Un homme dangereux (en réécriture)

Chapitre 9 - Taupe

Aaron

— Est-ce que c'est vrai ce qu'il a dit sur toi Aaron ? me demande-t-elle, de l'espoir sur le visage.

— De quoi tu parles Vic ?

— De ce que Manchini a dit sur le fait que tu étais tombé amoureux de moi, dit-elle presque dans un murmure. Il a dit que tu ne restais jamais chez tes conquêtes pour dormir, que tu avais envoyé un homme me surveiller. Il a parlé de ses sources qui lui ont dit que tu n'avais pas dormi pendant des jours.

Oh. Merde. Elle attend une réponse et tout ce que je suis capable de faire c'est la regarder. Parce que, qui ne tomberai pas amoureux de cette femme ? J'ai tout fait pour l'oublier mais elle est restée dans ma tête. Ancrée dans mon esprit tous les jours ; et chaque nuit elle me revenait en songes, j'avais enfin le droit de la toucher, de la prendre dans mes bras, de discuter avec elle. Mais je ne peux me permettre de lui avouer. Pas maintenant, pas alors qu'un danger plane au-dessus de sa tête. Parce que si elle a vécu sa vie pendant les derniers mois, et qu'elle pense avoir des sentiments pour moi maintenant que je l'ai sorti d'un bourbier sans nom. Je n'y survivrais pas. Je dois me protéger quitte à la faire souffrir.

— Ses sources ? demandais-je.

— Quoi ? répond-t-elle, incrédule.

— Tu as dit qu'il avait mentionné des sources qui lui ont confirmé que je n'avais pas dormi pendant des jours. De quelles sources parlait-il Victoria ?

Ses sourcils se froncent et je ne peux m'empêcher d'admirer ses expressions, les petites expressions qu'elle tente de me cacher, celles que je vois toujours après avoir passé une nuit entière à les mémoriser.

— T'es sérieux là ? demande-t-elle.

Je suis désolé mon amour mais je ne peux pas risquer mon coeur.

— Pourquoi je ne le serais pas ? De qui parlait Manchini ? dis-je, m'enfonçant dans les profondeurs de sa colère, avec un ton aussi ferme qu'il est possible d'avoir.

— Qu'est-ce que j'en sais Aaron ? Tout ce que je sais je te l'ai dit.

— Merde, merde, merde.

Je sais qu'elle ne voulait que la vérité sur ce que je ressens pour elle mais maintenant mon cerveau assimile vraiment ce qu'elle vient de dire. Il y a une taupe dans l'organisation. Une putain de taupe. Mais je n'ai pas le moindre indice, chaque personne sur qui j'ai des soupçons est passé au crible par notre analyste technique. Merde. Ça veut dire que c'est quelqu'un de proche de moi.

— Aaron ? Eh, tu m'écoutes !?

Mon visage en face du sien je ne peux masquer la haine que je ressens à la découverte de cette information capitale. Je vois son joli visage se fermer et je sais que j'ai fait une connerie.

— Tu sais quoi ? Va te faire foutre Aaron.

— Victoria...

— Dégage ! hurle-t-elle.

Toute la haine qu'elle ressent envers moi me fait l'effet d'une gifle. Je l'ai blessée. Pourquoi je fais l'étonné ? Je me lève sans trop savoir si je dois vraiment m'en aller ou si je dois rester. Elle est déçue et je crois que c'est pire que sa colère. Mes pas ne sont pas aussi sûrs qu'à l'accoutumée. J'ouvre la porte en luttant de toutes mes forces pour ne pas me retourner et mon regard se pose sur John. Il attend dans le couloir et je sais qu'il a tout entendu. Voilà pourquoi il n'a pas annoncé sa présence. Mais son visage est fermé, un air grave le masque et le mode professionnel s'active instinctivement en moi. Je ferme la porte et lui fait signe de me suivre.

Après être descendus à mon bureau, John a refermé la porte derrière lui et m'a fait part du problème. Il semblerait que notre assaut contre la première clique alliée de Manchini ait été un échec. Ils auraient déserté les lieux avant que l'on arrive. Cela ne fait que confirmer ce que j'ai deviné, avec l'aide de Victoria il y a moins de quelques minutes. Nous avons une taupe. J'informe mon bras droit de cette découverte. Il accuse le coup, après tout, il est aussi proche de notre famille que je le suis. Il est tout naturel pour nous de sentir les prémices de la trahison s'enrouler autour de notre coeur comme un serpent autour de sa proie et de le serrer doucement mais fermement.