L'inconnu

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          Leo se retourna vivement et espéra voir le visage de l'individu, mais ce dernier était vêtu d'une cape noire dont il avait rabattu le capuchon sur sa tête, plongeant son visage dans l'ombre. Avant que l'inspecteur puisse faire quoi que ce soit, il plaqua la paume de sa main sur la bouche de Leo et le poussa contre le mur du fond avant de demander :

- Que faîtes-vous ici ?

          La voix de l'individu était visiblement celle d'un homme assez jeune, peut-être la trentaine. Leo lui indiqua d'un regard qu'il ne pouvait pas parler. L'intrus enleva alors sa main.

- Alors ?

- J'ai une meilleure question : vous, qu'êtes-vous venu faire dans ce manoir, vêtu à la façon d'un brigand ?

- Vous êtes aussi en noir.

- Je porte simplement un costume noir, contrairement à vous.

- Vous n'avez pas répondu à ma question.

- Et pourquoi vous répondrais-je ? C'est moi qui pose les questions d'habitude.

- Vous travaillez dans la police ?

          Leo s'arrêta quelques secondes. Cet homme était malin, et il ne comptait pas se laisser avoir facilement.

- Et que feriez-vous si c'était le cas ?

- Humm, peu importe. Et du coup, vous ne m'avez pas répondu.

- Non, je suis médecin, mentit Leo.

- Et vous posez des questions à vos patients ?

- Bien sûr, afin de connaître leur mal. N'est-ce pas logique ?

- Si, si... Mais dîtes-moi, que vient faire un docteur à Brighthall ?

- Je passe devant régulièrement, et il y a peu, il m'avait semblé apercevoir des lumières. Je suis allé voir, car ce manoir n'est pas censé être habité.

          Son interlocuteur se tut quelques secondes, semblant comme paniqué. Leo en déduit qu'il venait ici fréquemment, et en secret.

- Et qu'espériez-vous trouver ?

- Un gang de jeunes, ou alors des squatteurs, je ne sais pas, mais certainement pas vous. D'ailleurs, je...

          Leo fut interrompu par la voix de Paul McCartney chantant « Hey Jude, don't make it bad... » s'élevant de l'individu, qui lâcha l'inspecteur pour sortir son téléphone et décrocher.

- Allô ?

- ...

- Oui, tout de suite.

          Puis il raccrocha, s'adressant maintenant à Leo.

- Je dois y aller. Je vous dis... à bientôt ? Je suis sûr que nous nous reverrons plus vite que vous ne le pensez.

          Cet air amusé avec lequel il avait prononcé ces mots déplut à Leo. Personne ne parlait comme ça à un inconnu... à part les psychopathes. L'homme lui tourna le dos, commença à partir.

- Attendez, l'interpella l'inspecteur.

          Aucune réponse de l'individu, qui ne fit qu'accélérer le pas et disparaître dans les escaliers. Leo fit le choix de le suivre, même si ce n'était pas sans risque. Il avait une piste, il ne fallait pas la lâcher, même si cela n'était pas sans danger. Il dévala les marches, atteignant cette fois l'étage inférieur en quelques secondes. Mais aucune trace de l'intrus, il s'était comme volatilisé. Leo se précipita à une fenêtre et attendit, espérant voir l'homme passer, mais il n'en fut rien, il avait vraiment quitté les lieux en quelques secondes... ce qui était totalement impossible. Leo se mit alors à sa recherche dans tout le manoir, se disant qu'il s'était peut-être caché pour le surprendre. Encore une fois, il ne trouva rien. Décidément, c'était la situation la plus étrange à laquelle il n'avait jamais été confronté. Et en effet, il sentait qu'il le reverrait, cet homme, et il n'avait pas tort.

Meurtre à BrighthallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant