Convocation

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*Le lendemain*


           Comme tous les matins, Leo s'était levé et était allé au commissariat commencer une nouvelle journée de travail.

          Il était maintenant 10 heures, et encore personne ne l'avait convoqué, lui et son collègue. Visiblement, la petite entrevue qu'ils avaient eue avec la détenue était passée inaperçu malgré la réaction de cette dernière. « Tant mieux », se disait Leo, qui faisait comme si rien ne s'était passé. Quant à Ben, il était un peu plus distant que de coutume avec les autres ; sans doute cet interrogatoire lui avait fait l'effet d'une douche froide.

           Mais, au moment où il pensait être enfin tiré d'affaire, Olivia fit irruption dans la salle, avançant d'un pas rapide entre les bureaux de ses employés, qui se tournèrent vers leur supérieure. Elle regardait droit devant elle en faisant claquer ses escarpins fuchsias sur le carrelage et ne salua personne. Lorsqu'elle passa devant Ben et Leo, elle leur lança, sans même tourner la tête :

           - Vous deux, dans mon bureau.

Elle n'avait pas explicitement dit à qui elle s'adressait, mais les deux inspecteurs se doutèrent bien qu'il s'agissait d'eux. Ils se levèrent sans dire un mot et la suivirent.

           Olivia ferma la porte, prit le temps de se faire un café, et s'assit enfin dans son fauteuil.

           - Pourquoi y être allé sans mon autorisation ?

           - Parce qu'elle va s'échapper, j'en suis sûr, la coupa presque Ben.

           - Non, elle est placée sous haute surveillance, il n'y a rien à craindre de ce côté-là.

           - Peut-être, mais certains criminels parviennent bien à se tirer des prisons les plus sécurisées au monde.

            - Je ne pense pas que nous ayons affaire à quelqu'un de ce type, et cela reste des exceptions.

           - J'ai un mauvais pressentiment.

           - Te baser sur ton instinct ne justifie le franchissement des règles.

           - Je sais bien, mais là, je le sens vraiment mal. Tu sais comment s'est passé l'interrogatoire ?

           - Oui.

           - Je pense qu'elle n'a pas crié pour les raisons évoquées dans le rapport, intervint Leo. C'était sûrement volontaire de sa part. Pour ne pas avoir à répondre à qui que ce soit, elle joue la carte de la folie, c'est évident.

           - Les médecins sont formels : Elle est attein...

           - Si elle est vraiment folle, alors sa place n'est pas ici, mais dans un hôpital psychiatrique.

           - Tu n'es pas docteur à ce que je sache, donc ce n'est pas à toi d'en juger.

           - Certes, mais je suis inspecteur et analyse les faits.

Un court silence plana quelques instants dans la pièce avant d'être interrompu par l'inspecteur aux cheveux roux :

           - J'imagine que tu vas nous sanctionner pour notre infraction au règlement, lâcha Leo qui se lassait de cette conversation qui tournait en rond.

           - Non. Si je suis furieuse contre vous, c'est certes parce que vous m'avez désobéi, mais c'est surtout que je n'ai pas envie de perdre mes meilleurs hommes, car vous risquez gros. Si c'en tenait qu'à moi, je ne vous aurais rien dit, sauf que moi aussi, j'ai des supérieurs, et j'ai beau être responsable de vous, ce n'est pas à moi d'en décider.

           - Alors pourquoi nous avoir convoqués ?

           - Pour vous dire que le procureur veut vous voir, tout de suite.

           - Il est déjà là !? s'étonna Ben.

           - Oui, il vous attend depuis dix minutes.

Meurtre à BrighthallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant