Chapitre IX - Déchirure

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Lorsqu'elles revinrent à Poudlard, elles se rendirent compte que leur petit groupe était resté à l'intérieur du château, profitant de la Salle Commune pour eux seuls. Cela n'arrangeait pas forcément Pansy. Elle rangea son livre dans la poche de sa cape qu'elle agrandit d'un sort.

Daphné s'arrêta net au milieu de la salle quand elle vit Théo et Camille rigoler ensemble. Pansy, quant à elle, observa Drago travailler sur ses partitions devant le piano. Blaise l'observait elle avec un regard triste.

-Qu'est-ce que vous faites ? demanda la blonde avec un sourire faux tout en s'avançant devant le sofa où ses amis rigolaient.

-Ça ne se voit pas, Greengrass ? la provoqua Camille en lui lançant un regard de défi.

-J'aimerais savoir si mon interprétation est bonne, Flint.

-Les filles, c'est bon, soupira Théo.

Ce-dernier tapota la place à côté de lui. Camille leva les yeux au ciel et Daphné s'installa, un petit sourire aux lèvres.

Pansy ne sut que faire. Au moment où elle songea s'en aller, une mélodie se mit à flotter tranquillement dans les airs. La même que l'autre jour. Les mêmes notes de mélancolie et de regret. Celle de Chopin, selon Daphné.

Son cœur se fissura douloureusement. L'air était si triste, et sa manière de jouer faisait ressentir plus de tristesse que la musique était censée porter.

-Pansy ?

Elle fut tirée de sa contemplation. Blaise la fixait étrangement, la suppliant silencieusement de s'asseoir à ses côtés, agir comme une petite amie agirait, juste pour un court moment, même si c'était faux. Elle baissa la tête et se plia à sa demande.

Et ce qui lui fit le plus mal fut que Drago s'arrêta net de jouer au moment où elle s'installa sur le canapé.

Il se leva dans un silence froid et sortit, tel un étranger se trouvant au mauvais endroit. Daphné l'avait suivi du regard avec gravité tout le long, ce que Pansy ne comprit pas. Finalement, elle se décida à le suivre, suivie à son tour par Théo, comme si rester séparé d'elle était impensable. Camille, se sentant de trop, s'en alla à son tour.

Pansy et Blaise se retrouvèrent seuls.

C'était mauvais. Très mauvais.

-Pansy, écoute, je... je ne sais pas ce que j'ai fait mais j'aimerais juste savoir... savoir pourquoi.

-Pourquoi quoi ? demanda-t-elle d'un air absent, les yeux fixés sur le mur d'en face.

-Tu sais pourquoi, merde ! explosa-t-il. Tu peux au moins me regarder quand je te parle ?

Elle sursauta mais n'en fit rien. Elle avait trop peur qu'en le regardant, elle y lise la colère, la jalousie voire pire, la haine ou la déception. Il  avait le droit de ressentir tout ça et elle le méritait. Aussi, elle resta dans la même position, retenant ses larmes du mieux possible. De frustration, Blaise sauta sur ses pieds et se mit à faire les cent pas.

Jamais elle ne l'avait vu aussi agité.

-Qu'est-ce qui faut que je fasse, hein ? Comment dois-je te faire comprendre que je t'aime, plus que Drago ne t'aimera jamais ?

-Blaise...

-Peut-être qu'en plus de me laisser me faire défoncer la gueule, je dois sauter d'un pont ? Me sacrifier inutilement au nom de l'amour ?

-Je n'ai pas choisi de l'aimer ! s'exclama-t-elle brusquement.

Les larmes humidifièrent ses joues.

-Et moi non plus je n'ai pas choisi de t'aimer ! Tu es près de moi, tu m'embrasses mais au fond tu es si loin que j'ai l'impression de te torturer !

-Tu... tu... je...

Elle finit par éclater en sanglot et recouvrir son visage de ses mains.

-Dis-moi maintenant que tu ne m'aimes pas pour qu'on en finisse !

Mais elle ne dit rien. Elle ne pouvait pas prononcer ces mots. Ce serait la faire souffrir. Le faire souffrir. Pourquoi souffrir inutilement ?

-Pansy.

Elle secoua la tête, tremblante.

Impossible.

Plus aucun son ne pouvait franchir le bord de ses lèvres.

-Tu fais chier ! hurla-t-il.

Le bruit d'un globe de verre se brisant au sol redoubla ses pleurs. Tout ce qu'elle souhaitait c'était se fondre dans le mur et disparaître pour toujours. Ne plus exister.

-Pourquoi tu ne le dis pas ! Pourquoi c'est si difficile pour toi si tu ne m'aimes pas !

-Tu ne comprends pas !

-Non, je suis trop con !

-Arrête...

Respirer devenait difficile. Ses larmes la noyait.

-Si tu n'arrives même pas à me regarder, alors je me demande comme tu as réussi à m'embrasser pendant tout ce temps.

Et alors qu'elle voulut lui hurler que ce n'était pas ça, qu'il comptait pour elle, que c'était juste parce qu'elle était trop lâche pour lui faire face, il partit.

De sa main, elle étouffa un hurlement. Ses genoux touchèrent le sol. Une douleur la compressait, l'emplissait pour mieux la briser, tout détruire sur son passage. Tout était sa faute, son entière faute, elle le méritait, oui elle le méritait... Elle ne sut combien de temps elle resta agenouillée au sol, ravalant ses cris de douleur jusqu'à entendre une voix familière.

-Pansy ! Pansy, eh, regarde-moi !

-Par Merlin, s'écria une voix féminine.

Des bras puissants l'enlacèrent et l'attirèrent contre son torse. Son odeur l'emplit et, en repensant à lui, elle se sentit plus brisée que jamais.

Drago resserra son emprise autour d'elle, oubliant leur dispute, leurs erreurs, leurs moments de froid. Il sentit sa chemise s'humidifier mais il s'en contrefichait. Pansy n'avait pas pour habitude pleurer, et la voir dans cet état l'affectait beaucoup plus qu'il ne laissait paraître. Daphné, les larmes aux yeux devant un tel spectacle, s'agenouilla à côté de sa meilleure amie et joignit son visage près du sien, sans prendre en compte la proximité avec Drago.

-Et pour Blaise que dalle hein ? s'indigna Camille, debout à côté de Théo. C'est lui qui se prend toute son indifférence dans la gueule mais c'est elle qu'on réconforte !

-La ferme Flint, grogna Drago, avec une Pansy tremblante dans les bras.

-La ferme toi-même Malefoy. Tout ça (elle montra du doigt les éclats de verre jonchant le sol), tout ça c'est ta faute, mais t'es trop égocentrique pour t'en rendre compte !

-C'est bon, arrête, tenta Théo mais Drago réagit au quart de tour.

-Tu sais quoi, tu devrais te mêler de tes affaires. Tu ne sais rien de ce qui se passe, rien du tout.

-Mais ce que je sais me suffit amplement pour avoir ma propre opinion sur ton compte.

Drago s'apprêta à se lever pour lui lancer un quelconque sort douloureux, mais une main douce se posa sur son avant-bras.

-Elle a besoin de toi, laisse faire Camille, lui souffla Daphné.

Il serra Pansy plus fort encore, la berçant légèrement pour calmer ses pleurs. Cette dernière, anéantie par tant d'émotions, s'endormit dans ses bras.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouvait dans son lit. Le soleil de fin d'après-midi l'aveugla, mais après s'y être habituée, elle réussit à se relever avec une grimace irrésistible.

Puis elle observa autour d'elle, stupéfaite.

Des centaines de roses noires couvraient ses draps. Et elle, comme Ophélie mourant dans sa rivière florale, elle s'était endormie avec elles.

𝓝𝓸𝓼 𝓯𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓸𝓷𝓽 𝓯𝓪̂𝓷𝓮́ [Dransy] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant