Transaction risquée

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Mes yeux traquent la silhouette rousse qui passe la porte de l'une des chambres du motel. Si ça ne tenait qu'à moi, j'attraperai sa gosse, ses affaires et son sale caractère pour leur faire quitter les lieux sur le champ. Au lieu de ça, je me contente d'attendre sagement que la porte claque derrière elle et d'entendre le clic du verrou. Je reste planté quelques minutes devant cette affreuse porte rose, tâchée d'une substance grisâtre dont je ne préfère pas connaître l'origine, afin de m'assurer que la rouquine ne s'octroie pas une petite sortie nocturne derrière notre dos. Le comble serait qu'elle débarque, la queue entre les jambes, en plein milieu de la transaction.

Les yeux fixés sur les trois numéros accolés au bois de la porte, je ris doucement dans ma barbe. 666, le chiffre du diable. Les coïncidences s'accumulent dangereusement. Je secoue la tête, un sourire aux lèvres et quitte mon poste de surveillance pour m'avancer vers la Mustang rouge qui trône en solitaire au beau milieu du parking désert. Perséphone ? C'est vraiment le nom qu'elle a donné à sa bagnole ? Une diablesse aux cheveux de feu, qui traverse le macadam dans un char rutilant orné de flammes. Le cocktail parfait pour vous donner droit à un aller simple pour les enfers. Aux vues des châtiments qu'elle m'a d'ors et déjà infligé, j'imagine assez bien quels genres de supplices elle me ferait subir après avoir rejoint son royaume. Mon regard se pose une nouvelle fois sur le petit lapin à l'arrière.

- Toi aussi tu as dû endurer un paquet de trucs pour finir comme ça, marmonné-je.

- Fini de jouer les pervers, soupire Spider. Changement de programme.

Je relève la tête pour observer le latino avant de délaisser la voiture pour le rejoindre en quelques enjambées. Avant même que je n'ai le temps de demander quoi que ce soit, il me tend son portable. Je l'attrape rapidement et me redresse quand mes yeux se posent sur le message qui s'affiche sur l'écran.

- Il a changé l'heure et l'endroit de la livraison ? Pourquoi ?

Le muet se contente d'hausser les épaules. Il est aussi ignorant que moi concernant cet imprévu. J'examine discrètement son visage et fronce les sourcils. Le biker n'a pas l'air serein. Rares sont les fois où j'ai eu l'occasion d'apercevoir son regard empreint d'incertitude. Les chances pour que cela arrive sont quasi-nulles. Spider est l'homme de la situation. Peu importe les circonstances, il a toujours gardé son sang-froid.

- Dis-moi ce qui te tracasse.

- Ce n'est pas normal.

- Je sais, mais il n'y a pas que ça qui te travaille.

Le tatoué passe une main sur son visage et pose le regard sur la porte 666. Il entrouvre la bouche, prêt à me confier ce qui trotte dans son crâne avant de la refermer et de garder le silence.

- Les deux rousses, conclus-je.

Le biker hoche avec hésitation la tête. Je dois bien avouer que ma surprise est de taille. Spider est de loin la personne la plus solitaire que je connaisse. Même Sweet, qui n'était pas beaucoup plus bavard que lui, s'est finalement ouvert à nous à la suite de l'épisode Sacha Parker. Je n'en reviens d'ailleurs toujours pas qu'il cohabite avec la petite Swan. Si Sweet s'est fait une place de choix dans le cœur du club, Spider reste un mystère pour la majorité des effectifs. Le latino a toujours été un électron libre. Il ne s'attache à personne, ne s'inquiète pour personne et ne vit que pour le crime. Vous ne trouverez pas deux hommes comme lui. C'est de loin la personne la plus difficile à cerner. J'ai moi-même mis des années avant de parvenir à décrypter le bonhomme. Depuis, j'ai le droit à de longs monologues, comprenant une phrase avec sujet, verbe, complément. Une véritable bénédiction ! Autant dire que je suis ce qui se rapproche le plus d'un ami pour lui.

Hell's Sky : Partition amoureuse (#2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant