Le grenier

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          Contrairement aux greniers habituels, on accédait à celui-ci par de vieux escaliers de pierre en colimaçon aux marches bossues pleines de trous qui assurent certainement une chute à celui qui ne regarde pas où il met les pieds.

          Leo avait presque l'impression d'être dans un donjon, avec ces épais murs sans fenêtres qui n'en finissaient jamais. En effet, lorsque l'inspecteur avait commencé à monter, il était un peu plus de 22h00 ; depuis, sa montre indiquait que trois minutes étaient passées. Or, ce n'était tout simplement pas possible, personne ne met si longtemps à grimper des escaliers. Ils étaient certes raides et les marches hautes, mais quand même.

          Leo n'avait jamais cru au paranormal ou toutes choses surnaturelles, mais il devait bien l'avouer, ce manoir était fort étrange, et apprendre qu'il était hanté ne l'aurait pas plus choqué qu'autre chose.

          Encore ce qui sembla des heures à Leo qui commençait à fatiguer, et une petite porte de bois sombre dessina ses contours au sommet des marches. Cela faisait si longtemps qu'il montait ces escaliers qu'il eu du mal à y croire.

          Arrivé tout en haut, il poussa la porte, qui s'ouvrit encore une fois. Décidemment, personne n'avait pris la peine de verrouiller aucune porte de ce manoir, comme si celui-ci ne renfermait rien de précieux. Leo toussa aussitôt rentré dans la pièce : l'air était tellement chargé de poussière qu'il en devenait presque irrespirable. Bien qu'il se trouvât dans un grenier, ceci le surprit un peu, le reste du manoir étant d'une propreté irréprochable malgré ses nombreuses années d'abandon. Quand il fut habitué à cet air insupportable, il se rendit compte que la température ambiante était bien inférieure à celle des autres étages, et l'atmosphère lugubre du lieu le convainquit qu'il y avait ici quelque chose ou quelqu'un qui ne devrait pas y être. Mais après tout, ce n'était peut-être qu'une impression, car être seul dans ce manoir pendant la nuit ne doit pas être plus rassurant que des montagnes russes...

          Leo augmenta la puissance au maximum de sa lampe torche, enfila ses gants en latex et commença à regarder la pièce sous tous ses angles : vieux parquet délabré, plafond qui tombait en ruine, mobilier datant sûrement des années trente, d'innombrables toiles d'araignées.,... Il examina ensuite les tonnes de bibelots : vases entiers ou fissurés, bijoux sales ayant perdu leur éclat, un mannequin dont la tête manquait, vêtements troués, petits objets sans valeur, bocaux vides, un miroir brisé, outils rouillés, tableaux abîmés et décolorés, un piano à queue recouvert d'un drap blanc, vaisselle de grand-mère parfois cassée, et toutes sortes d'autres biens inutiles. Leo les avait tous inspecter avec minutie dans l'espoir de trouver quelque chose d'intéressant, mais lui-même ne savait pas quoi. Mais, parmi tous cela, un meuble en particulier attisa sa curiosité : il s'agissait d'un coffre sans doute très ancien, fermé de 9 serrures. Pourquoi autant ? Une seule suffit largement ! Leo s'en approcha et essaya de soulever le dessus, mais il était évidemment scellé. C'est alors qu'il remarqua, derrière la malle, une robe de mariée clouée au mur. « Tout cela est bien glauque... », se dit Leo. Il s'avança vers celle-ci et remarqua immédiatement un détail qui n'était pas des moindres ; la robe n'avait pas un seul grain de poussière. Ceci confirma donc son hypothèse : quelqu'un était bien venu ici récemment. L'inspecteur regarda autour de lui comme pour trouver cette fameuse personne. C'est alors qu'il aperçut du coin de l'œil une ombre, puis une silhouette humaine : il n'était pas seul.

Meurtre à BrighthallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant