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Lyly secoua énergiquement ses boucles de cheveux au gré du vent matinal, cherchant activement à les discipliner. Debout près de la station de bus qui se situait près de son immeuble, elle patientait délicieusement de rage. Consultant son poignet, elle releva les yeux, furieuse et serra la mâchoire pour ne pas hurler de rage. Elle était encore en retard! Enfin... presque! Elle avait encore deux petites minutes avant de se voir définitivement licenciée. Pourtant, ce n'était pas sa faute. Pas cette fois-ci. Surtout pas quand il s'agissait de sa meilleure amie qui se décidait à passer la chercher. Pourtant, elle n'avait pas été d'accord. Cependant, c'était avec une voix autoritaire que Jess lui avait signifié de l'attendre à l'arrêt avant de raccrocher sèchement la veille.

Elle n'avait pas envie de lui poser un lapin. Mais d'un autre côté, s'attirer la foudre de Gaston n'était pas pour lui plaire. Néanmoins, elle avait envie d'avoir des nouvelles de Arthur et pour cela, il lui fallait entrer en contact avec Raquelle, l'infirmière qui avait été de garde la veille. Elle n'avait cessé de pensé au vieil homme toute la nuit après son départ et elle osait croire que tout s'était bien déroulé. Un dernier soupir fît exaucer ses prières.
Avec assurance, une petite Toyota rouge vînt se garer à sa hauteur, avec au volant, Jess qui affichait une mine déconfite.

- Je suis désolée, se precipita-t-elle de dire. La voiture est tombée en panne. Mais j'ai pu la réparer à temps.

Lyly lui jeta un regard lourd de reproches, ignorant royalement le sourire de circonstances.

- J'espère qu'elle pourra au moins me ramener avec mes cartons quand Gaston m'aura viré.

Jess s'autorisa un rire moqueur en voyant son amie ronchonner ainsi. Elle était au courant pour l'avertissement de Gaston, et elle était plus que convaincue que ce dernier aboyait plus qu'il ne semblait mordre. Sans plus attendre, Lyly s'installa du côté passager. Elle attacha sa ceinture de sécurité et Jess démarra de nouveau. Les échos de la radio allumée se répandaient dans le véhicule, brisant le silence dans lequel les deux femmes étaient enfermées. L'orateur invisible, -sûrement un journaliste- insistait sur l'accident de la veille. Elle trouvait bien cela normal, vu que la scène avait pour origine le restaurant du Grill Open. Mais en sachant que ledit journaliste exagérait un peu dans ses propos, elle en conclut que ce n'était que pour la bonne cause. Plus la gravité de cet accident était évidente, plus le restaurant serait sujet de publicité. Bonne ou mauvaise, elle n'en avait cure. Un doux frisson la parcourut alors que la climatisation rafraîchissait son corps bouillant d'ardeur. Elle soupira discrètement, éveillant l'attention de la conductrice qui diminua rapidement le volume de l'audio. Lyly la remercia intérieurement.

- As-tu discuté avec ta mère après le dîner?

Lyly but le regard peu tacite que lui jeta Jess. Cette dernière lui jeta un œil discret avant de reporter son regard sur l'autoroute. Elle donnait l'impression de marcher sur des œufs avec elle. Un bref sourire lui échappa. Évidement, elles n'avaient pas pu terminer la conversation entamée plus tôt. Mais Jess n'avait pas à prendre des pincettes avec elle pour une situation qu'elle même allait bientôt boucler. De toutes les façons, elle était sûre d'une chose: l'amant de sa mère était venu la trouver. Elle ignorait encore par quel moyen, mais elle était certaine de ce qu'il cherchaient sa bénédiction. Et elle en était venue à le leur accorder. Bon gré, mal gré.

- Non, dit-elle. Elle se sent moins seule désormais.

Le regard vert du beau roux se superposa à son esprit et elle se mordît rageusement la lèvre. La veille, où il lui était apparu dans le dos, elle avait d'abord cru à une hallucination. Et cette mine déconfite qu'elle avait pu découvrir avant qu'il ne revête sa dégaine éhontée, avait achevé de la plier face à lui. Sa beauté l'aurait néanmoins crucifié, si son cerveau ne s'était dépêché de lui crier qu'il était déjà pris. Et de surcroît par Mme Daisy Freeds, sa propre mère. Pis, l'ex-femme à son père. Elle n'avait donc pas hésité sur la tactique à aborder: qu'il aille pourrir en enfer!

Beau-père et plus, si affinités...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant