- Birthnight (2) -

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Pour la première fois de ma vie, j'en chiais à soutenir ce regard azuré et décidai de détourner la tête à nouveau. Lâche que j'étais ! Mon peu de courage se faisait déjà la malle. Un silence s'installa que ni le capitaine ni moi ne semblaient vouloir briser. 

- Il y a des étoiles filantes en hiver, tu crois ? , cédai-je finalement. 

- Ce que je crois c'est que t'es pas venue là pour parler astrophysique. Pourquoi t'es là, gamine ? 

- Ca a donné quoi ton entrevue avec le général ? 

- "Vous êtes la fierté de notre nation et de nos armées. Nous ne vous laisserons pas tomber", grommela-t-il. Ce genre de foutaises. 

Il était évident que la nouvelle situation de Levi lui fermait dorénavant de nombreux postes au sein de l'armée. Etre soldat borgne sur quatre roues, ça n'avait rien de sexy pour les gradés. Et à vrai dire, je ne savais même pas si Levi lui-même comptait rester dans l'armée. 

- Et concrètement, qu'est-ce qu'ils te proposent ? 

- Un poste aux renseignements, lâcha-t-il sans plus de cérémonie. 

Je sentis ma salive bifurquer dans le trou du dimanche et tentai de réprimer la toux qui s'ensuivit. 

- Un poste aux renseignements, répétai-je sans parvenir à masquer mon trouble. 

- Hmm, se contenta-t-il de répondre sans plus d'explication, me laissant toute à mon supplice. 

Peut-être que si j'avais osé l'affronter en face, à cet instant précis, j'aurai pu voir le léger sourire moqueur qui relevait le coin de ses lèvres. Mais comme je devenais de plus en plus lâche à chaque minute qui s'écoulait, je ne le remarquai pas. 

- Cool ! , m'exclamai-je platement avant de bredouiller. Euh ... enfin, je veux dire ... c'est une bonne chose, quoi ... enfin, j'imagine ... 

Un nouveau silence s'installa. Un poste aux renseignements ne pouvait dire qu'une chose : 

- Du coup ... tu vas quitter ce trou paumé et monter à la capitale, j'imagine ? 

Soit à 350 km de là. Loin. Beaucoup trop loin. 

Je fus tellement absorbée à convertir cette distance en temps de trajet et à tenter de me rappeler quelle ligne de train partait de Trost pour la capitale, que je faillis ne pas entendre Levi.

Je ne sais plus si le train est omnibus ...  

- J'ai refusé. 

... ou si il y a des lignes directes, auquel cas ... Attends ! 

- QUOI ?! , m'exclamai-je en me tournant si vivement vers lui que je faillis en tomber de l'accoudoir. 

- J'ai refusé. 

- Mais ... , fis-je sans autre répartie plus intelligente. 

J'étais bien trop médusée. 

- Tu me vois vraiment bosser avec ces têtes de con de la capitale ? J'ai demandé un poste en tant qu'instructeur. 

- Oh ... 

- Ici, précisa-t-il. 

- Oh ... , répétai-je encore, stupidement. 

Je n'avais même plus la lucidité de m'apitoyer sur mon ridicule. Et pourtant, ridicule, je devais l'être en ce moment. Et sacrément même ! 

- C'est rare d'arriver à te couper le sifflet, remarqua Levi dans un petit rire discret qui me retourna les tripes (et qui n'arrangerait rien à mon état cognitif). 

// ONE SHOT // Où les histoires vivent. Découvrez maintenant