Hannah (1)

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Bonjour les wattpadiennes (je ne suis pas sûre qu'il y ait beaucoup de wattpadiens). Voici un nouveau OS. Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire ces derniers mois (beaucoup de boulot). D'ailleurs, désolée de ne pas pouvoir prendre le temps de répondre individuellement à vos gentils messages. Peut être qu'avec l'été qui arrive, j'y arriverai !  BREF, aujourd'hui - miracle ! - convergence d'un peu de temps et de motivation à écrire (malgré la chaleur). Du coup, c'est un OS très TRES court au menu. 



Hannah gardait les yeux fermés pour mieux retenir les larmes qui menaçaient de couler. Elle essayait tant bien que mal de focaliser son esprit sur les sensations que lui procurait l'eau chaude qui enveloppait son corps meurtri et ainsi mieux refouler les images qui la hantaient. Celles de l'expédition du jour. De ce carnage. Pour la première fois depuis des années, le pourcentage de perte avait flirté avec les 70%. La faute à une météo exécrable qui leur avait ôté toute visibilité et rendu impossible le recours aux fumigènes. Parmi tous les chefs d'escouade, Hannah fût celle qui dénombra le plus de pertes : en une fraction de seconde, elle avait vu disparaître sous ses yeux la totalité de son escouade. 

Non, pensa-t-elle soudain, un pincement au cœur. Non, ils n'étaient pas tous morts. Ce jour-là, sur son ordre, un de ses soldats n'avait pas pris part à l'expédition, à cause d'une blessure qu'il s'était faite la veille lors de l'entraînement. Il avait contesté, grogné, lui avait tenu tête devant le reste de l'escouade. "Ce n'est qu'une putain d'entorse de cheville", avait-il insisté à tel point qu'Hannah était sortie de ses gonds. Elle s'entendait encore lui répondre. 

"Soldat, discutez encore une seule fois mes ordres et je vous promets que c'est la mise à pied qui vous attend. Et puisque vous avez l'air si à cheval sur la propreté, ça ne vous dérangera pas de récurer les chiottes du QG pour le mois à venir, pas vrai ?

Le petit militaire avait ouvert la bouche pour rétorquer mais eut finalement assez de présence d'esprit pour se retenir. Il avait dépassé les bornes et il le savait. Il s'était simplement contenté de quitter la salle de briefing en claquant la porte. 

Malgré son caractère farouche, discuter les ordres ne lui ressemblait pas. Pas plus que cela ne ressemblait à Hannah de se laisser submerger par une telle colère. Au fond, elle savait bien pourquoi le militaire tenait temps à prendre part à l'expédition : il se sentait responsable de la vie et de la survie de ses coéquipiers. Et il s'en sentait d'autant plus responsable qu'il possédait des aptitudes hors du commun. Il avait eu peur pour eux -  pour elle aussi, peut être ? - et il avait eu bien raison, au fond, songea Hannah en s'enfonçant un peu plus dans le bain qu'Hanji lui avait fait couler. Quand on voyait le résultat. 

A leur retour d'expédition, le militaire était venu rejoindre le Bataillon dans la cour. De loin, Hannah avait juste croisé son regard qui s'était un peu plus assombri après avoir détaillé la tenue maculée de sang de sa cheffe d'escouade. Et pour confirmer ce que le jeune homme avait déjà compris, elle se contenta d'un "non" de la tête. 

Non. Il n'y avait aucun survivant. 

Honteuse, elle avait aussitôt détourné le regard et s'était réfugiée dans l'écurie. Pour le reste de la journée, elle avait tout fait pour ne pas le croiser. Ni lui, ni personne d'autre d'ailleurs. Ce soir encore, elle se sentait débordée par la culpabilité. Celle de ne pas avoir pu, su, protéger son escouade. Jamais elle ne s'était sentie aussi impuissante. Aussi minable. Et elle ne pouvait s'empêcher de se demander : et si lui avait eu raison sur toute la ligne, depuis le départ ? Si il avait été là ? Sans nul doute qu'il aurait été en mesure de sauver ses coéquipiers. Au moins quelques uns. Pourtant, pour rien au monde elle n'aurait pris le risque de mettre la vie de cet homme en danger, même à cause d'une simple entorse. Ce soir, elle n'arrivait même plus à savoir si elle avait fait le bon choix en l'assignant au QG. Si sa décision avait été prise de manière objective ou sous le coup de l'attachement qu'elle ressentait pour lui ? Et pouvait-elle encore assumer le rôle de cheffe d'escouade après un tel massacre ? En avait-elle le droit ? En avait-elle envie ? 

// ONE SHOT // Où les histoires vivent. Découvrez maintenant