- Red Light -

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Je préviens que le langage sera parfois un peu cru dans cet OS ... j'dis ça ... j'dis rien ... 

Bonne lecture ! 






Vendredi soir

Lui

Vendredi. Le jour de la permission arrivait. Livaï sentait poindre en lui une impatience qui ne lui ressemblait guère et décida de ne pas s'attarder sur ce que pouvait signifier cet empressement inhabituel. Quoi que ... Pas si "inhabituel" que ça, à vrai dire : ça faisait déjà presque un an que ce petit manège durait. Et force lui était de constater que plus les mois défilaient, plus il lui tardait de la retrouver. Elle était son jardin secret, ce qu'il cachait aux yeux de tous, y compris d'Erwin. Ici, au Bataillon, personne ne connaissait son existence et tous ignorait où Livaï passait chacune de ses permissions. 

Le Caporal se rappelait de leur première rencontre comme si c'était hier, de ce jour de repos fade et pluvieux qui l'avait pourtant conduit à la rencontrer elle. C'était un lundi après-midi, dans une petite rue de Trost, près de la rivière. Livaï s'était laissé conduire jusque ici après avoir entendu quelques rumeurs au sujet d'un salon de thé à la devanture modeste mais aux produits d'une rare finesse. Cet après-midi là, il s'était installé à une petite table en retrait, près de la fenêtre, et avait observé la rivière s'écouler sereinement en attendant la tasse de thé noir qu'il avait commandé. Le salon était presque désert, à l'exception d'un groupe de femmes dont les robes encombrantes trahissaient le statut social et, à l'opposé de la pièce, d'une femme attablée seule. Livaï l'avait détaillé avec curiosité. Un livre était posé devant elle qu'elle parcourait du bout des doigts, les yeux fermés et le nez froncé par la concentration. Son port de tête et son visage - encadré par une longue chevelure brune -  dégageaient une délicatesse et une grâce naturelles. Elle était vêtue d'une robe verte au corsage discret, par dessus lequel elle avait rabattu un châle noir brodé. Elle devait avoir vingt-cinq ans, vingt-huit tout au plus. Livaï n'avait pu s'empêcher de soupirer en songeant à la dernière expédition du Bataillon, aux sacrifices que celle-ci avait encore coûté pour que des civils comme cette gamine puisse lire sans être inquiétée de se faire bouffer par une horde de titans. 

La pluie avait finalement redoublé et le caporal avait goûté son thé noir en regardant les gouttes s'échouer sur la vitre. Laissant son esprit vagabonder au gré de ses pensées, le soldat n'avait pas entendu la jeune femme s'approcher. Il avait donc été surpris quand elle s'était laissée tomber sur le siège devant lui. 

- Quel temps ! , avait-elle lancé en se fendant d'un sourire. 

Livaï n'avait rien répondu. Il s'était contenté de la dévisager à nouveau, elle qui veillait à garder ses yeux résolument clos. 

- Une averse pareille en plein mois de mai, ça ne devrait pas être permis, avait-elle plaisanté.

- Vous êtes vraiment là pour parler de la pluie et du beau temps ? , avait-il tranché. 

Le sourire de la gamine s'était élargie. Lumineux. 

- Non, je suis venue parce que j'ai entendu ces mégères, là-bas, dire qu'il y avait ici le célèbre Caporal-Chef du Bataillon. Il y en a même une qui a fait l'éloge de votre joli minois. 

Livaï était resté sans voix devant sa franchise et son audace. 

- C'est mon jour de repos, avait-il finalement bougonné, espérant retrouver son calme fissa. 

// ONE SHOT // Où les histoires vivent. Découvrez maintenant