Meurtre à Brighthall

Steve, encore lui...

          Le lendemain, Leo revint au commissariat, son lieu de travail. Il avait passé une bien mauvaise nuit. En effet, il n'avait pas trouvé le sommeil à cause de sa soirée quelque peu mouvementée et n'avait pas arrêté de tourner et virer, mais il y pensait sans cesse. C'est donc avec des yeux soulignés de cernes foncées qu'il se présenta au bureau, ce qui ne manqua pas d'attirer l'œil indiscret de Steve.

          - Tiens donc, on dirait que t'as pas fait que dormir, cette nuit, n'est-ce pas Leo ?

          - Me mêlé-je à ta vie privée ? Je ne crois pas. Je te demanderai donc de bien vouloir cesser tes remarques déplacées et de faire de même.

          - Pourquoi j'obéirais à un inspecteur de pacotille ?

          - N'essaie pas de me provoquer, ça ne marchera pas.

          - Oh, désolé, je voulais dire à un inspecteur qui n'en est pas un.

Leo répliqua, après un petit rire :

          - Si je suis un si piètre enquêteur, tu dois être au raz des pâquerettes !

          - Hum, non, c'est à moi d'avoir le dernier mot, je ne me ferai pas abattre par un type comme celui qu'il y a chaque jour en face de moi.

          - Parles-tu de celui que tu vois dans le miroir tous les matins ? Alors oui, je suis bien d'accord avec toi.

          - Non, celui au bureau en face du mi...

          - Enfin, cessons ces enfantillages, nous sommes des adultes responsables et ce...

          - Mais tais-toi, enfin !

          - Très bien, alors laisse-moi juste travailler tranquillement.

Leo rejoignit donc son poste, laissant un Steve furieux au milieu du couloir, gênant la circulation.

           - Hé, Steve ! l'interpella Olivia. Ne reste pas planté là au milieu du passage ! Au travail !

          - Mais...

          - Tu n'as pas à discuter mes ordres, je suis ta supérieure. Et si tu ne veux plus bosser, je vais être obligée de te licencier.

          - Quoi !!? s'indigna Harrinsson.

          - Tu crois vraiment que je te vois pas, tous les jours, à attendre au lieu de faire ton travail ? Encore une erreur ou quoi que ce soit qui me déplaise, et tu seras dehors.

          - Mais tu ne comprends pas, je...

          - Tu as entendu ce que je t'ai dit ?

          - Oui, oui..., répondit-il en se retournant vers son bureau.

           La matinée sembla durer une éternité pour Leo. Il n'arrivait pas à se concentrer sur les affaires en cours et était beaucoup moins efficace que d'habitude, ce qu'Olivia eu vite fait de remarquer. C'était une patronne, et avant tout une femme sympathique qui se souciait toujours du bien-être de ses collègues. Elle savait se faire respecter et imposait le respect, bien qu'elle ne soit pas du tout comme elle pouvait sembler être, stricte et froide. Elle était bien sûr très sérieuse dans son travail, mais savait aussi se montrer beaucoup plus amicale quand on la connaissait. Olivia vint donc voir Leo au moment de la pause méridienne.

          - Tu m'as l'air pensif, dit-elle en s'approchant du bureau de Leo.

          - Oui, un peu... Il y a quelque chose qui me préoccupe beaucoup, et je n'arrive pas à m'en détacher.

          - Ça concerne une enquête, c'est ça ? Je te connais.

En effet, on ne pouvait rien lui cacher, et cela avait tendance à frustrer Leo, qui n'aimait pas tellement parler de lui de façon ouverte.

           - Effectivement..., finit-il par répondre.

          - Quel est son nom ?

          - Elle est classée, ne t'en occupe pas.

          - Si tu as une piste, je peux toujours la rouvrir.

          - Je n'ai pas très envie qu'elle soit remise à la lumière tant qu'elle n'est pas résolue.

          - Tu es en train de me dire que tu travailles secrètement dessus ?

          - Oui...

          - Tu es libre ce soir ?

          - Je n'ai rien de prévu.

          - Ok, je t'invite au bar d'en face, nous en discuterons autour d'un verre. T'es d'accord ?

Leo hésita d'abord quelques secondes puis valida sa proposition :

          - Si tu veux.

          - Très bien, je te laisse, on se retrouve ce soir.