Daisy et combien il en souffrait. Seulement, sa mère n'avait eu aucun scrupule à l'humilier avec un jeunot qu'elle aurait pu lui présenter comme son gendre. Un sourire lui fendît les lèvres. C'était peu être sa vie, mais elle ne tolèrerait plus qu'elle blesse de nouveau son père. Et c'était la raison pour laquelle elle n'hésiterait plus une seule seconde à l'affronter.

Beau-père et plus, si affinités...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant