Chapitre XVI - Course poursuite dans le Manoir Nott

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-Ladies and gentlemen, bienvenus au grand jeu du manoir Nott !

Drago pouffa ce qui lui valut le regard noir de son ami.

-Jeu de grande renommée ! rit Camille.

-Donné depuis plus de deux décennies ! continua Millicent.

-Tu pourrais dire vingt ans aussi, sourit Pansy.

-Ouais mais deux décennies ça fait plus long.

Théo secoua la tête et but une gorgée de Whisky Pur Feu. C'était la tradition dans leur groupe. Le dernier jour des vacances ils se réunissaient tous chez les Nott pour jouer à toutes sortes de jeux, retournant parfois la demeure avec leur course poursuite ou leurs cachettes plus originales les unes que les autres. La mère de Théo était morte à l'accouchement ce qui faisait que son père le méprisait et était la plupart du temps absent. Le jeune homme cachait son désarroi dans l'alcool, même si Drago et Daphné étaient là pour limiter les dégâts. Enfin, plus Daphné que Drago. Ce-dernier n'était pas vraiment un exemple ces derniers temps.

-On fait quoi alors ? demanda Pansy qui s'installait entre les genoux de son petit-ami.

Il se mit à jouer avec une de ses mèches de cheveux d'un air distrait.

-Action ou vérité ?

-Trop classique, Millicent.

-Non non non, j'ai déjà tout prévu, annonça Théo avec un sourire mesquin sur les lèvres.

-J'ai peur.

-T'inquiète Parkinson, tu ne vas pas être déçue.

Il tendit son verre à Daphné pour qu'elle le lui prenne et s'empara de deux objets osés sur une étagère. L'un était un gobelet en argent orné d'émeraudes et de diamants, et l'autre une sorte de statuette en marbre représentant une panthère, l'emblème de la maison Nott.

-Il y aura deux équipes, de trois, vu qu'on est six. Chacun se verra assigné un de ses objets qui constituera son trésor.

-Je veux le gobelet, réclama Drago.

-Pour m'interrompre tu auras la panthère. Je disais donc, il y aura deux équipes et chacun devra cacher son trésor dans n'importe quelle pièce de la maison. L'équipe ennemie devra donc le retrouver. Mais ! (il releva son index), sans se faire attraper.

À l'idée d'une course poursuite, tous se redressèrent, réjouis.

-On fait quoi quand on attrape quelqu'un ?

-On l'emmène en prison, qui sera la bibliothèque. J'ai déjà installé des sabliers pour contrôler le temps de l'emprisonnement. Chaque prisonnier y restera quinze minutes.

-C'est trop long, maugréa Camille.

-Le jeu peut durer des heures chérie, expliqua Daphné.

-Et si personne n'arrive à trouver le trésor de l'autre équipe ? demanda Drago.

Théo haussa les épaules.

-On a toute la journée, j'espère quand même qu'on y arrivera.

-Et si toute l'équipe est en prison ?

-Alors l'autre équipe aura l'avantage pendant un bon quart d'heures.

-Je sens qu'on va bien s'amuser, s'exclama Millicent en tapant des mains de manière puérile.

Pansy leva les yeux au ciel. Son amie manquait parfois de maturité. Après un débat prolongé dans lequel Camille refusait catégoriquement de se retrouver dans la même équipe que Pansy du à une récente dispute et Théo se servait des verres de whisky sous l’œil réprobateur de Daphné, ils parvinrent à se mettre d'accord. Daphné, Drago et Camille constitueraient la première équipe avec la panthère comme trésor, et Pansy, Théo et Millicent la deuxième avec le gobelet. Ils se dirigèrent chacun du côté opposé du Manoir. Pansy et son groupe décidèrent de cacher leur trésor dans la plus haute tour, sous un fauteuil recouvert de poussière afin de pouvoir défendre plus facilement l'entrée. Cinq minutes plus tard, il y eut une petite détonation qui annonça le début du jeu.

-Quelqu'un devrait rester ici, conseilla Théo.

-Je m'en charge, se proposa Millicent. Je surveillerai les escaliers.

-Fais attention de ne pas te faire traîner toi-même jusqu'à la bibliothèque.

-Je prendrai moins le risque en restant ici, assura-t-elle.

-Bien. Pansy ?

-Je viens avec toi. Une fois qu'on saura plus ou moins où il l'ont caché, on se séparera .

Il hocha la tête et partirent donc en expédition. Elle se demanda comment Théo arrivait à vivre seul dans cet endroit sans devenir fou. Il dut lire dans ses pensées car il lâcha un rire faussement joyeux.

-On s'y habitue. Et puis, durant les vacance je passe la majeure partie de mon temps chez Drago ou Camille pour voir son frère Marcus, quoique maintenant plus chez Daphné.

-Tout de même. Ça doit être du au retour.

-J'ai mes méthodes pour que ça ne le soit pas.

Elle comprit alors à quoi il faisait allusion.

-Tous tes problèmes ne se régleront pas en buvant.

-Mais au moins ça me permet de les oublier.

Elle secoua la tête en soupirant. Plus obstiné que cela,  ça n'existait pas.

-Ton père te léguera-t-il au moins son héritage ?

-Il n'aura pas le choix. Je suis le dernier héritier Nott.

-Et s'il dépense tout avant sa mort ?

-Il me restera ce manoir. Et puis, même s'il le voulait, nous avons beaucoup trop de richesses pour ça.

Comme elle aurait voulu dire la même chose. Sa famille maintenait leur style de vie comme si de rien n'était, mais Pansy savait que les dépenses étaient trop grandes par rapport aux revenus. Deux siècles auparavant, ils s'étaient élevés si haut parmi les sang-pur qu'ils s'étaient crus intouchables et avaient préféré l'oisiveté au travail. Ils en payaient maintenant le prix. En voyant la mine dépitée de son amie, Théo lui donna un léger coup d'épaule en souriant tendrement.

-Eh, fais pas cette tête. Je te donnerai un de mes coffres si tu veux.

-Je ne pense pas que ce sera la peine, dit-elle amèrement. Le père de Drago a déjà tout prévu pour moi. Je pense que les coffres Malefoy seront assez nombreux pour satisfaire mes besoins.

Il faillit s'étouffer avec sa propre salive.

-Pardon ?

-Il veut me marier avec son fils.

Un voile de tristesse recouvrit les yeux du Serpentard.

-Ne fais pas attention à lui. Il n'en vaut pas la peine.

-J'ai juste peur que s'il l'annonce à Drago, il se réfracte et veuille mettre fin à notre relation. Le connaissant, il y a de très fortes chances que ça se passe ainsi.

-J'espère quand même que votre amour surpassera sa volonté de désobéir à son père.

-Je ne sais pas. Il est tellement imprévisible.

-Et, Pans'. Regarde-moi.

Elle s'arrêta et se tourna vers lui.

-Je ferais en sorte que ça ne se produise pas. Je parlerai à ton père. Et s'il ignore mes propos, alors j'irai voir Narcissa et je lui exposerai les faits. Elle sera là pour l'empêcher de lui révéler ses intentions.

-Narcissa va mourir, Théo...

-Non ! Drago ne t'as pas dit ? Bon, après tout, je ne l'ai appris qu'hier.

-Quoi ?

-Lucius Malefoy peut peut-être être détestable, mais en attendant, il a trouvé une potion pour retarder la maladie de plusieurs années.

Le visage de Pansy s'illumina aussitôt. Elle sentit même des larmes lui pique les yeux.

-C'est vrai ? fit-elle d'une voix émue.

Théo sourit et l'enserra affectueusement. Il savait que son amie vouait énormément d'admiration pour l'ancienne Black, et cette dernière l'avait toujours traité comme sa seconde fille, chose qui rendait parfois Daphné jalouse.

-Tu vois, lui chuchota-t-il dans l'oreille. Tout finit toujours par s'arranger.

Soudain, des éclats de rire quelques couloirs plus loin les incitèrent à se séparer. Dans un souffle, ils attendirent de savoir de qui il s'agissait. Daphné et Drago. Les deux binômes se regardèrent d'abord surpris, puis un éclat de malice brilla dans leurs yeux.

-Je prend Parkinson ! s'exclama brusquement Drago en se mettant à courir dans sa direction.

Pansy détala alors immédiatement et prit sur la droite sans savoir où cela allait la mener. Les pas du blond se rapprochaient dangereusement d'elle. Elle savait que si elle s'arrêtait pour lui faire face et tenter de l'attraper, c'est elle qui finirait dans la bibliothèque. Alors elle réunit toutes ses forces et courut le plus vite qu'elle put. Elle traversa les longs couloirs sombres de l'étage puis dévala les escaliers pour passer à travers la cuisine et terminer dans le salon. Ses poumons la brûlaient et ses muscles lui faisaient atrocement mal. Elle entendit Drago appeler son nom quelques mètres plus loin. Une solution. Vite.

Les rideaux.

Lorsque le blond entra dans la pièce, il la trouva vide. Pansy, cachée derrière les épais pans de tissu, posa une main devant sa bouche pou réduire au maximum le brui de sa respiration.

-Pansy ? Je sais que tu es là. Montre-toi, Beauté.

Rien. Elle l'entendit soupirer puis ses pas s'éloigner pour s'évanouir dans les couloirs quelques secondes plus tard.
Une idée lui traversa soudain l'esprit en un éclair. Le suivre lui permettrait peut-être de savoir où se trouvait leur cachette. Comme elle l'avait semé, il retournerait certainement à son point de départ.

Silencieusement, elle sortit de sa cachette et s'engagea dans le couloir où elle entendait les bruits de pas. En passa sa^tête derrière le recoin, elle aperçut sa chevelure blonde tourner à droite. Elle continua sa poursuite sur plusieurs mètres avant de le voir entrer dans ce qui semblait être une des nombreuses chambres d'amis du Manoir Nott. Un magnifique sourire se dessina sur ses lèvres. Eh bien voilà. Ce n'était pas si compliqué au final.

Toujours aussi discrètement, elle s'approcha de la porte et se colla contre le mur, à court d'haleine. Elle avait l'impression qu'on pouvait entendre les battements de son cœur à des kilomètres à la ronde.

-Pansy m'a échappé, entendit-elle Drago parler.

-C'est malin ça. Pour ma part, le trésor est toujours soigneusement caché dans le tiroir.

Elle songea à remercier Camille pour cette information précieuse une fois le jeu terminé.

-Bien. Des nouvelles de Daphné ?

-Elle s'est sûrement faite attrapée. L'endurance c'est pas son truc.

Drago ricana.

-C'est de famille. Astoria non plus ne tient pas longtemps.

Son cœur rata un battement. Que venait faire la petite sœur de sa meilleure amie là-dedans ?

-Drago, tu devrais arrêter d'aller la voir.

-Et pourquoi ? Ce n'est qu'une amie.

-Déjà, elle a un an de moins que toi, et en plus, tu as une petite amie. Tu connais Pansy. Elle va faire une crise si elle sait que tu vas chez les Greengrass plus souvent que chez elle.

Toute couleur s'évanouit de son visage. Elle voulut entrer dans la chambre et hurler une explication mais préféra attendre. Elle apprendrait plus de choses s'ils la pensaient autre part.

-J'en ai assez de ses cris de jalousie. Elle m'étouffe.

-Elle t'aime et elle ne veut pas te perdre. Essaie de la comprendre.

-Je la comprend, crois-moi. Ça fait des années qu'elle est ma meilleure amie.

-Sauf que là elle n'est plus ta meilleure amie ; Elle est ta petite-amie. On dirait que pour toi il n'y a aucune différence.

-Je ne sais juste plus quoi penser. Parfois je me dis que je suis peut-être asexuel ou un truc comme ça.

-Asexuel ? C'est quoi ça ?

-C'est quand tu ne ressens rien ni pour les filles ni pour les garçons.

-Pourquoi ? Tu ne ressens rien pour elle ?

Un silence. Pansy se mordit la lèvre pour éviter de crier. Répond. Répond que si. Répond que tu m'aimes.

-Je ne crois pas.

Son cœur explosa en milles morceaux. Ses jambes flanchèrent sous son poids et elle se laissa glisser contre le mur, les yeux perdus dans le vide. Elle aurait voulu hurler. Lui hurler qu'il lui faisait mal, lui hurler d'arrêter, lui hurler de l'aimer.
Elle aurait voulu le frapper. Réduire ses os en bouillie comme il l'avait fait pour son cœur.
Elle aurait voulu pleurer.
Mais même ça elle n'en avait plus la force.
La suite de la conversation résonnait trop loin pour qu'elle puisse l'entendre. Sans qu'elle ne sache comment, elle arriva à se lever, s'enfermer dans une autre chambre obscure dû aux volets fermés et se recroqueviller sur elle-même pour savourer la douleur s'enfoncer dans son cœur comme une lame glacée.
Voilà. Il avait suffit d'une seule seconde pour voir son monde se détruire.
Toujours pour la même raison.
Toujours à cause de la même personne.
À croire que son existence entière dépendait de lui.

𝓝𝓸𝓼 𝓯𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓸𝓷𝓽 𝓯𝓪̂𝓷𝓮́ [Dransy] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant